Extrait :
Extrait de l'Éditorial
Le site balnéaire. De l'invention d'un type architectural, urbain et paysager au souci patrimonial d'un mode de sociabilité et de loisirs
Dans le vaste panorama critique qu'il consacre à l'architecture de la villégiature - auquel lecteur voudra bien se reporter pour trouver le détail des références bibliographiques dont il aura besoin et dont on ne peut évoquer ci-dessous que quelques-unes - Claude Mignot rappelle avec opportunité les étapes qui ont ponctué la redécouverte et la réévaluation du XIXe, ce siècle de l'art longtemps mal aimé en France : l'éclectisme, le néo-gothique (et ses nombreuses églises), l'art nouveau (et ses charmants hôtels particuliers). Il reconnaît qu'en 1983, au moment où lui-même et François Loyer publiaient leurs respectives et précieuses synthèses sur le «siècle de l'industrie», toujours utilisées avec profit aujourd'hui, d'autres champs restaient alors dans l'ombre qui, pourtant, allaient contribuer à renouveler en profondeur les thèmes et les méthodes de l'histoire de l'architecture dans notre pays : le thermalisme, les formes du monde du travail (cités ouvrières et châteaux de l'industrie), l'architecture coloniale, la villégiature balnéaire comptent parmi les principaux de ceux-ci.
Il est vrai qu'Alain Corbin n'avait pas encore démontré le retournement des sensibilités qui s'opère entre XVIIIe et XIXe siècle et qui prépare le monde occidental à convertir d'anciens réflexes de peur en objets de désir, de fascination et même d'irrésistible attraction. Il est vrai aussi, à l'autre bout de la chaîne, que le phénomène balnéaire n'était pas encore tout à fait apprécié comme patrimoine éblouissant qu'il est devenu, aux veux de tous, aujourd'hui. La vocation touristique de la France d'après-guerre, la surfréquentation du littoral qui en résulte, la vogue des bains mer associée au tropisme solaire à l'époque gaulliste, l'essor incontrôlé des équipements de loisir aboutissant parfois à la destruction inopinée des icônes qui faisaient la beauté des anciennes stations, la démolition des villas remplacées par d'inélégants immeubles collectifs, l'envahissement anarchique des lotissements lancés avec brutalité à l'assaut des dunes et des promontoires, naissance ex nihilo de sites contemporains appelés à devenir plus tard des destinations à succès tous ces mouvements de masse ont d'un coup, au tournant des années 1980, dessillé les yeux grand public et contribué à modifier notre regard sur le littoral. Il est logique que la France ait été lente à opérer cette prise de conscience : la mer n'a pas eu, pour elle, le même caractère impérieux d'identité que pour la Grande-Bretagne où elle est, depuis au moins le XVIIIe siècle, un symbole essentiel de la conscience nationale.
Présentation de l'éditeur :
REVUE
DE
L'ART
Septembre 2009 n° 165/2009-3
Éditorial
Jean- Yves Andrieux Le site balnéaire.
De l'invention d'un type architectural, urbain et paysager au souci patrimonial d'un mode de sociabilité et de loisirs
Étude
Bernard Toulier
De la ville régulière à la ville paysagère.
La première génération des villes nouvelles balnéaires du littoral Manche-Atlantique sous le Second Empire
Notes et Documents
Dominique Jarrassé
Les stations thermales de Tunisie à l'époque coloniale
Elisabeth Justome
La «plage à bon marché».
Un aspect de la villégiature sur la côte picarde
Jean-François Pinchon
Les stations nouvelles du Languedoc-Roussillon.
Un patrimoine balnéaire, image exemplaire des Trente Glorieuses
Richard Klein
Le Touquet : du «paradis des sports» à la «station des quatre saisons»
Stéphanie Jamet-Chavigny
Le Corbusier sous l'angle de la sculpture
Découverte
Jean-Marc Vasseur
L'oeuvre de Paul Balze à l'abbaye de Chaalis
Note de lecture
Bertrand Jestaz
La Kunstkammer des ducs de Bavière
Bibliographie critique
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