En deux décennies, la libéralisation financière a mis les marchés sur le devant de la scène. Plus visibles, ils sont loin d'être devenus plus populaires. Leur jeu est souvent jugé destructeur : la stabilité sociale serait remise en cause par l'austérité qu'ils imposent et l'emploi menacé par la rentabilité qu'ils exigent. Globalisés, ils mettent firmes comme États en concurrence et apparaissent comme le bras armé de la mondialisation. Au point qu'en Europe, ceux qui contestent la " globalisation " en ont fait leur principale cible. Cette vision de marchés financiers ennemis de la croissance est-elle fondée ? À cette question, la présente étude amène une réponse nuancée. Les marchés facilitent l'allocation de l'épargne entre entreprises, entre secteurs, entre pays, comme la redistribution des risques liés à son investissement. Ils mettent ainsi à la disposition de nos économies un mécanisme indispensable à leur dynamisme. Ce mécanisme n'a toutefois ni la puissance ni la robustesse que lui prêtent ses plus ardents défenseurs. Ignorer ses limites conduit régulièrement à de graves crises...
Anton Brender, ancien directeur du CEPII, enseignant à l'Université de Paris-Dauphine est Président de CPR Gestion®.
Florence Pisani est diplômée du magistère Banque, Finance, Assurance de l'Université de Paris-Dauphine et titulaire d'un DEA.
Les auteurs, économistes à CPR Gestion©, ont publié dans la même collection Le nouvel âge de l'économie américaine.
Les marchés financiers ont pris une importance sans précédent dans l'économie mondiale lors des deux dernières décennies. Pour preuve, le total des capitalisations boursières est passé pendant cette période de 15 % à 100 % du PIB mondial ! Pourtant, leur rôle est souvent contesté : d'aucuns y voient le bras armé de la "globalisation" et de ses prétendues conséquences (chômage, précarité...). Le but de cet ouvrage est de répondre à deux questions cruciales : ces marchés en forte expansion sont-ils nuisibles ou bénéfiques à la croissance économique ? Et peuvent-ils anticiper les évolutions économiques ou ne sont-ils que le reflet de la conjoncture ?
La réponse des auteurs, économistes à CPR Gestion, est nuancée. Elle s'appuie sur des démonstrations parfois ardues mais toujours convaincantes, car fondées sur un appareil statistique sophistiqué. Le lecteur découvrira comment les marchés financiers contribuent à la croissance en facilitant l'allocation des capitaux et en prenant en charge la redistribution des risques. Mais les marchés n'ont pas de réelle capacité d'anticipation. Leur mémoire est longue mais leur prévision aléatoire. Ils réagissent plus qu'ils ne prévoient. Enfin, leur bon fonctionnement nécessite une politique économique efficace, un système financier solide et des règles prudentielles adéquates. Or cela fait souvent défaut aux pays en développement. Si les pays industrialisés veulent une économie mondiale moins instable, ils doivent donc impérativement "assumer la coresponsabilité de la stabilité du système financier globalisé". --Arnaud Stephanopoli