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Extrait :
Introduction
Un soir de novembre 2005, une présentatrice annonce, à la télévision : «Pierre Seel est mort». Les images débutent. Un homme âgé, le visage marqué par le temps et la souffrance, s'avance à pas lents. Derrière lui, on reconnaît le sinistre portail du camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau. Pierre Seel, déporté homosexuel français, l'un des rares à avoir parlé de sa détention, participait alors à une cérémonie du souvenir. Quelques instants plus tard, il s'exprime, les larmes aux yeux, d'une voix douce, sur son passage derrière les barbelés du Struthof. Cet émouvant témoignage soulève une interrogation : pourquoi la déportation homosexuelle, fait pourtant reconnu par les historiens, est-elle aussi peu souvent évoquée ? Quelques recherches plus tard, ce sujet un peu défriché, ce sont désormais des montagnes de questions qui s'entassent. Les relations qu'entretiennent, tout au long du XXe siècle, le nazisme et l'homosexualité, sont d'une complexité et d'une étrangeté surprenantes. Pourtant, les analyses de ce phénomène ne sont pas légion. Ce qui suit voudrait contribuer à éclaircir les choses. Je ne prétends pas que mes analyses soient définitives, ni même exhaustives. Elles n'ont pas d'autre prétention que de permettre une meilleure compréhension d'une des facettes du nazisme, moment décisif dans l'Histoire humaine.
Il n'est pas question ici de donner du crédit aux amalgames faciles qui voudraient que nazisme et homosexualité soient une seule et même chose. Mais il n'est pas non plus concevable de laisser de côté, par souci du politiquement correct, les éléments qui tendent à prouver qu'en certains instants, par le biais de faits et d'individus précis, nazisme et homosexualité se sont retrouvés associés, tout comme ils se sont plusieurs fois séparés dans le sang. Énoncer des lois générales n'est pas un but pour qui voudrait se défendre de simplifier. Récolter, analyser et tenter de comprendre les faits ainsi que les comportements humains, voilà les seuls objectifs que l'on peut raisonnablement s'assigner.
Ainsi peut-on résumer notre ligne directrice sous forme d'une problématique :
En Allemagne, au XXe siècle, se développent deux phénomènes particuliers, le nazisme et l'homosexualité. De l'affaire Eulenburg jusqu'à la refonte du national-socialisme en néonazisme dans les années 1970, en passant par la Grande Guerre, les SA d'Ernst Röhm, la Nuit des Longs Couteaux ou encore les camps de concentration, ils vont tour à tour s'attirer et se repousser. Pourquoi ?
Présentation de l'éditeur :
Un soir de novembre 2005, une présentatrice annonce, à la télévision : «Pierre Seel est mort». Les images débutent. Un homme âgé, le visage marqué par le temps et la souffrance, s'avance à pas lents. Derrière lui, on reconnaît le sinistre portail du camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau. Pierre Seel, déporté homosexuel français, l'un des rares à avoir parlé de sa détention, participait alors à une cérémonie du souvenir. Quelques instants plus tard, il s'exprime, les larmes aux yeux, d'une voix douce, sur son passage derrière les barbelés du Struthof. Cet émouvant témoignage soulève une interrogation : pourquoi la déportation homosexuelle, fait pourtant reconnu par les historiens, est-elle aussi peu souvent évoquée ? Quelques recherches plus tard, ce sujet un peu défriché, ce sont désormais des montagnes de questions qui s'entassent. Les relations qu'entretiennent, tout au long du XXe siècle, le nazisme et l'homosexualité, sont d'une complexité et d'une étrangeté surprenantes. Pourtant, les analyses de ce phénomène ne sont pas légion. Ce qui suit voudrait contribuer à éclaircir les choses. Je ne prétends pas que mes analyses soient définitives, ni même exhaustives. Elles n'ont pas d'autre prétention que de permettre une meilleure compréhension d'une des facettes du nazisme, moment décisif dans l'Histoire humaine.
