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Extrait :
La rencontre
Je me souviens très bien du jour où ma vie a basculé, c'était le vendredi 9 mai, lors d'un dîner. Ce soir-là, j'ai décidé de quitter la paroisse dans laquelle j'exerce en tant que curé depuis huit années, de fermer mon cabinet de psychologue et d'abandonner (provisoirement) toute ma vie à Poitiers pour rejoindre Jérôme Kerviel alors en marche vers Paris, reprenant ainsi la promesse qu'il a faite au pape : marcher contre la tyrannie des marchés financiers et pour une économie au service de l'homme.
Tout a commencé quelques semaines plus tôt, à la mi-avril 2014.
Je participe alors à l'émission «Les Grandes Gueules» sur RMC, dans laquelle j'interviens régulièrement en tant que chroniqueur depuis près de neuf ans. La discussion porte sur le fait d'actualité du moment : Jérôme Kerviel, ancien trader de la Société Générale, parti à la rencontre du pape au Vatican, est en chemin pour rallier Paris à pied. Les personnes présentes sur le plateau raillent cette démarche qui leur paraît être une simple opération de communication sans fondement.
J'avais déjà défendu Jérôme Kerviel à la radio, à plusieurs reprises, car son combat me touchait depuis le début. Dès janvier 2008, j'avais déclaré que je ne croyais pas possible qu'un trader junior ait pu agir sans que sa hiérarchie soit au courant et surtout que, pour moi, le trading, le fait même de spéculer sur des matières premières, ou sur la dette des pays était certes légal mais amoral. Comment admettre que désormais on gagne plus d'argent en spéculant qu'en travaillant ?
J'avais ajouté qu'à mes yeux les tours de la Défense constituaient de véritables tours de Babel, des pouponnières où l'on élevait de nombreux petits «Kerviels». On choisit ces jeunes, comme Jérôme a été choisi, on leur fait croire qu'ils sont l'élite de la banque, on les pousse à donner toutes leurs tripes jour et nuit et à gagner toujours plus pour la banque, pour enfin les jeter quand ils ne donnent plus satisfaction. S'en prendre à l'un d'eux sans vouloir réformer totalement le système ne sert à rien. À nouveau, ce jour-là, je m'insurge contre les détracteurs de Jérôme Kerviel à qui je déclare :
- Écoutez, j'ai vu le regard de Jérôme Kerviel devant le pape. Pour moi, les yeux, c'est la fenêtre de l'âme. Or, j'ai vu un Jérôme Kerviel qui ne trichait pas, qui ne mentait pas. Ses yeux étaient sombres, il était comme mort intérieurement. Pour moi c'est le regard totalement désespéré de quelqu'un qui est là sans être là et qui joue sa dernière carte.
Ma déclaration est accueillie par une salve de moqueries. Évidemment, le psy-curé (je suis prêtre et psychologue) qui juge une personne sur la seule interprétation d'un regard, ça paraît ridicule. Sans me démonter, je poursuis :
- Je lance un appel : si Jérôme Kerviel passe par Poitiers, je l'invite officiellement dans ma paroisse, pour donner une conférence.
Présentation de l'éditeur :
Je me souviens très bien du jour où ma vie a basculé, c'était le vendredi 9 mai, lors d'un dîner. Ce soir-là, j'ai décidé de quitter la paroisse dans laquelle j'exerce en tant que curé depuis huit années, de fermer mon cabinet de psychologue et d'abandonner (provisoirement) toute ma vie à Poitiers pour rejoindre Jérôme Kerviel alors en marche vers Paris, reprenant ainsi la promesse qu'il a faite au pape : marcher contre la tyrannie des marchés financiers et pour une économie au service de l'homme.
Tout a commencé quelques semaines plus tôt, à la mi-avril 2014.
Je participe alors à l'émission «Les Grandes Gueules» sur RMC, dans laquelle j'interviens régulièrement en tant que chroniqueur depuis près de neuf ans. La discussion porte sur le fait d'actualité du moment : Jérôme Kerviel, ancien trader de la Société Générale, parti à la rencontre du pape au Vatican, est en chemin pour rallier Paris à pied. Les personnes présentes sur le plateau raillent cette démarche qui leur paraît être une simple opération de communication sans fondement.
J'avais déjà défendu Jérôme Kerviel à la radio, à plusieurs reprises, car son combat me touchait depuis le début. Dès janvier 2008, j'avais déclaré que je ne croyais pas possible qu'un trader junior ait pu agir sans que sa hiérarchie soit au courant et surtout que, pour moi, le trading, le fait même de spéculer sur des matières premières, ou sur la dette des pays était certes légal mais amoral. Comment admettre que désormais on gagne plus d'argent en spéculant qu'en travaillant ?
