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Beckett, corps à corps: Corps à corps - Couverture souple

 
9782705667047: Beckett, corps à corps: Corps à corps
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R150180298. BECKETT CORPS A CORPS.. 2007. In-8. Broché. Bon état, Couv. convenable, Dos satisfaisant, Intérieur frais. 140 pages. Etiquette collée sur le premier plat de couverture. Bandeau éditeur.. . . . Classification Dewey : 840-Littératures des langues romanes. Littérature française

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Extrait :
ÉCOUTE LES FEUILLES

Beckett lisait les textes qu'il aimait à ses amis, ou plutôt, il les récitait, comme il touchait un piano. Il ne faisait pas de commentaires.
Je n'ai donc pas d'indication qu'il aurait apprécié ce travail. Il y a seulement l'aveu que fait James Knowlson, au début de son énorme biographie, d'avoir reculé, une première fois, devant la possibilité de l'écrire : «Je refusai après que Beckett m'eût fait part de ses réticences et de son espoir de voir non pas sa vie mais son oeuvre ainsi analysée au microscope.»
Mon travail est une suite de lectures attentives, sinon microscopiques, de textes de Beckett, regroupées selon des chemins qui donnent leurs noms aux chapitres. «Le parloir», «Chanter», «D'un asile l'autre»... Les textes sont cités sur le chemin, sans ordre chronologique. Aux lecteurs d'aller voir dans Molloy, L'Innommable, ou Compagnie, comment c'est.

Comme l'éditeur me demandait un titre, j'ai dit corps à corps. Les mots ne me seraient pas venus si je n'avais rencontré Beckett, vivant. Ce grand homme si élégant à la parole lissée par une courtoisie imprenable, qu'il abandonnait quand il le voulait, pour rire avec les yeux, raconter une histoire invérifiable ou vous lâcher pour aller au piano. J'ai toujours à faire à cet homme vivant. Dans une familiarité très peu dicible.
Donc, corps à corps. L'analyse de textes est une pratique violente. Il faut plier son corps devant une table, le river à l'écriture de l'autre, à son rythme, à son insolence, à sa façon à lui de «chosifier une parcelle du néant». Le plus dur est de commencer. Très vite le texte se déplie en vous, il chante. À vous de nommer ce que vous entendez.

Il y a une phrase qu'on peut voler à Beckett pour dire ça bien plus joliment. C'est dans un des instants égrenés par la voix de Compagnie, souvenirs délivrés de leurs attaches, baignant dans une lumière qu'il appelle : Encore. Une voix s'adresse au tu : «Tu es sur le dos au pied d'un tremble. Dans son ombre tremblante.» «Elle» est allongée aussi, il a plongé ses yeux dans les siens. C'est un texte d'une douceur immobile tant les corps des amoureux sont ancrés dans le paysage : «Sous la chape de ses cheveux vos visages se cachent. Elle murmure, Écoute les feuilles. Les yeux dans les yeux vous écoutez les feuilles. Dans leur ombre tremblante.»

Voilà. L'exercice s'appellerait : Ecoute les feuilles.

LE PARLOIR

De la chambre au parloir

«Je suis dans la chambre de ma mère. C'est moi qui y vis maintenant.»* C'est la première phrase de Molloy. Le je n'est pas arrogant, il est dans. Quand au moi, un peu théâtral, il est là pour consolider la première assertion, qui aurait besoin de l'être, comme chez les enfants. Avec cet air de bravade d'un qui veut cacher la fragilité d'un je fraîchement acquis par le redoublement d'un moi. Mais aussi bien, pour se raccrocher aux seuls repères un peu stables d'un espace-temps plein d'équivalences, de glissements, d'obscurités : «Quoi qu'il en soit, c'est moi qui ai sa chambre, je couche dans son lit. Je fais dans son vase. J'ai pris sa place.»
Comme dira le narrateur de L'Innommable, «si je pouvais me mettre dans une chambre je la connaîtrais, je m'en souviendrais, je dirais comment c'est, chez moi. Mais je ne sens pas d'endroit, pas d'endroit autour de moi». L'innommable n'est pas très exigeant, ça pourrait être un coin dans une forêt, mais il ne sent rien autour de lui et il dit dans un cri le passage de l'absence de lieu à l'impossibilité de dire moi. «Mais ce n'est pas moi, ce n'est pas moi, où est-ce que je suis, qu'est-ce que je fais, pendant ce temps...»
Parler, il peut le faire, mais la langue n'est pas un lieu, tout juste un parloir. «Je lance la voix, j'entends une voix, il n'y a qu'ici, il n'y a pas deux endroits, il n'y a pas deux prisons, c'est mon parloir, c'est un parloir, je n'y attends rien, je ne sais pas où c'est, je ne sais comment c'est...»
Il convient d'éviter la tentation de se dire que le narrateur est dans une situation, disons immobilière, pire que ses deux prédécesseurs, Molloy et Malone. «Où maintenant ? Quand maintenant ? Qui maintenant ?» Les trois questions qui débutent le livre sont d'égale importance. Et celui qui décide de «dire je sans le penser» ne prête que peu d'attention à la question de savoir comment il en est arrivé là. «Peu importe comment cela s'est produit.» Il n'a pas de lieu parce que cette histoire de lieu n'est qu'une histoire de mots. Les questions de faire ou ne pas faire, de comment procéder, se traitent, apparemment, par les seuls outils que donne la langue, «par pure aporie ou bien par affirmations et négations infirmées au fur et à mesure, ou tôt ou tard». Moteur qui permet de continuer, mais pas de savoir où l'on est. Aucun autre moyen n'est envisagé. Il n'est pas difficile d'entendre que le «parloir» dissout les catégories du dedans et du dehors, donc la fonction des murs, même si la voix qui parle rêve d'une prison. Le rêve est de parvenir au silence, à force de mots. La torture est de se dire qu'on y est déjà parvenu. Peut-être le parloir est-il «ouvert sur le silence». Poignante annonce immobilière d'un rez-de-chaussée sur silence, inhabitable par un corps anesthésié par les mots.
Présentation de l'éditeur :
Beckett regrettait qu'on ne porte pas à son oeuvre l'attention microscopique qu'on portait en général à sa vie. Manie Depussé comble, avec le présent ouvrage, cette lacune : prendre Beckett au pied de la lettre et proposer une lecture inédite de son oeuvre dans un exercice qu'elle appelle corps à corps.
Quelque chose ici presque se retourne. C'est la vie, la vie de tous les «personnages-lettres» de Beckett, selon l'expression de Marie Depussé, qui soudain nous requiert, et anime de leur étrange lumière celle de Samuel Becket. Un corps à corps, qui ne posséderait pas la même tonalité si elle n'avait pas connu Samuel Beckett.

Marie Depussé réussit ainsi à nous présenter un Becket vivant qui continue à nous interpeller avec une étonnant proximité.

Marie Depussé est écrivain. Elle a longtemps enseigné la littérature à l'université Paris 7, dans les prisons ou, encore aujourd'hui, à la clinique psychiatrique de La Borde. Les Morts ne savent rien [POL, 2006) est son dernier livre publié.

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  • ÉditeurHermann
  • Date d'édition2007
  • ISBN 10 2705667040
  • ISBN 13 9782705667047
  • ReliureBroché
  • Nombre de pages145
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