Écrits/Writings, Volume I : Composer le son: Repères d'une exploration du monde sonore numérique - Couverture souple

Risset, Jean-Claude

Couverture souple

ISBN 10 : 2705687947 ISBN 13 : 9782705687946

Editeur : Hermann, 2014

A propos du livre

Extrait :

Avant-propos d'Olivier Class

Jean-Claude Risset est à la fois musicien et scientifique. Cette singularité l'expose à un certain nombre de préjugés. En France, notamment, une telle «double nature» est difficilement concevable à cause de la barrière arbitraire dressée entre science et musique, comme si la rigueur qu'implique la première nuisait à la fantaisie et bridait la verve créatrice de la seconde. En d'autres termes, la composition ne serait ni rigoureuse ni sérieuse et serait donc incompatible avec la science.
A l'inverse, il serait facile de croire que les oeuvres de Risset se nourrissent uniquement du fruit de ses recherches. Qu'en serait-il alors du patrimoine, de la tradition ? Un scientifique n'aurait-il pas la tentation de faire table rase du passé, de vouloir créer ex nihilo, surtout dans notre société envahie par le virtuel ? Dans les années cinquante, la tabula rasa des compositeurs sériels n'a duré que deux ans. L'ordinateur et les sons numériques pourraient-ils faire mieux ?
Un compositeur est forcément influencé par la culture dans laquelle il évolue, notamment - et c'est d'autant plus paradoxal - lorsqu'il veut rejeter celle-ci. On peut faire du neuf avec du neuf, mais cette nouveauté se confrontera toujours à ce qui existe déjà. La nouveauté interloque, et on ressent toujours le besoin de la resituer par rapport à des références.
S'il peut être dangereux de faire table rase du passé, le fait de vouloir tout lui relier, de créer des liens à tout prix (au risque de se tromper ou d'établir des raccourcis simplistes) l'est tout autant. Ces deux attitudes extrêmes traduisent la peur face à la nouveauté, ou bien encore l'incapacité de l'assumer et le besoin de se justifier. Mais une oeuvre digne de ce nom doit-elle justifier son originalité ? Doit-elle même, tout simplement, se justifier ?
Risset, qui a fort bien compris cette problématique, n'a jamais cédé à la tentation de justifier l'originalité de son oeuvre par la science ou la nouveauté des sons numériques qu'il a développés. Certes, ses découvertes nourrissent son oeuvre, l'inspirent, lui donnent des modèles. Mais, bien qu'il se soit livré à un travail rigoureux de recherche en sciences dures, ni lui ni ses collègues ne se sont jamais détournés ni de l'art ni de la musique. On lira d'ailleurs avec intérêt, dans le présent ouvrage, le portrait qu'il dresse de Max Mathews, «Max Mathews a ouvert l'âge numérique», un article assorti d'anecdotes personnelles.
Risset a écrit beaucoup de textes que l'on peut qualifier de «musicologiques». La plupart ont un caractère historique et sont consacrés à l'évolution de la technologie musicale depuis la fin du XIXe siècle. Mais il n'hésite pas à remonter plus loin au besoin, car les technologies d'aujourd'hui apportent leurs propres réponses à des problématiques parfois très anciennes. Par exemple, parlant des mélanges de jeux d'orgue, Risset n'hésite pas à y voir le premier synthétiseur, conçu plusieurs siècles avant l'avènement des premiers sons numériques. De même, le texte consacré à Simha Arom montre comment l'usage du synthétiseur permet d'appréhender les principes complexes d'une culture musicale africaine.
En fait, le travail scientifique permet de porter un regard critique sur le travail de composition et sur la musique. Il donne un recul nécessaire face à la diversité des esthétiques qui prolifèrent depuis la Seconde Guerre mondiale. C'est ce que l'on ressent à la lecture de tous ces écrits musicologiques, et il n'est pas surprenant qu'ils soient en grande partie des actes de colloques ou de conférences pour lesquels le compositeur a été sollicité.

Présentation de l'éditeur :

Depuis 1957, le son numérique occupe une place grandissante dans les préoccupations des compositeurs. Jean-Claude Risset est dans ce domaine un pionnier majeur. «Risset est l'un des fondateurs de la musique par ordinateur qui a contribué à l'établir comme un médium significatif» (Paul Wienecke, 1 979). «En 1 969, Jean-Claude Risset soulignait [...] que la structure harmonique d'un son pouvait être prolongée dans le timbre» (Hugues Dufourt, 2003). Risset est mû par l'ambition de prolonger l'acte de composition jusqu'au niveau de la microstructure : il cherche à composer le son lui-même.

Ce premier ouvrage contenant les écrits de J.-C Risset balise sa recherche à la fois scientifique et musicale : il expose clairement les principes de la synthèse et les exigences de la conquête de nouveaux territoires sonores, puis il présente les principaux acteurs qui ont élargi le matériau musical. Ces trente textes (dont sept sont en anglais) fournissent d'importants repères de l'exploration des ressources musicales que Risset poursuit depuis les années 1960, des Bell Laboratories à l'IRCAM, de Stanford à Marseille.

Jean-Claude Risset, compositeur et chercheur (Grand Prix National de la Musique 1990, médaille d'or du CNRS 1999), est avec Max Mathews et John Chowning l'un des principaux pionniers de la synthèse sonore par ordinateur : il est l'auteur de plus de soixante dix-sept oeuvres illustrant synthèses imitatives, composition du son, musiques mixtes, illusions acoustiques, interaction nouvelle entre pianiste et ordinateur.

À propos de cette édition

• Éditeur: Hermann
• Date d'édition: 2014
• ISBN 10: 2705687947
• ISBN 13: 9782705687946
• Reliure: Broché
• Nombre de pages: 445