Présentation de l'éditeur :
Le capitalisme connaît en moyenne une crise grave tous les dix ans. Mais un séisme économique d'une aussi forte intensité que celui de l'«automne noir» 2008, il ne s'en produit qu'un seul par siècle.
Aucun autre cependant, avant celui-ci, n'avait conjugué une somme de menaces croisées aussi alarmantes. Tout le système financier - banques, bourses, caisses d'épargne, agences de notation, normes comptables - a craqué. Et une doctrine a fait faillite : celle du néolibéralisme, responsable de la déréglementation des marchés et de la spéculation effrénée de ces trente dernières années. De surcroît, l'ouragan, d'abord immobilier, bancaire, puis boursier, s'est rapidement propagé à l'ensemble du champ économique pour devenir une tempête industrielle et enfin sociale. Tout cela, dans une atmosphère globale déjà alourdie par une triple crise : énergétique, alimentaire, climatique. Et dans un contexte géopolitique marqué par l'affaiblissement de l'hégémonie américaine et par la montée en puissance de la Chine.
La convergence et la confluence de toutes ces tensions, au même moment, dans toute la planète, font de ce cataclysme un krach parfait.
En s'appuyant sur d'éclairants exemples tirés de l'actualité, Ignacio Ramonet, ancien directeur du Monde diplomatique, décrit comment se sont mis en place, méthodiquement, depuis plusieurs décennies, les éléments (idéologiques, politiques, économiques) qui ont favorisé l'explosion de cette crise. Il explique le fonctionnement précis des mécanismes ayant permis la fabrication du krach et analyse les éventuelles conséquences - sociales et géopolitiques - qui pourraient en résulter. Enfin, il propose l'adoption d'une liste de mesures concrètes pour refonder l'économie sur des bases plus justes et plus démocratiques.
Extrait :
Extrait de l'introduction :
Les séismes qui ont secoué les Bourses et les banques durant les «septembre et octobre noirs» de l'année 2008 ont précipité la fin d'une ère du capitalisme. Le système financier international a été ébranlé comme jamais. Pis qu'en 1929. Certains ont affirmé que le monde était passé «à un millimètre du gouffre, à un millimètre de l'explosion atomique économique». C'était faux. Il n'est pas passé à un millimètre ; il a directement plongé dans la plus terrible des crises systémiques... Et l'apocalypse est loin d'être terminée : la crise s'est transformée en récession globale; la déflation menace; le monde s'achemine vraisemblablement vers une nouvelle Grande Dépression. Avec son douloureux cortège de destructions sociales.
L'État et la politique reviennent. Partout, les gouvernements montent en première ligne. Ils retrouvent leur fonction d'acteurs majeurs du champ économique; nationalisent des établissements financiers; injectent des liquidités ; multiplient les plans de relance. Bref, ils se substituent au marché défaillant. Même la géopolitique internationale s'en trouve bouleversée.
Déjà, aux Etats-Unis, la crise a permis l'impensable : l'élection de Barack H. Obama, un Afro-Américain, à la présidence. Mais la tâche du nouveau président ne sera pas facile. Parce que 1ère Bush a marqué l'apogée de l'hégémonie mondiale des Etats-Unis et que cet hyper-pouvoir s'est révélé, en définitive, éphémère et peu efficace. Les guerres en Afghanistan et en Irak ont démontré que la suprématie militaire ne se traduit pas automatiquement par des victoires politiques. «L'effondrement de l'Union soviétique a poussé les États-Unis à définir des objectifs politiques universels dans un monde apparemment unipolaire - admet désormais Henry Kissinger, ancien secrétaire d'État - mais ces objectifs relevaient plus du slogan que de la faisabilité stratégique. [...] La crise financière contraindra tous les grands pays à réexaminer leur relation avec Washington. [...] Les États-Unis devront renoncer à leur rôle de tuteur autoproclamé et constater les limites de leur hégémonie.
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