Revue de presse :
Ellipses, non-dits, fausses pistes et interrogations sans réponse : voilà les matériaux qu'avec précision Yves Ravey travaille, ordonne et ajuste, pour construire ce roman dont l'énigme intrinsèque, anxiogène, rayonnante de noirceur, ne porte évidemment pas sur la mort du dénommé Marius Kaltenmuller. Cette énigme, c'est Lucky qui en est la clé. Comme l'enfant de Pris au piège (éd. de Minuit, 2005), roman dont Cutter constitue à certains égards une sorte de miroir, ou de prolongement, Lucky est comme pris au collet, malmené, spolié, livré aux manipulations de ceux qui l'entourent et à l'opacité menaçante de situations inexplicables. Vulnérable, enferré, mais aussi buté, audacieux, crâne. Cutter est peut-être, en ce sens, le récit d'une émancipation sanglante, d'une libération. Mais peut-être aussi l'observation d'un piège qui se referme inexorablement. A chacun de voir. (Nathalie Crom - Télérama du 21 octobre 2009)
C'est une véritable quintessence de son art romanesque que nous propose Yves Ravey avec Cutter. Un titre à la fulgurance d'une soudaine entaille. Le lecteur, ainsi qu'à l'ordinaire, se trouve en effet précipité dans le vif d'une action aux dehors étranges...
Le narrateur Lucky et sa soeur Lili, leur oncle Pithiviers, l'Institut de surveillance, le couple Kaltenmuller, son chat Oswald, l'inspecteur Saul : nous voici bien, de nouveau, dans le petit monde théâtralisé d'Yves Ravey. On attrape au vol une histoire depuis longtemps lancée, au moment même où les choses vont s'aiguiser. Lucky et Lili sont embauchés une fois par semaine par Marius et Adélaïde Kaltenmuller, pour des travaux d'entretien et de jardinage...
Ce qui se dit ne relève pas d'une communication, mais d'une violence foncière. Et cela se passe dans un temps stagnant, comme semé en chemin par l'histoire. Avec des voitures d'un autre âge : la Taunus, la R8, l'Ami 6. Le langage le plus parlant y est peut-être celui de la lame du cutter s'enfonçant dans les chairs. (Jean-Claude Lebrun - L'Humanité du 29 octobre 2009)
De l'importance des outils quand un des personnages moteurs est le jardinier d'une trop jolie femme : cutter, sécateur, couteau, serpette... Ces lames sont assorties à des objets précieux : boîte de fer où de l'argent a été volé, montre en or, briquet plaqué or, robes séduisantes d'Adélaïde à motifs de perroquets, de coquelicots, toute la panoplie d'Éros. Le héros principal s'appelle Lucky et c'est le narrateur, il aime sa soeur Lily même s'il passe pour un simple d'esprit apathique...
Dans l'oeil du cyclone celui d'un enfant, sa quête impulsive de sa soeur perdue. Il regarde, il promet, il se dédit, il ment, il s'enfuit, on lui coupe le chemin, il avoue, il voit tout, il sait tout de la jungle et des fauves qui la peuplent. Il ne la pense ni ne la juge. Peut-être deviendra-t-il comme les autres. Nul mélodrame pourtant. Le film hypnotique et haché des séquences. L'effroi des perceptions et des réactions brutes. (Patrick Grainville - Le Figaro du 5 novembre 2009)
Présentation de l'éditeur :
L'Institut de surveillance avait placé Lucky et Lili au service des Kaltenmuller. Lili était chargée du ménage, Lucky des fleurs, sous l'autorité de leur oncle Pithiviers qui leur avait ordonné de taire tout ce qu'ils voyaient.
Mais c'était sans compter sur l'amour de Lucky pour sa soeur ni sur les multiples usages du cutter.
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