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Littérature et thérapeutique des passions: La catharsis en question - Couverture souple

 
9782705681487: Littérature et thérapeutique des passions: La catharsis en question
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Extrait :
La purgation des interprétations : conditions et enjeux de la catharsis poétique chez Aristote

par Pierre Destrée

C'est très exactement en 1498 qu'avec la première traduction de la Poétique faite à la Renaissance, celle, latine, de Giorgio Valla, que le terme de «purgation» (purgatio, et purgare en latin ; purgar en italien) apparaît pour rendre l'occurrence de la catharsis dans la fameuse définition de la tragédie, et c'est ce terme qu'on va retrouver dans la plupart des traductions et commentaires de la Renaissance, et de l'époque classique jusqu'à aujourd'hui. Et c'est tout juste un demi-millénaire après le début de cette redécouverte de la Poétique, que, comme pour fêter ironiquement ce vénérable anniversaire, les prestigieuses Oxford Studies in Ancient Philosophy publient en 2003 un article au titre provocateur : «Purging the Poetics», - entendez : purger la Poétique de la catharsis ! La thèse que défend cet article est d'une logique implacable : puisque d'une part, rien ne prépare cette apparition d'une «catharsis de telles émotions» dans la définition de la tragédie au chapitre vi, et que d'autre part, aucune utilisation n'en est faite plus avant dans la Poétique et qu'aucune explication n'en est donnée par son auteur, cette mention pourrait bien n'être en réalité qu'une glose insérée dans le texte par un copiste ancien; et comme rien, dans le corpus aristotelicum tel que nous le connaissons, ne peut vraiment prouver le contraire, il vaut donc mieux athétiser cette expression qui est aussi inutile qu'incertaine ! L'on aurait pu penser qu'une telle proposition, qui reprenait en le radicalisant le doute que certains interprètes avaient déjà eu, resterait sans lendemain. Mais cinq plus tard, la même revue d'Oxford n'hésitera pas à publier un second article défendant la même suggestion, avec un autre argument apparemment très logique, lui aussi : puisque le texte jumeau de la Politique présente le délassement et la catharsis comme une médecine destinée, respectivement, aux travailleurs et à des malades 'émotifs', et qu'Aristote considère que la tragédie, elle, s'adresse à un public de citoyens oisifs et équilibrés, la catharsis ne saurait s'appliquer à ceux-ci, ni donc constituer le but ultime de la tragédie.
Le fait qu'une même revue ait décidé de publier deux articles défendant une thèse aussi hétérodoxe, porte à penser qu'on a là le témoignage d'un malaise qui dure depuis assez longtemps déjà chez les lecteurs de la Poétique : s'il est vrai que depuis l'époque de Valla jusqu'aux études les plus récentes sur la Poétique, le champ des interprétations de la catharsis est un champ de bataille sans aucun vainqueur, ni perdant définitif, et où toute interprétation plus ou moins originale est aussitôt remise en question par une interprétation adverse, ne vaudrait-il mieux pas se purger une fois pour toute de notre nostalgie de ce Graal aristotélicien aussi imaginaire, peut-être, qu'inatteignable de toute façon ?
Présentation de l'éditeur :
S'il est une notion qui a hanté l'histoire de la tragédie et du théâtre dans son ensemble depuis Aristote, c'est bien celle de catharsis - processus de «purgation» dont la nature, l'efficacité et la légitimité n'ont cessé de faire problème. On a essayé de ressaisir, en cette enquête collective, toute une constellation d'interprétations, de débats et d'enjeux qui lui furent associés, au confluent de multiples paradigmes (esthétiques, médicaux, moraux, religieux, politiques...]. Plus largement, on a voulu suivre certains questionnements majeurs relatifs aux pouvoirs thérapeutiques de la littérature, d'un genre à l'autre, d'un moment à l'autre ; et, sans s'en tenir à la poétique du théâtre, éclairer les métamorphoses de la catharsis dans d'autres types d'expérience et de savoir. Ce parcours pluridisciplinaire conduit notamment de l'ère des philologues de la Renaissance italienne à ceux qui, en Allemagne, ont nourri la naissance de la psychanalyse, des discours critiques relatifs à la tragédie classique, ou au drame romantique, à l'univers des littératures de la violence extrême et du génocide.

Qu'en est-il aujourd'hui de la catharsis et des divers usages qu'on peut en faire ? En nous plongeant au coeur même des rapports entre émotions, cognition et jugement moral, l'antique notion de catharsis, sous des espèces nouvelles, semble décidément avoir la vie dure : elle nous attend encore bien souvent là où nous ne l'attendions plus.

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  • ÉditeurHermann
  • Date d'édition2011
  • ISBN 10 2705681485
  • ISBN 13 9782705681487
  • ReliureBroché
  • Nombre de pages291
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Darmon, Jean-charles
Edité par Hermann Glassin (2011)
ISBN 10 : 2705681485 ISBN 13 : 9782705681487
Neuf Couverture souple Quantité disponible : 1
Vendeur :
Books Unplugged
(Amherst, NY, Etats-Unis)
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