L'h�pital et ses acteurs : Appartenances et �galit� - Couverture souple

Sainsaulieu, Ivan

9782701145815: L'h�pital et ses acteurs : Appartenances et �galit�

Couverture souple

ISBN 10 : 2701145813 ISBN 13 : 9782701145815

Editeur : BELIN EDUCATION, 2007

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Extrait :

Avant-propos m�thodologique : pourquoi l'h�pital ?

Habituellement, dans �m�thodologie�, les sociologues livrent leurs recettes de cuisine, les m�thodes de recueil de l'information et son traitement. Comme nous visons aussi un public non sociologue, nous nous permettons de revenir � cette autre recommandation bourdieusienne de pr�ciser �d'o� l'on parle�. L'ouvrage que l'on va lire n'est pas le fruit du hasard et comporte des traits personnels que nous pr�f�rons �objectiver� en les portant � la connaissance du public.
L'auteur n'a eu aucun rapport personnel privil�gi� (hors enqu�tes) avec l'univers soignant de l'h�pital, il n'a pas de connaissance m�dicale pouss�e, ni m�me d'attirance sp�ciale pour la discipline du soin en g�n�ral. C'est moins l'activit� de soin qui l'attire que l'engagement individuel et collectif qu'elle suscite. Ayant �t� militant pendant de longues ann�es, � une �poque o� les vocations �taient rares, il en a retir� des interrogations sur la teneur des collectifs. Par engagement, il faut donc moins entendre ce qui motive l'engagement personnel, ses raisons ou ses bonnes raisons, que la socialisation qui en r�sulte, moins le discours qui justifie que les actions qui engagent. D'ailleurs, les militants ont l'habitude de dire que, pour juger des intentions d'une personne, il faut regarder ses pieds... En plus, l'engagement est un �tat au moins autant qu'un choix : �tre engag�, c'est �tre tenu � des obligations qui r�f�rent certes toujours � un choix initial, que l'on reconduit ou que l'on arr�te. Mais c'est aussi une �colle�, selon le terme de Granovetter, pour qui la structure du lien social peut influencer aussi les activit�s �conomiques (Granovetter, 2006).
La force du lien a �t� mise en �vidence d'abord par la sociologie politique � propos du parti communiste : le r�le affectif des camarades, l'importance de la figure des militants qui constituaient, � la fin des ann�es 1970, la premi�re source d'attachement au parti et peut-�tre la derni�re (Lavau, 1981). Malgr� ou � c�t� des impasses doctrinales, il y avait la chaleur de gens du parti, charitables et secourables, rayonnant au dehors comme � la f�te de L'Humanit�. Cette intensit�, bien s�r, n'est pas sans rapports avec la croyance qui la porte, mais prise dans son sens le plus g�n�ral, le plus simple : la qu�te de justice sociale.
Les id�es les plus fortes reposent sur les sentiments les plus simples, qui ne sont d'ailleurs pas l�gion, comme la soif de libert� ou d'�galit�, le besoin de paix, de s�curit�. Simplement, la libert� satisfait des individus plut�t que des groupes, la s�curit� r�clame davantage un chef protecteur, faisant respecter l'ordre (voire un ma�tre et seigneur, comme dans le contrat f�odal), tandis que l'�galit� est accessible � tous, l'affaire de tous. On peut certes placer dans les mains d'un leader tous ses espoirs d'�galit�, voire de libert�. Mais, de m�me que la libert� suppose un certain engagement individuel et demande une certaine auto�nomie, de m�me r�clamer la justice, le partage, l'�galit� est probablement le motif d'engagement collectif le plus r�pandu. En France, comme en Italie, les deux sources majeures d'engagement collectif au XXe si�cle sont sans doute le catholicisme et le communisme, tous deux � forte dimension morale �galitariste, sur terre ou dans le ciel.
Or, notre curiosit� a �t� aiguill�e en constatant que, dans le monde hospitalier, les choses se pr�sentaient de mani�re assez similaire. En effet, on trouve une qu�te perp�tuelle d'autonomie ou de marge de manoeuvre chez les professionnels, une demande de s�curit�, inh�rente � la prise en charge du patient et aussi, plus r�cemment peut-�tre, n�cessaire � la sauvegarde des personnes et des biens, avec l'embauche de gardes en particulier aux urgences.
(...)

Pr�sentation de l'�diteur :

L'h�pital et ses acteurs
Appartenances et �galit�

L'h�pital est � la fois garant de la coh�sion sociale (via le traitement de la maladie et la pr�vention des �pid�mies), en qu�te d'une plus grande performance (via la qualit� de soins) et lieu symbolique fort (via l'�galit� d'acc�s aux soins et la performance technique offerte � tous). Les acteurs hospitaliers se diff�rencient de plus en plus entre �d�cideurs� et �acteurs sociaux�. Autrefois dominants, m�decins et syndicats de salari�s ont vu leur r�le s'amoindrir, les d�cideurs �tant de plus en plus ext�rieurs aux �tablissements - agences r�gionales d'hospitalisation, associations de victimes, lobbies �conomiques. Pour le personnel hospitalier, il faut aller vite, relever les d�fis de la modernisation, de l'�valuation, de l'automatisation, de la rentabilit�, dans une relation avec les patients tant�t gratifiante, tant�t �prouvante. Aux logiques professionnelles s'ajoutent les appartenances de service, les dispositifs participatifs et les nouveaux droits des patients. Comment les soignants combinent-ils les particularit�s de leur travail avec leurs nouvelles missions ? Quel type d'�quilibre organisationnel �merge de leur coop�ration ? Quelles sont les avanc�es de la �d�mocratie sanitaire� et quel �cho trouve-t-elle dans leurs pratiques ? Quel fondement l�gitime donner � l'institution sp�cifique de la sant� publique ? C'est pour r�pondre � ces questions que cet ouvrage se focalise sur l'h�pital, lieu de concentration de la production soignante, en croisant sociologie du travail organis� et sociologie politique.

Ivan Sainsaulieu est chercheur au LISE (Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie �conomique), CNAM/CNRS. Il a d�j� publi� Le malaise des soignants, La communaut� de soins en question et codirig� Les d�fis de l'�valuation en action sociale et m�dico-sociale (avec B. Bouquet et M. Jaeger).

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