Extrait :
Extrait de l'introduction :
LA MYTHOLOGIE FORCÉE autour de la «Tanagra» est paradoxalement un événement moderne : elle s'explique par les conditions de trouvaille, résultant de fouilles clandestines, qui firent brusquement surgir sur le marché de Part à partir de 1871 quantité de gracieuses figurines surtout féminines enveloppées dans leur manteau et saisies dans l'instantanéité d'un geste ou d'une pose, et que l'on nomma aussitôt du nom de leur lieu de découverte. Elle plonge aussi ses racines dans les créations artistiques contemporaines qu'elles inspirèrent, tant françaises qu'anglo-saxonnes. Elle s'est éclose enfin, dans le goût bourgeois de cette fin du XIVe siècle qui trouva heureux de former des collections constituées non plus des fameux vases grecs mais de ces touchantes figurines aux préoccupations apparemment si proches de nos activités modernes.
Le phénomène tanagréen, même s'il ne fut pas ainsi nommé ni même sans doute perçu comme tel, correspond cependant bien aussi à une réalité antique. Car c'est un fait maintenant bien établi, une nouvelle l'ois affirmé lors de l'exposition du musée du Louvre «Tanagra-Mythe et archéologie», que ce style créé à Athènes vers.'340-3.30 av. J.-C. se propagea largement sur le Bassin méditerranéen, et parfois fort avant dans les terres (Suse, Babylone, ou des cités autour de la mer Noire ont livré de ces fameuses Tanagréennes), probable symbole des valeurs grecques contre la nouvelle puissance montante romaine.
Le pillage systématique à la lin du XIXe siècle des tombes situées le long des routes de Tanagra (Béotie), tout en nimbant les statuettes d'un charme mystérieux, empêcha les archéologues contemporains d'apprécier les données archéologiques, dépendant les fouilles de sauvetage de ces dernières années à Tanagra ou à Thèbes, ou encore les prospections sur le site même offrent la possibilité de restituer aujourd'hui des pratiques funéraires et de retrouver des vestiges architecturaux, que l'on croyait à jamais perdus. L'apport, d'autre part, des nouvelles technologies appliquées aux objets, confrontées aux analyses techniques et stylistiques, permettent pour la première fois d'apporter des renseignements sur des pratiques artisanales qu'aucune source littéraire antique ne donne jamais. Enfin, les fouilles récentes où fut mis au jour ce type de figurines, connue les nouvelles découvertes dans des régions, parfois lointaines, de la Grèce antique (comme la Turquie ou l'Italie actuelles) fournissent un précieux matériel de comparaison.
Présentation de l'éditeur :
Fortuitement découvertes en masse au début des années 1870 dans les nécropoles de l'ancienne Tanagra (Béotie), ces figurines en terre cuite qui avaient été exportées sur tout le pourtour méditerranéen dès la fin du Ive siècle av. J.C., devinrent rapidement des objets de convoitise et reflets des rivalités entre grands musées et collectionneurs. L'absence de contexte archéologique local, perdu en raison des pillages, avait jusqu'alors laissé pendante la question cruciale de leur signification dans l'Antiquité, de même qu'avait été négligé le co,texte artisanal qui avait présidé à leur création. La confrontation avec des œuvres récemment trouvées dans des contextes parallèles et l'utilisation des méthodes d'analyse scientifiques les plus modernes permettent aujourd'hui aux archéologues et conservateurs de lever une partie du voile.
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