Présentation de l'éditeur :
Dans cet ouvrage, est posée une question simple mais essentielle pour toutes les sociétés démocratiques et libérales : pourquoi le processus de démocratisation des systèmes éducatifs occidentaux a-t-il justifié un recours de plus en plus important à la pensée pédagogique dite moderne et un discrédit progressif de l'enseignement des disciplines, de leurs méthodes et de leurs contenus ?
Cette question apparaît d'autant plus déterminante que les transformations pédagogiques n'ont pas été portées par des débats d'idées. Elles ont suivi une voie définie en profondeur. Elles ont servi, dans leur ensemble, une idée philosophique de l'homme et de la société qui dépasse les clivages politiques et remonte aux débuts des sciences de l'homme.
En montrant comment la démocratisation des systèmes éducatifs a suscité un appel d'idées pédagogiques opposées aux besoins fondamentaux de l'enseignement, l'auteur met au jour une série stupéfiante de croyances fausses qui se sont constituées autour de l'école, de ses succès comme de ses échecs. De façon concise et claire, L'école et son double offre au lecteur des clés de compréhension de la crise que connaît l'enseignement en France, et présente les principes qui peuvent contribuer à changer le devenir qui se dessine pour l'école.
Nathalie Bulle est docteur, habilitée à diriger des recherches, et chercheure au CNRS.
Extrait :
De nouvelles finalités éducatives
L'ÉMANCIPATION DE l'HOMME MODERNE
La nature humaine est une fiction. Libérer la nature et adapter à la vie sociale sont les deux préoccupations de l'éducateur progressiste, qui font écho aux grandes orientations de la philosophie politique moderne.
Dans un bel ouvrage, La cité de l'homme, Pierre Manent montre l'homme moderne aux prises avec deux de ses démons, sa nature, telle que pensée par les Anciens et son âme, telle que conçue par les Chrétiens. L'une et l'autre l'exhortent à une perfectibilité, à un dépassement qui hier étaient libérateurs et dont il n'a de cesse aujourd'hui de dévoiler le pouvoir mystificateur et aliénant, dans le mouvement d'émancipation qui le caractérise.
On ne peut mieux figurer le rejet par l'homme moderne de tout ordre qui le dépasse en évoquant l'assimilation par Montesquieu de la cité antique à un ordre religieux, de la vertu politique du citoyen à la vertu ascétique du moine. Leur dénominateur commun, écrit Manent, c'est l'obéissance à une règle qui mortifie les passions. La règle est privée du sens que lui confère chacune des traditions. L'obéissance se donne alors comme oppression de la nature, plutôt qu'éducation de celle-ci pour son perfectionnement, et voie possible de l'autonomie morale.
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