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Extrait :
Prélude
La mort est une froide compagne.
Elle le saisit avec des doigts gelés, le tire, le secoue au point que ses dents s'entrechoquent.
Ou seraient-ce les bras de Sophie qui l'attrapent sous les épaules ? Il la sent le soulever, cette tendre personne, afin que Constanze puisse lui changer sa chemise trempée de sueur froide.
Laissez-moi, veut-il dire, mais il ne produit guère qu'un sourd gémissement. Comment va-t-il pouvoir accomplir ce qu'il reste à faire s'il ne parvient même plus à pleurer ?
Le bruit sec des sabots d'un cheval - changement de rythme habituellement bienvenu - lui martèle le crâne, comme si le cheval même s'amusait à le piétiner.
- Il arrive, Dieu soit loué !
Un courant d'air lui dit que Sophie a bondi, que les flammes des bougies chassent les ombres dans la pièce et il sent les mains de Constanze étreindre les siennes comme pour le retenir. Il garde les yeux clos, mais il connaît pourtant l'expression de son visage - le ton de sa voix trahit les larmes qu'elle retient difficilement, l'égarement qui la menace. Il soulève faiblement les paupières, discerne vaguement le visage familier à la lueur des bougies. Elles en ont allumé beaucoup. La mort est une sombre compagne.
Il s'efforce de tendre le bras, en vain, il n'atteint plus la joue de Constanze ; son corps est devenu lourd, comme si ce n'était pas le sien.
On frappe durement à la porte ; il s'effraie, tressaille et ne peut pourtant pas bouger. Il veut se cabrer, mais son corps capitule, et il sait qu'il restera allongé là.
Une main, lourde et froide, se pose sur son front.
- Il nous faut des linges. De l'eau froide aussi. Vite !
La voix du docteur, mais il ne pourra plus rien pour lui.
- Clos-set...
Un râle, c'est tout ce qu'il peut produire.
- Cher Mozart, restez allongé !
Que pourrait-il faire d'autre ? Les mains froides de Closset saisissent son bras, repoussent l'édredon sur le côté, tâtent sa jambe. Le docteur ne parle plus qu'à voix basse.
- Il a trop de mauvaises humeurs dont il cherche à se débarrasser. La saignée lui procurera du soulagement.
Il a beau s'efforcer de prononcer un non, sa protestation n'est pas entendue.
- Que faire des linges ?
Sophie elle aussi ne fait plus que chuchoter. Comme si une charmante voix de femme ait jamais pu lui ravir la vie.
- Faites-en des bandes ! L'eau est-elle froide ? Rafraîchissez-lui la tête, le front également.
Il perçoit la palette contre son mollet, il n'a pas la force de se défendre. Il sent déjà la petite douleur de l'entaille. Ô ces sanguinaires ! Il a encore plus froid, comme si la dernière chaleur, le dernier reste de force vive en lui, s'en allait avec le sang. Il ne comprend bientôt plus ce qui se dit, juste un faible murmure, comme s'il était depuis longtemps parti.
La mort est une compagne silencieuse.
Présentation de l'éditeur :
La mort est une froide compagne.
Elle le saisit avec des doigts gelés, le tire, le secoue au point que ses dents s'entrechoquent.
Ou seraient-ce les bras de Sophie qui l'attrapent sous les épaules ? Il la sent le soulever, cette tendre personne, afin que Constanze puisse lui changer sa chemise trempée de sueur froide.
Laissez-moi, veut-il dire, mais il ne produit guère qu'un sourd gémissement. Comment va-t-il pouvoir accomplir ce qu'il reste à faire s'il ne parvient même plus à pleurer ?
Le bruit sec des sabots d'un cheval - changement de rythme habituellement bienvenu - lui martèle le crâne, comme si le cheval même s'amusait à le piétiner.
- Il arrive, Dieu soit loué !
Un courant d'air lui dit que Sophie a bondi, que les flammes des bougies chassent les ombres dans la pièce et il sent les mains de Constanze étreindre les siennes comme pour le retenir. Il garde les yeux clos, mais il connaît pourtant l'expression de son visage - le ton de sa voix trahit les larmes qu'elle retient difficilement, l'égarement qui la menace. Il soulève faiblement les paupières, discerne vaguement le visage familier à la lueur des bougies. Elles en ont allumé beaucoup. La mort est une sombre compagne.
