Extrait :
Le Feldmarschall allemand Friedrich Paulus était-il un mauvais général ? N'avait-il aucune vision stratégique ? Était-il un indécis comme beaucoup de ses contemporains le pensaient ? Une première réponse facile est oui. Il a joué le premier rôle dans le carnage de Stalingrad ; il a trop longtemps hésité à tenter une sortie malgré l'inéluctabilité de la défaite ; il a commandé la plus puissante armée allemande - la 6e armée - qui a été décimée sur les rives de la Volga en 1942-1943 ; il a perdu plus de 250000 hommes dans ce «chaudron» ou en captivité alors que lui, s'étant rendu aux Soviétiques, bénéficia d'un traitement de faveur jusqu'à sa mort en 1957. Pourtant, excepté en mai 1942 lorsqu'il préconise une manoeuvre inadéquate qui ne sera pas exécutée, Paulus montre durant l'entre-deux-guerres et jusqu'en 1943, une réelle intelligence stratégique, un grand sens de l'organisation et de la planification, du talent dans la manoeuvre de ses unités de panzers, du sang-froid et une grande détermination dans le feu de l'action.
Friedrich Wilhelm Ernst Paulus, seul maréchal dans l'histoire militaire allemande à avoir été capturé par l'ennemi, est une personnalité controversée. Associé pour toujours au désastre de Stalingrad, il demeure, encore de nos jours, l'un des généraux de Hitler parmi les plus méconnus, relégué au second plan par l'historiographie occidentale fascinée par les écrits plus spectaculaires d'un von Manstein, d'un Guderian ou d'un Rommel. Il faut dire que le Feldmarschall n'a pas le charisme de ses contemporains.
L'entrée dans le «grand monde» et la Première Guerre mondiale
Né en 1890 en Hesse, Friedrich Paulus est d'origine modeste et, contrairement à beaucoup de futurs officiers, il n'est pas issu du sérail militaire. Son père est fonctionnaire, comptable dans un établissement de travail et de redressement dirigé par son beau-père. La famille Paulus est conservatrice et c'est une servante dévouée à la monarchie.
Paulus obtient son Abituren 1909 mais la perspective de devenir fonctionnaire dans le civil n'enchante guère le jeune bachelier. Il se destine à la carrière des armes. Ambitieux, il souhaite intégrer la marine du Kaiser, gage de prestige. Mais, pour une raison que l'on ignore, il échoue.
Après une année passée à étudier le droit à l'université de Marburg, Paulus entre enfin dans l'armée en février 1910. Il intègre le célèbre 111e régiment d'infanterie badois et devient sous-lieutenant l'année suivante. En 1912, il se marie avec une aristocrate appartenant à la grande noblesse roumaine, Elena Rosetti-Solescu, qu'il a connue grâce aux frères de cette dernière qui font partie de son régiment. Le jeune officier, de «belle prestance» et doté de «brillantes aptitudes intellectuelles», fait ainsi son entrée dans la grande société qui vit ses dernières heures d'insouciance à la veille d'un conflit cataclysmique.
En 1914, lorsqu'éclate la Première Guerre mondiale, Paulus sert comme officier d'état-major du 3e bataillon du 111e régiment badois. De santé fragile, il fréquente plus souvent les bureaux d'états-majors que les tranchées. Par contre, il se distingue par un réel talent d'organisateur et, en 1918, il termine la guerre comme capitaine, récipiendaire de la Croix de fer de première classe.
Présentation de l'éditeur :
En 1942, la 6e armée allemande atteint les faubourgs de Stalingrad où commence une bataille de cinq mois, parmi les plus dures de l'Histoire. L'armée Rouge oppose une résistance tenace aux troupes du Führer, au prix de souffrances extrêmes de part et d'autre. Tout bascule lorsque le maréchal Paulus, face à l'inéluctabilité de la défaite, décide de cesser le combat. Ce revers est un véritable tournant psychologique et militaire, largement exploité par la propagande soviétique. Le IIIe Reich perd sa meilleure armée et doit renoncer à tous ses objectifs stratégiques dans le Caucase. Moins de 10 000 soldats allemands reverront leur pays. Associé pour toujours à ce désastre, et seul maréchal allemand à avoir été capturé par l'ennemi, Friedrich Paulus est une personnalité controversée. Retrouvés et publiés après sa mort, ses carnets constituent une source inégalable sur la conduite de la guerre et sur son action personnelle face aux ordres de Hitler. Ils offrent un point de vue unique sur l'invasion de l'URSS et la terrible bataille de Stalingrad : le regard lucide et factuel d'un des généraux allemands les plus méconnus, reflet exact de sa pensée stratégique et de ses décisions tactiques lors de cet épisode majeur de la Seconde Guerre mondiale.
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