Quatrième de couverture :
La littérature anthropologique a beaucoup insisté sur les groupes à filiation unilinéaire ou sur l'alliance de mariage, mais rarement sur la spécificité de la relation frère-soeur. Jusqu'à présent, celle-ci a été réduite soit à la germanité, soit, le plus souvent, à la consanguinité, soit, encore, à une forme de prohibition de l'inceste qui ouvre sur l'échange matrimonial. La nouveauté de cet ouvrage réside dans sa présentation du système de parenté des Meo (communauté musulmane mais aussi caste guerrière de l'Inde du Nord) : la relation frère-soeur y transcende les distinctions entre consanguins et affins, elle se développe non seulement en amont mais aussi en aval du mariage. Pour traduire la spécificité de cette relation, la notion de métagermanité a été forgée. Cette métagermanité s'exprime, à travers le vocabulaire de parenté, dans la chaîne de deux paires frère-soeur liées par un mariage. Elle se déploie dans les rites des âges de la vie, par la complémentarité entre la tante paternelle (la soeur mariée), officiante principale des cérémonies, et l'oncle maternel (frère de la mère), qui se charge des prestations importantes. La position rituelle de cette soeur mariée par rapport à son frère est homologue à celle entre prêtre brahmane et guerrier kshatriya ou encore entre sacrificateur et sacrifiant. Dans la communauté meo, la relation frère-soeur se formule à la fois comme une relation de l'identité et comme une relation de la différence absolue. D'une part, elle est de l'ordre de la redondance stérile, du mariage impossible ; de l'autre, elle produit la vie, plus précisément, un surcroît de vie qui donne sens au principe d'engendrement. Le double mouvement du mariage sépare la soeur du frère puis la fait revenir dans la famille de son frère pour assurer la suite des générations. Ainsi se mesure l'importance rituelle de cette relation qui s'inscrit dans la répétition, c'est-à-dire dans une temporalité sans début ni fin.
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