Revue de presse :
Au cours d'une rencontre, à Paris, en décembre dernier, l'écrivain parlait de son livre comme d'un «antiroman sur le 11 Septembre», et il ajoutait : «Philippe Petit, le funambule, ploie de 1974 à 2001.» Même s'il n'est pas le sujet du roman mais le prétexte, le funambule est comme un pont dressé entre deux époques de l'histoire américaine et de la ville de New York. Entre les deux rives, le romancier lance son filet à émotion...
On se perd un peu dans ce tourbillon de vies reliées entre elle par la souffrance et la perte. Mais c'est peut-être le but de la manoeuvre. Décrire une ville, New York, dans son effervescence, ses moindres frémissements. Et une époque, les années 1970, où malgré la guerre en Asie, la fin de l'ère hippie, un homme pouvait encore se prendre pour un oiseau sur un fil tendu entre deux tours sans risquer plus qu'une peine symbolique. (Bruno Corty - Le Figaro du 20 août 2009)
Entre espoir et fureur, Colum McCann replonge dans le New York du milieu des années 1970 en suivant l'extraordinaire traversée du funambule Philippe Petit entre les Twin Towers...
Juste au milieu du câble, le funambule s'arrête. Reste immobile quelques secondes puis s'allonge doucement pour regarder le ciel. Il croit entendre monter les cris de la foule. Il sait avoir trouvé le silence parfait. En conquérant l'espace, il vient de réussir, volontairement cette fois, à suspendre le temps. Pour le lecteur, bien sûr, un autre bruit résonne. Une autre déchirure qui court en filigrane. L'effondrement des tours. Le mythe d'une Amérique invincible a implosé le 11 septembre, renversant notre monde. Certains y ont même vu une fin de l'histoire. Pour McCann, au contraire, «la littérature nous rappelle que toute la vie n'est pas déjà écrite : il reste tant d'histoires à raconter». Ce roman en est la preuve. Une parabole pour accepter le délitement. Une approche lucide du lent travail de deuil, nécessaire et possible, pour distinguer ce qui subsiste. Pour découvrir, une fois la poussière retombée, que tous les liens rompus sont devenus racines. Et que l'on peut y puiser la force de reconstruire. (Stéphane Bataillon - La Croix du 26 août 2009)
Seules importent la beauté et la bonté de son regard, cette pâte humaine qu'il invente et observe avec une compassion phénoménale pour ses personnages et sa ville d'adoption. Bien entendu, un acrobate n'est jamais l'abri d'un faux pas. McCann se révèle moins à son aise pour faire parler une prostituée noire qu'un artiste d'avant- garde. Qu'importe ! Reste son stupéfiant ballet d'ombres, qu'il observe de haut ou de près, qu'il survole et qu'il plaint, alors que le vaste monde poursuit sa course folle. (Frédéric Vitoux - Le Nouvel Observateur du 3 septembre 2009)
La beauté de ce roman, c'est un petit groupe de personnages bizarrement assortis et leurs relations dans le Bronx pourri, dangereux, mais vivant des années 70, la force visuelle de certaines scènes, l'évocation de la vie à la fois excitante et claustrophobique des informaticiens de l'armée au Vietnam, un accident d'auto comme filmé au ralenti, «le volant repousse violemment Corrigan, lui fracture le sternum, sa tête rebondit sur le pare-brise, le verre fait une toile d'araignée sanglante...»...
Et, pour ceux qui ont lu l'Homme qui tombe, le roman post-11-Septembre de Don DeLillo, le rapprochement est inévitable. McCann a raconté que la première phrase de son roman était : «La perspective de l'homme qui tombe...» et qu'il a dû la supprimer quand est paru le roman de DeLillo. Longtemps après l'été 1974, dans un épilogue qui se passe en 2006, il apparaît que, malgré les tragédies, des choses peuvent être réparées et d'autres construites. Le pire n'est pas toujours à venir. Même après le drame, la vie est possible et peut receler de surprenants éclats d'amour et de gaité. (Natalie Levisalles - Libération du 3 septembre 2009)
Il est l'homme qui tend des fils : entre son Irlande natale et son Amérique d'adoption - avec, ici, la magnifique figure de Corrigan, ce prêtre irlandais qui cherche Dieu au milieu des prostituées du Bronx ; des fils entre le réel et la fiction -, dans la manière bien à lui qu'a McCann de bâtir des romans autour de personnages vrais, le danseur Noureev ou la poétesse tzigane Papusza (Danseur et Zoli, Belfond, 2003 et 2007) ; des fils entre lui et nous, sans arrêt, avec ses phrases toutes simples, dénudées, tranchantes comme des lames. Le romancier n'est-il pas comme ce "Charlot sur sa corde" ? semble-t-il demander entre les lignes. Un "pantin" qui fait intrusion chez les autres "en jetant sa vie à la gueule du monde" ?...
Qu'est-ce qui coud ensemble ces vies ? Qu'est-ce qui les réunit en un tissage qui finit par présenter, comme un motif dans le tapis, l'esprit d'une époque - la folie des "seventies", la fin de guerre du Vietnam, celle de la période hippie, le fou sur son fil et les bordels du Bronx ? Rien, bien sûr, si ce n'est l'essentiel, la langue âpre et mélancolique de McCann qui nous prend dans ses rets dès les premières pages. Et qui nous plonge - presque physiquement - dans cette Amérique-là. (Florence Noiville - Le Monde du 11 septembre 2009)
Présentation de l'éditeur :
New York, en 1974.Le 7 août 1974, à 7h40, le funambule Philippe Petit s'élance sur une corde tendue entre les deux tours du World Trade Center. La traversée durera plus de deux heures, tous les new-yorkais retiennent leur souffle.Dans les taudis du Bronx, un prêtre irlandais cherche Dieu au milieu des prostituées, des vieux, des pauvres, des miséreux, des laissés pour compte ; dans un luxueux appartement de Park Avenue, la mère d'un soldat disparu au Vietnam croit devenir folle de douleur face à l'inacceptable ; dans les boîtes branchées de Downtown, un couple d'artistes se brûle les ailes au soleil d'une célébrité trop vite acquise ; le long des lignes de métro, un adolescent tague en rêvant de devenir un photographe célèbre ; à l'autre bout du pays, des étudiants en informatique jouent à dominer le monde ; dans une prison new-yorkaise, une prostituée épuisée crie son désespoir ; dans un tribunal de Church Street, un juge respectable se demande si la justice des hommes peut se substituer à la justice divine ; dans une petite maison du Bronx, une femme d'origine étrangère regarde ses enfants et pense à son amour disparu ; dans un appartement de Brooklyn, deux bébés perdent leur mère et en trouvent deux autres...Rencontres fortuites, amitiés improbables, amours impossibles... Destins croisés dans un New York effervescent, tous liés par la grâce, la magie, l'extraordinaire talent d'un romancier au sommet de son art.
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