Extrait :
Avant-propos
À chacun sa vision, sa définition du mot, ses souvenirs. Potager. Ce mot me ramène au grand-père de ma femme, ouvrier mécanicien dans les mines d'ardoise de Trélazé qui, une fois sa journée de travail achevée, allait cultiver ses trois jardins destinés à nourrir les huit enfants. Il faut imaginer alors ce que ça signifie. Si le premier jardin est à proximité de la maison, ce n'est pas le cas des deux autres, où il faut se rendre à vélo, les bidons d'eau solidement fixés dans la petite carriole, voire maintenus par un des «petits» qui savoure la vitesse du trajet, trouve même les cahots et les quelques gouttes qui s'échappent des bidons plaisants. Bien plus plaisants en tout cas que la corvée de désherbage qui l'attend à peine aura-t-il sauté de la carriole. Même si, comme nombre d'ouvriers des mines, il aimait cette activité, était fier et appréciait de se rendre dans ses jardins, combien nous sommes éloignés - dans nos actuels potagers plaisirs - de son cas, qui n'est pourtant pas si ancien.
Ces jardins - où pour la plupart d'entre nous les légumes qui y croissent ne sont désormais plus indispensables à notre survie alimentaire, mais un délicieux complément - sont une source de découverte et de partage. Combien je comprends que pour ces ouvriers de l'immédiat après-guerre il pouvait y avoir une vraie pression, une vraie peur de manquer si les récoltes étaient trop maigres. Pour ces jardiniers d'alors, une infestation de mildiou sur des pommes de terre qui les faisait pourrir dans le sol, des limaces qui dévoraient les semis étaient catastrophiques. Mais pour nous ? Que ce soit une déception, que cela puisse aller jusqu'à nous mettre en colère parfois, soit ; mais de là à mettre en batterie l'artillerie lourde de la chimie de synthèse, il y a un pas. Et pourtant, si nos réalités quotidiennes ont incroyablement changé depuis un demi-siècle, paradoxalement, nos potagers tant par les méthodes qui y ont cours que par les plantes qui y sont cultivées commencent tout juste à évoluer, bien plus lentement que l'environnement global dans lequel nous les cultivons. Un environnement rassurant, où la peur de manquer est absente, où pour nombre d'entre nous des vacances, des week-ends prolongés, voire plus simplement quelques sorties nous rappellent qu'il est désormais loin ce temps où les potagers étaient plus associés à la contrainte qu'au plaisir.
Il n'y a plus de disette en France, on mourrait même plutôt de l'inverse, de trop manger ou du moins de mal manger. Voire les deux... Nos potagers nous permettent désormais de bien ou mieux nous nourrir, pour certains de couvrir la quasi-totalité de leurs besoins alimentaires sans trembler en cas d'échec, mais quoi qu'il en soit ils nous offrent à tous un espace où rêver, contempler. Un lieu privilégié où se raccrocher à une idée de terre nourricière, celle que nous oublions quand nous la foulons sans plus la voir tant elle est recouverte de trottoirs, d'asphalte ou de ballast. Quelle évolution pour aboutir à ce qui, il y a à peine un demi-siècle encore, serait passé pour un oxymore : le potager plaisir. A nous de savoir profiter de ce luxe. Apprenons à jardiner autrement. À l'obligation de réussite qui régissait les jardiniers qui nous ont précédés, substituons par exemple le plaisir de faire de beaux jardins, réversibles, harmonieux, productifs dans la mesure de nos besoins, et surtout propices au rêve et à l'évasion.
Revue de presse :
« [...] auteur de plusieurs ouvrages potagers qui donnent envie de tout planter là et d'aller sarcler en paix. Aussi scrupuleuse avec les renvois d'ascenseurs qu'avec les prêts de sécateur, je ne sais pas si j'aurais osé lui faire de la réclame, mais, là, je m'incline car son dernier-né a reçu le prix Saint-Fiacre et le prix Saint-Fiacre, voyez-vous, c'est un peu le Nobel des jardiniers, c'est la classe. Oui, je m'incline et je vous le dis simplement : si vous aimez les rouges-gorges, les coccinelles, la poésie, la philosophie, la fantaisie, le silence, les saisons, les cieux, l'humour, le bon sens, la bonté, la folie, la générosité des gens passionnés, le rose délicat des ocas du Pérou, le goût (sublime !) du cerfeuil tubéreux, des poires de terre, de la capucine ou de l'ail des ours, offrez-vous ces 240 pages affinés, buttées et si bien tenues, elles vous nourriront. » Adopte un livre par Anna Gavalda --Elle
« Un superbe ouvrage cartonné, magnifiquement illustré. Un livre à déguster dans son salon avant de profiter de sa propre récolte. » --La Capitale (Belgique)
« Avec Xavier Mathias, faire son potager c'est du sérieux. Ce maraîcher bio qui enseigne également « Au potager du roi » à Versailles, partage une bonne partie de son savoir. Écrit avec tant d'humour, on se régale rien qu'à la lecture du livre. En attendant de se régaler avec les fruits du potager. » --L'Alsace
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