Extrait :
Extrait de l'introduction :
Qu'est-ce que le royaume de France ?
À la fin du XVe siècle, les contours de la France n'étaient pas aussi clairement définis que de nos jours, avec des frontières précisément cartographiées. Car le royaume se définissait surtout comme un agrégat de territoires où le roi était considéré comme le suzerain, le sommet de la pyramide féodale vers lequel tous les liens de dépendance convergeaient, directement ou non. Depuis le traité de Verdun de 843, qui avait consacré la division de l'Empire carolingien en trois parties distinctes, le roi était ainsi le «seigneur des seigneurs» de la «Francie occidentale», c'est-à-dire de toutes les terres qui étaient situées à l'ouest de l'Escaut, de la Meuse, de la Saône et du Rhône. Mais cette autorité éminente, renforcée depuis le XIIIe siècle par l'extension du domaine royal, ne lui permettait toujours pas, à la fin du Moyen Âge, d'exercer partout un même pouvoir. À l'est du pays, Louis XI venait à peine de remettre la main sur la Bourgogne après la mort de Charles le Téméraire, en 1477. Les ducs y avaient en effet patiemment créé un véritable État, grâce auquel ils avaient pu se tenir à l'écart de la France et de l'Empire. Au centre du royaume, en Bourbonnais, Auvergne, Lyonnais et Forez, les ducs de Bourbon possédaient toujours de très vastes territoires, qu'ils géraient dans une quasi-indépendance à l'égard du monarque ; ces régions ne furent réunies à la couronne qu'après la révolte du connétable de Bourbon, en 1523. Dans le Sud, le comté de Roussillon appartenait à l'Aragon, tandis que le royaume de Navarre, situé de part et d'autre des Pyrénées, se proclamait libre de toute tutelle étrangère. Au Nord-Ouest enfin, le duc de Bretagne jouissait toujours d'une large autonomie, même s'il devait rendre foi et hommage au souverain ; la Bretagne ne fut officiellement annexée qu'en 1532, bien après les deux mariages successifs de la dernière duchesse
Présentation de l'éditeur :
Le XVIe siècle, en France, est souvent considéré comme un temps de profondes mutations : l'essor de l'imprimerie, la diffusion du protestantisme ou les efforts déployés par les souverains pour renforcer leur autorité furent en effet des innovations majeures, dont les contemporains eux-mêmes étaient plus ou moins conscients. Certes, tous ces changements ne doivent pas conduire à occulter l'héritage de la fin du Moyen Âge, qui marquait toujours de son empreinte les cultures, les coutumes et les mentalités. Mais la recherche historique a mis en évidence d'autres glissements qui, en dépit de leur lenteur, affectèrent des domaines aussi variés que les effectifs de la population, l'agriculture, la société urbaine, la noblesse ou l'Église catholique.
Illustré par de nombreux documents, complété par de courtes notices explicatives placées dans ses marges, cet ouvrage propose une approche à la fois claire et nuancée du royaume de France au premier siècle de l'époque moderne.
Laurent Bourquin est également l'auteur de Noblesse seconde et pouvoir en Champagne aux XVIe et XVIIe siècles (Publications de la Sorbonne, 1994).
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