Extrait :
Extrait de l'introduction de René Favier, LARHRA-UMR CNRS 5190 - Université Pierre Mendès France-Grenoble 2 :
Les textes réunis dans ce volume rassemblent les principales communications présentées les 28 et 29 avril 2005 lors du colloque «Archives familiales et noblesse provinciale» organisé en hommage à Yves Soulingeas, ancien directeur des Archives départementales de l'Isère par le LARHRA (Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes) - UMR CNRS 5190, l'association «Patrimoines de l'Isère» et les Archives départementales de l'Isère. Entre 140 et 180 personnes ont assisté durant ces deux jours, le premier aux Archives départementales de l'Isère, le second au château du Touvet, aimablement mis à la disposition des organisateurs par M. et Mme de Quinsonas-Oudinot, aux communications et aux discussions présentées tout à la fois par des historiens, des archivistes et des familles propriétaires de fonds privées. L'importance de la manifestation a été soulignée par M. Gérard Ermisse, directeur du CARAN, qui a rappelé que pour la première fois les uns et les autres se trouvaient réunis pour parler des questions tout à la fois administratives, éthiques et scientifiques soulevés par la conservation et la consultation de ces fonds privés.
Les différentes communications ont mis en évidence la diversité et l'importance de ces archives familiales pour les études historiques. Cette richesse tient tout d'abord à la nature des fonds conservés : écrits intimes (correspondance, journaux, livres de raison, documents iconographiques), registres des comptabilités domaniales, mais aussi papiers de fonction conservés par les familles qui, du fait même de la vénalité des offices sous l'Ancien Régime, se confondaient avec les papiers privés et se transmettaient aux héritiers pour prouver le bon exercice de la charge que l'on avait occupée. Ces fonds constituent des sources essentielles pour les études historiques, qu'elles relèvent des champs de l'histoire politique, culturelle, économique (et notamment domaniale), sociale (plus particulièrement l'histoire de la vie privée).
Un mot de l'auteur :
Les fonds privés des anciennes familles aristocratiques sont pour les historiens une mine encore trop peu exploitée, tant pour l'histoire de la noblesse elle-même que, plus généralement, pour toutes les études relevant des champs de l'histoire politique, administrative et diplomatique.
D'une part, les registres des comptabilité domaniales permettent d'accéder aux formes de la construction et de la gestion des patrimoines, tandis que, par les informations relatives à l'enfance, aux réseaux de sociabilité, à l'amitié ou au sentiment amoureux, les nombreux écrits intimes (correspondance, journaux, livres de raison, documents iconographiques) contribuent à une véritable ethnologisation de l'histoire des élites. Les papiers de fonction pour leur part qui, conservés par les familles en raison même de la vénalité des offices, se confondaient avec les papiers privés et se transmettaient aux héritiers pour prouver le bon exercice de la charge occupée, constituent bien souvent des contrepoints ou des compléments indispensables aux archives administrative officielles.
La consultation de ces fonds pose pourtant des problèmes complexes qui tiennent à leur dispersion fréquente au gré des héritages, aux conditions de leur conservation et de leur accessibilité dans les demeures privées, ou aux capacités de gestion des services d'archives publiques lorsque les familles, encouragées par des associations, souhaitent les déposer.
En hommage à Yves Soulingeas, ancien directeur des Archives départementales de l'Isère et passionné par la collecte des fonds privés anciens, propriétaires d'archives, conservateurs et historiens se sont réunis pour la première fois pour présenter leurs points de vue contradictoires sur les questions administratives, éthiques et scientifiques que soulèvent la conservation et la consultation de ces fonds privés, et ouvrir un débat qui fera date.
René Favier, Professeur d'histoire moderne - Université Pierre Mendès France
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