Extrait :
Je ne sors que la nuit.
Je remonte la rue déserte puis je m'arrête, muscles tendus, prête à l'action. Les herbes folles bruissent dans le vent. J'incline la tête. Je Les guette.
Les films d'horreur ont tout faux. Les monstres ne peuplent pas nos nuits, ils n'attendent pas patiemment, tapis dans l'ombre, le bon moment pour surgir. Ils chassent le jour, en pleine lumière, quand la visibilité est à son maximum. La nuit, si par miracle vous parveniez à ne faire aucun bruit, ils pourraient presque vous frôler sans même remarquer votre présence.
Tout est calme. Méfiance, ça ne veut pas dire pour autant qu'ils ne sont pas dans les parages. Je me remets en marche, lentement d'abord, avant d'accélérer l'allure. Mes pieds nus effleurent le trottoir zébré de fissures sans produire le moindre son. Je ne suis plus qu'à quelques rues de chez moi... je touche au but, à condition de savoir rester invisible et inaudible. Mais s'ils ont vent de ma présence, je pourrais aussi bien me trouver à trois mètres de chez moi qu'à des kilomètres : ça ne fera aucune différence.
J'ai appris à vivre dans un monde de silence. Je n'ai pas prononcé un seul mot depuis trois ans. Ni pour commenter la météo, ni pour hurler une mise en garde, ni même pour murmurer mon propre nom, Amy. Si je sais que trois ans se sont écoulés, c'est parce que j'ai compté les saisons depuis cet été-là. Celui de mes quatorze ans, le dernier été avant l'Après.
Au loin, une branche craque. Je m'arrête net. Crispée, je réajuste mon sac avec précaution, afin que les boîtes de conserve qu'il contient ne s'entrechoquent pas. Le moindre bruit, même anodin, me met sur le qui-vive.
Soudain, les nuages s'écartent pour laisser place à la lune, dont l'éclat vient illuminer la rue. Je scrute les alentours, aux aguets. J'examine une vieille carcasse de voiture, à l'affût du moindre signe de la présence des créatures. Rien. Je m'apprête à continuer mon chemin quand, à la dernière seconde, je décide de choisir la prudence et de disparaître dans un massif d'arbustes, au milieu d'une cour abandonnée. Je préfère attendre qu'un nuage dissimule la lune, que l'obscurité se referme sur la nuit.
Je ne peux pas m'en remettre au hasard, car Baby m'attend à la maison. Dans mon sac se trouvent des provisions indispensables à notre survie. Baby n'a que moi au monde. Je l'ai trouvée peu après le désastre, quand je croyais encore que les choses pouvaient revenir à la normale. Mais cet espoir-là, je l'ai abandonné depuis bien longtemps. Un monde à ce point parti en vrille, ça ne se répare pas.
Présentation de l'éditeur :
Ils entendent le plus léger des bruits de pas. Ils sont plus rapides que le plus rapide des prédateurs. Et ils ne renonceront pas... tant que vous serez vivant ! Amy est devant sa télévision quand le pire se produit, quand ILS attaquent. New York, Paris, Tokyo... Des créatures sans pitié déferlent, et dévorent les humains. Personne ne sait d'où ils viennent mais une chose est sûre : la population de la planète décroit dramatiquement en quelques jours à peine. À l'abri de la grille électrifiée de sa maison, Amy parvient à leur échapper... mais pour combien de temps ? Elle qui a perdu tous les siens parvient tout de même à recueillir Baby, une petite fille qui a miraculeusement survécu aux crocs acérés des nouveaux maîtres du monde. Trois ans qu'elles survivent en autarcie, quand d'autres survivants commencent à se manifester. Elles pensent que leur enfer est terminé... mais ils ne fait que commencer !
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