Extrait :
Extrait de l'introduction
LA PREMIÈRE FAÇON DE réagir de John Lennon - qu'il s'agisse de joie ou de peine, de peur ou de dégoût, de rigolade ou de fureur - était de le faire par écrit. Sa réponse était en mots, pas seulement en musique. Il lui était totalement naturel de coucher sur le papier chaque nouvelle idée, pensée ou envie de communiquer.
John Lennon n'a pas connu les ordinateurs, mails, tweet et autres joyeusetés. Toute sa vie, il a donc écrit ou tapé à la machine lettres et cartes postales à sa famille, ses amis, ses fans, à des étrangers, des journaux, des organisations, avocats ou blanchisseurs. La plupart de ces missives étaient drôles, informatives, engagées, malines, folles, angoissées, poétiques. Quelquefois même, poignantes.
On sait, à partir de ses textes de chansons et avec ses deux recueils de poèmes qui se vendent toujours autant, qu'il avait un vrai talent d'écriture, mais sa correspondance n'avait jamais été rassemblée ni publiée car elle demeurait en grande partie inconnue.
Cela était principalement dû à la loi sur les droits d'auteur - qui, en l'occurrence, pour la correspondance de John Lennon, concernent Yoko Ono.
Ma première rencontre avec Yoko date de 1967, quand celle-ci m'avait demandé de figurer dans son film Bottoms (j'avais refusé), puis ensuite, alors que j'étais en pleine rédaction de la biographie des Beatles. Il y a quelques années de cela, je lui faisais remarquer qu'il serait bon que quelqu'un s'attelle à la compilation de la correspondance de John - des lettres aux cartes postales en passant par toutes sortes de témoignages - pour en montrer l'intérêt et l'humour. Elle n'était pas très enthousiaste au départ, pensant que la correspondance privée de John devait le rester.
En octobre 2010, Yoko vint à Londres pour inaugurer une plaque commémorative à Montagu Square (où elle vécut un moment avec John) et me pria de faire un discours à cette occasion. Le lendemain, nous eûmes un long entretien et j'en profitais pour remettre le sujet sur le tapis. En les publiant, j'avais dans l'idée de tracer le maximum de ces correspondants, trouver qui ils étaient, ce qu'ils faisaient, comment ils étaient connectés à la vie de John et, le plus important, clarifier les références implicites ; ce qui, sans la bénédiction de Yoko, était quasiment impossible.
Je lui suggérais que l'une des raisons pour lesquelles il était urgent de rassembler la correspondance de Lennon était que beaucoup des destinataires étaient déjà morts et que les survivants étaient vieillissants et fragiles. En fin de compte, Yoko accepta le projet et s'engagea à la publication des lettres de John.
Mais, pour sa part, elle ne put fournir aucune lettre. Ils ne s'écrivaient quasiment pas puisqu'ils étaient tout le temps ensemble, et qu'ils se téléphonaient jusqu'à vingt fois par jour. La poignée de lettres et notes en sa possession a été égarée au fil des ans, ou plus probablement s'est volatilisée entre quelques mains bien intentionnées. En d'autres mots, volée.
J'ai dû retrouver tout ce qu'il était possible de récupérer comme lettres, cartes postales, notes, listes et fragments. Et, en tant qu'auteur du projet, j'ai élargi le sens du mot «correspondance».
Au tout début, je croyais même qu'il y avait beaucoup de cachettes secrètes bien garnies. Peut-être même que des collectionneurs extrêmement riches en dissimulaient de nombreuses dans des bunkers souterrains, ou à l'abri de coffres dans des banques suisses. Ou bien alors, qu'il y avait des collections semi-privées aux États-Unis ou au Japon, ou encore des musées bien dotés qui m'auraient permis, avec les bonnes autorisations, d'en compulser de larges extraits. Mais l'idée du super collectionneur des Beatles se révéla illusoire.
Le mode opératoire des riches collectionneurs d'aujourd'hui est le suivant : ils partent en chasse d'objets de leur pop ou rock star favorite, glanent çà et là une photo signée d'Elvis, une lettre de Dylan, des paroles de chanson de Lennon, une guitare d'Eric Clapton ou un disque d'or de Mick Jagger. Ensuite, lorsqu'ils ont trouvé ce qu'ils cherchaient, ils passent à autre chose et changent de registre.
Il s'avéra que la majorité des lettres se trouvait entre les mains de centaines de petits possesseurs - des gens ordinaires, pas vraiment riches, mais fervents collectionneurs complètement au fait de ce qu'ils possèdent. La plupart des lettres individuelles appartiennent en réalité à des particuliers. A l'époque à laquelle les prix étaient encore accessibles - des années 1980 au début des années 1990 - la majorité des enchérisseurs des souvenirs pop était de simple fans qui se retrouvaient avec quelque mille livres à dépenser en souvenir d'un héros de leurs années d'adolescence. Quand les prix montèrent, beaucoup d'entre eux commencèrent à échanger et enchérir pour s'en offrir d'autres plus précieux.