Il s'efforce de tendre le bras, en vain, il n'atteint plus la joue de Constanze ; son corps est devenu lourd, comme si ce n'était pas le sien.
On frappe durement à la porte ; il s'effraie, tressaille et ne peut pourtant pas bouger. Il veut se cabrer, mais son corps capitule, et il sait qu'il restera allongé là.
Une main, lourde et froide, se pose sur son front.
- Il nous faut des linges. De l'eau froide aussi. Vite !
La voix du docteur, mais il ne pourra plus rien pour lui.
- Clos-set...
Un râle, c'est tout ce qu'il peut produire.
- Cher Mozart, restez allongé !
Que pourrait-il faire d'autre ? Les mains froides de Closset saisissent son bras, repoussent l'édredon sur le côté, tâtent sa jambe. Le docteur ne parle plus qu'à voix basse.
- Il a trop de mauvaises humeurs dont il cherche à se débarrasser. La saignée lui procurera du soulagement.
Il a beau s'efforcer de prononcer un non, sa protestation n'est pas entendue.
- Que faire des linges ?
Sophie elle aussi ne fait plus que chuchoter. Comme si une charmante voix de femme ait jamais pu lui ravir la vie.
- Faites-en des bandes ! L'eau est-elle froide ? Rafraîchissez-lui la tête, le front également.
Il perçoit la palette contre son mollet, il n'a pas la force de se défendre. Il sent déjà la petite douleur de l'entaille. Ô ces sanguinaires ! Il a encore plus froid, comme si la dernière chaleur, le dernier reste de force vive en lui, s'en allait avec le sang. Il ne comprend bientôt plus ce qui se dit, juste un faible murmure, comme s'il était depuis longtemps parti.
La mort est une compagne silencieuse.
Il se souvient de tout : il s'appelle Wolfgang Mozart et, hier soir encore, il était étendu sur son lit de mort. À son réveil, il ne trouve aucune explication à ce monde différent, étrange, où la lumière ne provient pas des bougies, où la musique se passe de la présence d'un orchestre, où les carrosses se déplacent sans chevaux... Est-il aux portes de l'Enfer ou dans l'antichambre du Ciel ? Toute cette absurdité ne peut avoir qu'une seule raison : il a la mission divine de terminer l'oeuvre de sa vie, son Requiem.
Et le voici, anachronisme vivant déambulant dans les rues survoltées de la Vienne du début du XXIe siècle, où la musique est sa seule boussole. Tant de nouveaux compositeurs, tant de sonorités inédites !
Mais, plus le temps passe, plus il se demande ce qu'il adviendra de lui une fois son chef-d'oeuvre terminé...
Née en 1968, Eva Baronsky vit en Allemagne, dans le massif du Taunus. Monsieur Mozart se réveille est son premier roman.
«Tant qu'il y avait de la musique, il était prêt à affronter tous les univers.»
Et le voici, anachronisme vivant déambulant dans les rues survoltées de la Vienne du début du XXIe siècle, où la musique est sa seule boussole. Tant de nouveaux compositeurs, tant de sonorités inédites !
Mais, plus le temps passe, plus il se demande ce qu'il adviendra de lui une fois son chef-d'oeuvre terminé...
Née en 1968, Eva Baronsky vit en Allemagne, dans le massif du Taunus. Monsieur Mozart se réveille est son premier roman.
«Tant qu'il y avait de la musique, il était prêt à affronter tous les univers.»
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- ÉditeurPiranha Editions
- Date d'édition2015
- ISBN 10 2371190160
- ISBN 13 9782371190160
- ReliureBroché
- Nombre de pages279
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Monsieur Mozart se réveille
Edité par
PIRANHA
(2015)
ISBN 10 : 2371190160
ISBN 13 : 9782371190160
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Description du livre Etat : Neuf. N° de réf. du vendeur 9782371190160
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