Il n'est pas question ici de donner du crédit aux amalgames faciles qui voudraient que nazisme et homosexualité soient une seule et même chose. Mais il n'est pas non plus concevable de laisser de côté, par souci du politiquement correct, les éléments qui tendent à prouver qu'en certains instants, par le biais de faits et d'individus précis, nazisme et homosexualité se sont retrouvés associés, tout comme ils se sont plusieurs fois séparés dans le sang. Énoncer des lois générales n'est pas un but pour qui voudrait se défendre de simplifier. Récolter, analyser et tenter de comprendre les faits ainsi que les comportements humains, voilà les seuls objectifs que l'on peut raisonnablement s'assigner.
Ainsi peut-on résumer notre ligne directrice sous forme d'une problématique :
En Allemagne, au XXe siècle, se développent deux phénomènes particuliers, le nazisme et l'homosexualité. De l'affaire Eulenburg jusqu'à la refonte du national-socialisme en néonazisme dans les années 1970, en passant par la Grande Guerre, les SA d'Ernst Röhm, la Nuit des Longs Couteaux ou encore les camps de concentration, ils vont tour à tour s'attirer et se repousser. Pourquoi ?
Lorsqu'on en vient à considérer les rapports entre nazisme et homosexualité, il convient de les prendre pour ce qu'ils sont : un tabou, dans tous leurs aspects, jusqu'à la déportation - dont le motif fut longtemps caché par ses victimes.
Lorsqu'ils sont abordés, c'est presque uniquement sous l'angle de la haine farouche des nationaux-socialistes à l'égard des homosexuels. Il ne s'agit pourtant là que d'une demi-vérité. Si la répression est indéniable, ses raisons deviennent plus obscures au fur et à mesure que l'on analyse les zigzags idéologiques auxquels s'est livré le NSDAP au cours des années précédant la «Nuit des longs couteaux».
On ne saurait en effet oublier un personnage décisif dans la fondation et l'accès au pouvoir du parti nazi : Ernst Röhm, homosexuel ne cachant rien de ses moeurs, proche ami de Hitler (si proche qu'il le tutoyait), et surtout chef de la SA. Sa simple présence dans l'organigramme national-socialiste rend impossible toute tentative de simplification des rapports entre nazisme et homosexualité.
C'est donc à une analyse nuancée que se livre Thomas Rozec, afin d'éclairer une des multiples facettes de ce qui reste aujourd'hui le traumatisme majeur du monde contemporain.
Né en 1986, diplômé en histoire de l'Université de Bretagne Occidentale, Thomas Rozec est journaliste.
Lorsqu'ils sont abordés, c'est presque uniquement sous l'angle de la haine farouche des nationaux-socialistes à l'égard des homosexuels. Il ne s'agit pourtant là que d'une demi-vérité. Si la répression est indéniable, ses raisons deviennent plus obscures au fur et à mesure que l'on analyse les zigzags idéologiques auxquels s'est livré le NSDAP au cours des années précédant la «Nuit des longs couteaux».
On ne saurait en effet oublier un personnage décisif dans la fondation et l'accès au pouvoir du parti nazi : Ernst Röhm, homosexuel ne cachant rien de ses moeurs, proche ami de Hitler (si proche qu'il le tutoyait), et surtout chef de la SA. Sa simple présence dans l'organigramme national-socialiste rend impossible toute tentative de simplification des rapports entre nazisme et homosexualité.
C'est donc à une analyse nuancée que se livre Thomas Rozec, afin d'éclairer une des multiples facettes de ce qui reste aujourd'hui le traumatisme majeur du monde contemporain.
Né en 1986, diplômé en histoire de l'Université de Bretagne Occidentale, Thomas Rozec est journaliste.
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- ÉditeurHermann
- Date d'édition2011
- ISBN 10 270568042X
- ISBN 13 9782705680428
- ReliureBroché
- Nombre de pages251
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Le IIIe Reich et les homosexuels (HR.HERM.HISTOIR) (French Edition)
Edité par
Hermann Glassin
(2011)
ISBN 10 : 270568042X
ISBN 13 : 9782705680428
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