L'un des collectionneurs qui me rendit le plus de services fut un cadre de l'hôpital de Nottingham, Dean Wilson, qui avait commencé vingt ans auparavant une collection Lennon et avait constamment revendu ses pièces pour en obtenir de meilleures. J'ai été stupéfait quand il m'a avoué avoir possédé personnellement, au fil des ans, dix manuscrits de Lennon. Depuis, toujours en poste à l'hôpital, il ne détient plus qu'une seule pièce de sa collection, enfermée dans un coffre à la banque.
Je me suis souvent demandé pourquoi les correspondants de John avaient revendu leurs lettres, sans vraiment être dans le besoin ; mais quand je suis entré en contact avec eux, il apparut que la vérité était ailleurs. L'une d'entre eux avait vu sa propre fille lui voler sa lettre pour la revendre afin d'acheter sa drogue. Un autre, parti en voyage autour du monde lors d'une année sabbatique, s'était aperçu que son père - qui avait un besoin urgent d'argent pour son business - en avait profité pour la lui prendre sans le lui dire et la vendre aux enchères. Inutile de dire qu'ils ne se parlent plus. Aujourd'hui, il tente désespérément de la récupérer, sauf que son actuel propriétaire n'a aucune envie de la lui rétrocéder.
Revue de presse :
On y trouve de tout, en fac-similés : des cartes postales bourrées de jeux de mots, des autographes où Lennon cache son mariage avec Cynthia pour ne pas désespérer les fans, des listes domestiques pour réclamer des paquets de Gitanes et des «fleurs pour Yoko». On y découvre surtout les lettres, parfois violentes et parfois très drôles, souvent déchirantes, presque toujours déjantées, d'un type lunaire et lunatique qui avait rêvé d'être journaliste, et qui les a tous eus à ses trousses. Le vrai visage d'un homme devenu aussi célèbre que le Christ, parce qu'il avait composé quelques-unes des meilleures chansons du XXe siècle. (Grégoire Leménager - Le Nouvel Observateur du 4 octobre 2012)
Hunter Davies, l'auteur de la seule biographie officielle des quatre garçons dans le vent, a réalisé un travail titanesque. Le journaliste a sélectionné et compilé 285 documents rédigés par John Lennon durant sa vie. Replacées dans leur contexte, ces Lettres de John Lennon (Lattès) sont autant de témoignages inédits sur la personnalité du talentueux musicien. On pénètre ainsi dans l'intimité du jeune John Winston Lennon, élevé très tôt par sa tante Mimi, de l'amoureux de Cynthia Powell, de l'auteur d'Imagine, du militant pacifiste, du camarade d'Huey Newton, cofondateur des Black Panther... (Julien Bordier - L'Express, octobre 2012)
Cartes postales, lettres, messages personnels, l'ouvrage multiplie les formats, offrant des reproductions où l'on retrouve l'écriture du musicien, qui accompagnait souvent ses mots de petits croquis. «C'est une belle idée que de révéler un peu de ses pensées par le biais de son écriture manuscrite», écrit Yoko Ono, dans l'avant-propos. Dès l'âge de 12-13 ans, Lennon consignait ses pensées et ses idées dans un journal intime, le Daily Howl, qui témoignait déjà d'une créativité débordante et d'un esprit corrosif. Avant même que le rock'n'roll fasse irruption dans sa vie, Lennon était déterminé à ne pas vivre une vie conventionnelle...
Plongée fascinante dans la psyché de son auteur, ce livre réussi raconte une époque révolue, avant le portable, les SMS, les e-mails et Facebook. (Olivier Nuc - Le Figaro du 11 octobre 2012)
Un livre retrace la vie de l'artiste à travers 300 mots écrits de sa main, de ses dix ans jusqu'au jour de sa mort. Éloquent...
On pensait que tout avait déjà été écrit sur les Beatles, et plus particulièrement sur John Lennon. Et pourtant le très beau livre de Hunter Davies a créé l'enthousiasme...
Depuis une lettre adressée à sa tante lorsqu'il n'était qu'un gosse de dix ans jusqu'au dernier autographe signé le jour de son assassinat, c'est toute une vie, à la fois d'homme et d'artiste, que le livre raconte au travers du prisme de la correspondance. Correspondance qui, à la fin des années 1960, est le plus souvent cosignée John et Yoko. (Charlotte Pons - Le Point du 25 octobre 2012)
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