Extrait :
Avant-propos
Un siècle après Freud, la psychanalyse a complètement renouvelé, avec Lacan, sa problématique. Aujourd'hui, un nouveau cadre épistémologique sert à la penser, avec les notions d'espace et de topologie, qui en rendent compte et répondent aux questions théoriques laissées ouvertes par Freud. Dans cette approche, il faut interroger les concepts de dimension et de voisinage, inhérents à l'espace subjectif. L'expérience montre que l'espace subjectif est un espace à trois dimensions, nommées (R), (S) et (I), par Lacan. Or, cet espace relève d'une cinématique, la structure subjective n'existant qu'à se réaliser, se défaire, se dénouer et se renouer dans le cadre d'un mouvement donné de ces dimensions.
Partant d'une citation d'Encore, où Lacan posait que «le truc analytique ne sera pas mathématique», l'infatué(e) déduit la possibilité de faire sans les mathématiques. J'y vois, au contraire, la thèse selon laquelle la topologie - visant le Réel du mouvement psychique - et le formalisme deviennent des problématiques psychanalytiques nécessaires à l'extension de la théorie et à la reformulation de sa terminologie. Il ne s'agit pas là d'une bipolarité entre psychanalyse et mathématiques, mais d'une intrication formelle (comme je l'appelle) nécessaire à l'enseignement de la psychanalyse. L'écriture de la psychanalyse, ainsi liée à l'exigence de consistance théorique et au formalisme, représente une tentative de coupure par rapport aux idéologies psychanalytiques. Le point décisif, ici, tient au fait que cette visée est toujours une localisation des avancées liées aux hypothèses sur la structure subjective. C'est en effet dans les lieux qu'on nommera Réel, Symbolique et Imaginaire qu'opère la rétroaction des signifiants constituant la subjectivité. Or, seule la topologie rend compte des espaces liés à ces variations.
Une telle tentative formelle, c'est un fait d'expérience, heurte la grande hystérique présente dans les cercles analytiques. La jouissance de l'insatisfaction la pousse à objecter aux certitudes ainsi acquises. Elle conteste donc le fait que la topologie du sujet-de-l'inconscient puisse apporter, dans une saisie momentanée, une aperception locale de la structure qui vaille comme consistante. D'évidence, le contentement pris à ces écritures formelles, scandant l'écriture théorique de la psychanalyse, relève du Symptôme ; celui-ci fait arrêt au désir, cependant le soutient et ne cesse de le relancer - c'est ce qu'on nomme sinthome.
Présentation de l'éditeur :
Partant d'une citation d'Encore, où Lacan posait que «le truc analytique ne sera pas mathématique», certains déduisent la possibilité de faire sans les mathématiques. J'y vois, au contraire, la thèse selon laquelle la topologie et le formalisme visant le réel du mouvement subjectif deviennent des problématiques psychanalytiques nécessaires à l'extension de la théorie et à la reformulation de sa terminologie. Il ne s'agit pas là d'une bipolarité entre psychanalyse et mathématiques, mais d'une intrication formelle (comme je l'appelle) nécessaire à l'enseignement de la psychanalyse.
En effet, la topologie subjective apporte, dans une saisie momentanée, une aperception locale de la structure qui vaut comme consistante.
Jean-Gérard Bursztein, psychanalyste, pratique et enseigne à Paris. Il est Docteur en philosophie et chargé de conférences à l'École Pratique des Hautes Études.
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