Présentation de l'éditeur :
Fils d'un prince roumain exilé en France, Maurice Paléologue (1859-1944) débute une brillante carrière au Quai d'Orsay dès 1880. Ayant bénéficié très tôt de puissantes protections (Delcassé, Poincaré...), il est nommé ambassadeur de France à Saint-Pétersbourg en janvier 1914. Partisan inconditionnel de l'alliance franco-russe qu'il est chargé de resserrer, il croit en la force du «rouleau compresseur russe» lorsque la guerre éclate. Comme beaucoup de ses contemporains, il est persuadé que le conflit sera bref et se soldera par la victoire des alliés. Il déchante bien vite et devient le spectateur de plus en plus inquiet de la détérioration du tsarisme. Il demeurera en poste auprès du gouvernement provisoire jusqu'à son rappel, au mois de mai 1917. Pendant toute cette période, il tient un journal précis dont la lecture s'apparente à une sorte de feuilleton. Très proche de la famille impériale, il se livre à une sérieuse critique du régime, dénonçant la bureaucratie, la police, l'impéritié des hommes politiques et des chefs militaires. Il brosse un tableau terrifiant de Saint-Pétersbourg : il évoque aussi bien la misère populaire que la lourde atmosphère de la cour et le rôle délétère de Raspoutine, dont il relate de façon haletante l'assassinat le 31 décembre 1916. Les portraits du couple impérial avec lequel il s'entretient régulièrement et presque familièrement sont saisissants de réalisme. Un document exceptionnel sur la fin du règne de Nicolas II.
Extrait :
1914
Lundi 20 juillet
Je quitte Saint-Pétersbourg à dix heures du matin sur le yacht de l'Amirauté pour me rendre à Péterhof. Le ministre des Affaires étrangères, Sazonow l'ambassadeur de Russie en France, Iswolsky et mon attaché militaire, le général de Laguiche, m'accompagnent, l'empereur nous ayant invités, tous les quatre, à déjeuner sur son yacht avant d'aller au-devant du président de la République à Cronstadt. [...]
À onze heures et demie, nous stoppons dans le petit havre de Péterhof, où l'Alexandria, qui est le yacht préféré de l'empereur, se tient sous pression.
Nicolas II, en tenue d'amiral, arrive presque aussitôt à l'embarcadère. Nous transbordons sur l'Alexandria. Le déjeuner est servi immédiatement. Jusqu'à l'arrivée de la France, nous avons pour le moins une heure trois quarts devant nous. Mais l'empereur aime à prolonger ses repas : entre les plats, on ménage de longs intervalles, pendant lesquels il cause en fumant des cigarettes.
Je suis placé à sa droite, Sazonow est à sa gauche, et le comte Fréedéricksz, ministre de la cour, en face.
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