J'avais ajouté qu'à mes yeux les tours de la Défense constituaient de véritables tours de Babel, des pouponnières où l'on élevait de nombreux petits «Kerviels». On choisit ces jeunes, comme Jérôme a été choisi, on leur fait croire qu'ils sont l'élite de la banque, on les pousse à donner toutes leurs tripes jour et nuit et à gagner toujours plus pour la banque, pour enfin les jeter quand ils ne donnent plus satisfaction. S'en prendre à l'un d'eux sans vouloir réformer totalement le système ne sert à rien. À nouveau, ce jour-là, je m'insurge contre les détracteurs de Jérôme Kerviel à qui je déclare :
- Écoutez, j'ai vu le regard de Jérôme Kerviel devant le pape. Pour moi, les yeux, c'est la fenêtre de l'âme. Or, j'ai vu un Jérôme Kerviel qui ne trichait pas, qui ne mentait pas. Ses yeux étaient sombres, il était comme mort intérieurement. Pour moi c'est le regard totalement désespéré de quelqu'un qui est là sans être là et qui joue sa dernière carte.
Ma déclaration est accueillie par une salve de moqueries. Évidemment, le psy-curé (je suis prêtre et psychologue) qui juge une personne sur la seule interprétation d'un regard, ça paraît ridicule. Sans me démonter, je poursuis :
- Je lance un appel : si Jérôme Kerviel passe par Poitiers, je l'invite officiellement dans ma paroisse, pour donner une conférence.
19 mai 2014. Au terme d'un tohu-bohu médiatique et judiciaire, Jérôme Kerviel est arrêté et incarcéré. Aussitôt, le père Gourrier décide de poursuivre son combat contre la finance amorale qui broie les hommes. En trois jours, sa vie bascule : il quitte sa paroisse, son diocèse, son activité de chroniqueur sur RMC, et ferme son cabinet de psychologue. Que s'est-il passé ?
Patrice Gourrier n'est pas en rupture de ban de l'Église. Il se dresse, comme homme de Dieu et en homme libre, contre la tyrannie des marchés financiers où l'homme est sacrifié sur l'autel du profit. Jérôme Kerviel, devenu un ami proche, en est une victime emblématique.
Le père Gourrier reprend à son compte l'engagement de Jérôme Kerviel : marcher pour une économie au service de l'homme, de Rome à Paris. Voici le récit de ces mois mouvementés et de sa traversée de la France, l'occasion de revenir sur l'affaire Société Générale vs Jérôme Kerviel en exposant, de façon synthétique et rigoureuse, l'ensemble des questions et incohérences du dossier.
Un cri de révolte salutaire et le témoignage d'une aventure humaine exemplaire.
Le père Patrice Gourrier est prêtre, responsable d'un centre de méditation à Poitiers, psychologue clinicien, cofondateur de l'association Talitha Koum. Il participe régulièrement aux Grandes Gueules sur RMC. Il est l'auteur d'une quinzaine d'ouvrages.
Avec la participation de Richard Amalvy, président du comité de soutien de Jérôme Kerviel.
Patrice Gourrier n'est pas en rupture de ban de l'Église. Il se dresse, comme homme de Dieu et en homme libre, contre la tyrannie des marchés financiers où l'homme est sacrifié sur l'autel du profit. Jérôme Kerviel, devenu un ami proche, en est une victime emblématique.
Le père Gourrier reprend à son compte l'engagement de Jérôme Kerviel : marcher pour une économie au service de l'homme, de Rome à Paris. Voici le récit de ces mois mouvementés et de sa traversée de la France, l'occasion de revenir sur l'affaire Société Générale vs Jérôme Kerviel en exposant, de façon synthétique et rigoureuse, l'ensemble des questions et incohérences du dossier.
Un cri de révolte salutaire et le témoignage d'une aventure humaine exemplaire.
Le père Patrice Gourrier est prêtre, responsable d'un centre de méditation à Poitiers, psychologue clinicien, cofondateur de l'association Talitha Koum. Il participe régulièrement aux Grandes Gueules sur RMC. Il est l'auteur d'une quinzaine d'ouvrages.
Avec la participation de Richard Amalvy, président du comité de soutien de Jérôme Kerviel.
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- ÉditeurLe Passeur
- Date d'édition2014
- ISBN 10 2368901639
- ISBN 13 9782368901632
- ReliureBroché
- Nombre de pages234
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Le jour où ma vie a basculé
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LE PASSEUR
(2014)
ISBN 10 : 2368901639
ISBN 13 : 9782368901632
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