Présentation de l'éditeur :
Ce livre est une promenade en Chine en 1986, dix ans après la mort de MaoTsé-toung. L'empire du Milieu s'apprêtait à une autre révolution : son irruption dans l'économie mondiale, un taux de croissance historique, un nouveau bond en avant que symbolisent les prochains Jeux olympiques. Il n'est pas question, ici, de jouer les spécialistes. Le mot pékin désigne le civil par rapport au militaire, celui qui n'appartient pas à la caste. Un candide, en somme.
De l'armée de terre cuite de Xian à une soirée de jazz à Shanghai, le pékin se modifie sous le regard de ce qu'il observe. Et, comme il se veut Exote selon Segalen - «Il reste métaphysiquement indiscutable qu'une seule attitude est possible, le subjectivisme absolu» -, la Méditerranée, l'enfance, la poésie, les jésuites, Héraclite d'Éphèse et quelques passants considérables font partie de ce voyage au loin qui n'est qu'un voyage au fond de soi.
Romancier, poète et essayiste, Frédéric Musso a publié une douzaine d'ouvrages, dont La Déesse (Prix Roger Nimier, 1975) et Dans les murs (Prix RTL Poésie, 1985) à La Table Ronde. Son dernier livre, Albert Camus ou la fatalité des natures, est paru en 2006 chez Gallimard.
Extrait :
L'Empire du Milieu, impénétrable même par les bords.
Dans les cafés d'Alger, en guise de pourboire, on jetait quelques pièces de monnaie dans une boîte de métal posée derrière le comptoir en disant : «À la Chine !»
Au collège Notre-Dame-d'Afrique, quand les grandes vacances approchaient, les pensionnaires, soucieux de dérober à la curiosité de leurs parents les trésors profanes qu'ils avaient accumulés dans leur casier, les distribuaient dans la cour, au cri de «À la Chine !».
Quelle est l'origine de cette expression qui, du temps de nos jours paisibles et coloniaux, désignait le don public, ostentatoire ? Au Sud, vers le soleil, des vieux savent. Mais pourquoi remuer la vase ?
À la Chine ! À la Chine !
- Comment vous est venu l'amour de ce pays ? demande-t-on dans l'avion à une jeune femme accompagnatrice d'un groupe des Amitiés franco-chinoises.
La réponse fuse avec naturel :
- Mon père était stalinien. Je suis devenue maoïste.
Puis, après un silence :
- C'est terrible de voir s'écrouler les idoles.
Dans son regard, il y a cette flamme incorrigible, la plus enjouée des bassesses : faire d'un homme un dieu.
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