Présentation de l'éditeur :
«Il commença à réfléchir à la manière dont il pourrait tromper son adversaire ainsi que ses messagers. Il se fit apporter, après mûre réflexion, du sang d'un sanglier, puis il le but.»
En mai 1403, l'archevêque Jean de Soltanieh est reçu à la cour de Charles VI, à qui il remet une lettre l'informant de la victoire de Tamerlan, son souverain, sur le puissant sultan Bajazet. Le conquérant propose par ailleurs au roi de France de nouer des alliances commerciales. Cette ambassade, à laquelle Charles VI répondit favorablement, marqua profondément son époque. Le texte, ici traduit pour la première fois en français moderne, éclaire la figure de l'un de ces grands fondateurs d'empire. Grâce à la confiance qu'il a su gagner auprès de celui-ci, l'auteur dresse un portrait circonstancié, précis, aussi rigoureux que possible de Tamerlan, à la fois physique et moral, généalogique, évoquant ses femmes et ses concubines, ses conquêtes et ses victoires, son goût pour le luxe et les objets précieux.
L'auteur
Jean de Soltanieh, dominicain nommé archevêque de Soltanieh, en Perse, le 23 août 1398, puis administrateur de l'archevêché de Kanbaluc (actuel Pékin), fut l'ambassadeur de Tamerlan auprès du roi Charles VI en 1403.
Le traducteur
Jean-François Kosta-Théfaine, docteur ès lettres, est spécialiste de langue et littérature françaises du Moyen Age. Il a publié de nombreux ouvrages (études, éditions de textes, traductions, directions d'ouvrages collectifs) chez divers éditeurs.
Les éditions Cartouche ont déjà publié Journal de l'expédition du Capitaine Sharp de Bartholomew Sharp, Voyage du Capitaine Cowley autour du monde de Ambrose Cowley et Journal du voyage fait à la mer du Sud de Raveneau de Lussan.
Extrait :
Extrait de la présentation
Un dominicain, prénommé Jean, archevêque de Soltanieh, arrive à Paris vers le mois de mai 1403. L'objectif de son voyage est de remettre à Charles VI une lettre de Tamerlan. Celui-ci informait le roi de France de sa victoire sur Bajazet, et lui proposait de procéder à des échanges commerciaux entre leurs deux royaumes. Charles VI répondit favorablement à cette missive tout en se réjouissant de la victoire du guerrier turco-mongol. Cette ambassade apparut, semble-t-il, suffisamment importante à ce moment-là pour être enregistrée par au moins deux chroniques de l'époque, dont la Chronique du religieux de Saint-Denis qui relate l'événement de la façon suivante :
«Vers le même temps, un évêque d'Orient, de l'ordre des frères prêcheurs, vint en France envoyé par Tamerlan, grand prince des Tartares, et remit au roi une lettre que son maître adressait au grand roi de France, au plus puissant des princes chrétiens. Tamerlan y disait qu'il avait ouï parler du roi de France plus que de tous les souverains de l'Occident, et qu'il était désireux de connaître la magnificence de sa cour et la puissance de son royaume. Il lui racontait ensuite, en se glorifiant lui-même, qu'il avait conquis une grande partie de l'Orient, vaincu et fait prisonnier Bajazet, l'ennemi principal du nom chrétien, du roi et du royaume de France, et qu'il espérait que ces nouvelles seraient agréables au roi. Il terminait en lui offrant ses services, et en le priant amicalement de vouloir bien, comme ses prédécesseurs, traiter avec bonté les marchands tartares qui viendraient trafiquer dans le royaume de France. Ledit évêque, après avoir exposé sa demande en présence du roi et des seigneurs de la cour, démontra longuement que, si les propositions de son maître étaient acceptées, le royaume pourrait en tirer de nombreux avantages. Le roi y acquiesça volontiers, et renvoya l'ambassadeur comblé de présents.»
Les informations fournies dans la section « A propos du livre » peuvent faire référence à une autre édition de ce titre.