Extrait :
Extrait de l'introduction de Catherine Garbay et Daniel Kayser
D'un côté, les Sciences Cognitives ont pour ambition d'analyser les facultés «supérieures» des êtres vivants. De l'autre, les ordinateurs ont été construits pour effectuer des tâches fastidieuses nécessitant de grandes quantités de calcul. A priori, rien ne destinait donc l'informatique à influencer ou à être influencée par les sciences cognitives.
Et pourtant, l'histoire de ces deux domaines montre des phases d'attirance et de répulsion intenses, jamais de l'indifférence ! Ces relations ont souvent été analysées ; par exemple, à de nombreuses reprises, la métaphore esprit-ordinateur a été mise sur la sellette, et un bilan contrasté en a été tiré. Pourquoi examiner aujourd'hui à nouveaux frais les rapports entre ces deux domaines ?
Parce que l'informatique connaît depuis quelques années des bouleversements profonds : les progrès techniques ont conduit à l'apparition de serveurs de calcul connectés en réseau, distribuant sur la «toile» des services élaborés, permettant l'accès à des patrimoines informationnels de plus en plus vastes, via des interfaces innovantes et des ressources embarquées, dans un contexte de mobilité et de personnalisation accrues.
Les rapports entre informatique et sciences cognitives, qui passaient jusqu'ici principalement par la branche de l'intelligence artificielle (LA.) et concernaient essentiellement des modèles de raisonnement ou de compréhension - souvent réduits à des «problèmes jouets» -, se sont étendus, à la fois qualitativement et quantitativement. En effet, des masses de données de toutes sortes sont devenues disponibles pour un traitement informatique ; de plus, la rapidité du calcul et des transmissions, et le développement de la multimodalité des interactions ont modifié de fond en comble les usages de l'ordinateur.
Les outils informatiques développés pour l'intelligence artificielle dans la deuxième moitié du XXe siècle, confrontés au «passage à l'échelle», ont souvent été supplantés par des techniques moins raffinées mais plus efficaces et plus robustes, basées sur l'analyse statistique de grands volumes de données facilement accessibles, ou sur la «force brute».
Les différents chapitres du présent ouvrage cherchent à montrer que les informaticiens n'ont pas oublié leurs ambitions «cognitives», même si, au cours du temps, ils ont été amenés à les reformuler : c'est l'aspect «confluence» évoqué par le titre. Mais l'ouvrage veut également témoigner que ces évolutions ont créé parallèlement de nouvelles perspectives, peut-être moins exaltantes, mais tout aussi importantes pour le devenir de nos pratiques, et il le fait par l'examen de diverses «influences» perceptibles entre informatique et sciences cognitives.
Il est clair que notre objectif n'a pas été et ne pouvait être l'exhaustivité, et de nombreux secteurs aussi bien des sciences cognitives - domaine dont les frontières sont mal définies et qui continue d'évoluer rapidement - que de l'informatique - dont il n'est pas besoin de rappeler à quel point elle se transforme de jour en jour - auraient mérité d'être abordés ici. Bien que les contingences aient joué un certain rôle dans le choix des sujets traités, nous pensons que leur variété présente un échantillon représentatif de la problématique des relations entre ces deux domaines. Avant d'en donner une rapide présentation, un très bref retour sur l'histoire de ces rapports nous semble opportun.
Présentation de l'éditeur :
D'un côté, les sciences cognitives ont pour ambition d'analyser les facultés "supérieures" des êtres vivants. De l'autre, les ordinateurs ont été construits pour effectuer des tâches fastidieuses nécessitant de grandes quantités de calcul. A priori, rien ne destinait donc l'informatique à influencer ou à être influencée par les sciences cognitives. Faisant appel aux informaticiens et aux spécialistes des différentes disciplines cognitives - neurosciences, linguistique, psychologie, etc. -, cet ouvrage interroge la variété des points de rencontre entre leurs problématiques respectives tout au long du XXe siècle. Il rappelle par exemple que l'informatique a montré la difficulté insoupçonnée de tâches qui nous paraissent simples et la simplicité de tâches qui nous semblaient complexes et a posé, dès lors, la question de l'efficacité du comportement humain. Il analyse aussi la façon dont des notions habituellement étudiées par les sciences cognitives - la perception, le langage et l'intelligence, la rationalité mais aussi la mémoire, l'apprentissage, la représentation ou la connaissance - ont changé de contenu à partir du moment où l'informatique s'est essayée à les modéliser. Riche de ces apports pluridisciplinaires, cet ouvrage nous invite à réfléchir à la façon dont les technologies de l'information modifient l'expérience humaine, affectent nos façons de voir, de raisonner, de mémoriser, voire augmentent le champ de notre expérience.
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