Extrait :
LA VOITURE "PARFAITE"
À la fin des années 1950, Renault est confronté à de multiples questions : le remplacement de la 4 CV, la traction avant, le succès de la Citroën 2 CV dans l'extrême bas de gamme... Tout cela est source de cogitation au bureau d'études. La nouvelle Renault "populaire" devra être à la fois moderne, économique et plaire à tout le monde. Un peu comme la 2 CV, finalement. Mais la Régie veut un produit tout à fait différent... Un sacré challenge, une mission divine qui devait permettre de créer la voiture "parfaite".
En ce qui concerne la Renault 4, l'esthétique ne sera jamais une priorité. C'est sans doute en partant de ce postulat que l'on crée finalement les lignes les plus inoubliables. C'est avant tout la technique et l'utilisation de l'auto qui auront guidé les ingénieurs de la Régie. Parmi lesquels on compte Fernand Picard (directeur des recherches) et Yves Georges (directeur des études), les principaux géniteurs de celle qui va devenir la voiture française la plus produite de tous les temps. Pour l'heure, nous n'en sommes pas là, mais assistons à une véritable révolution culturelle : après avoir cru au tout à l'arrière depuis la 4 CV en 1946, Renault passe au tout à l'avant ! Une solution encore "avant-gardiste" en cette fin des années 1950. Citroën l'utilise depuis 1934, mais Citroën, c'est une autre histoire, qui a ses partisans et ses détracteurs... Pour autant, Renault se met à y croire aussi, pour les multiples raisons qui font que la traction avant est avantageuse : il y a d'abord une histoire de comportement routier. Des roues avant motrices, c'est un gage de meilleure tenue de route pour le conducteur lambda. Ensuite, il y a aussi l'intérêt de l'encombrement réduit du groupe motopropulseur : moteur et boîte réunis, c'est un plancher plat et davantage de place dans l'habitacle. Et c'est justement ce que recherche la Régie : une voiture à vivre par tous en toutes circonstances. Le PDG de la Régie Renault, Pierre Dreyfus, établit rapidement son souhait auprès du bureau d'études : il veut une voiture polyvalente, un "blue-jean", comme il la définit lui-même, à l'aise en toutes occasions, pratique, internationale. Car c'est selon lui l'écueil principal de la 2 CV, trop française, qui ne s'exporte pas bien. En outre, la gamme Renault doit se repositionner. Depuis l'apparition de la Dauphine en 1956, la 4 CV est logiquement en perte de vitesse : elle navigue sur le même créneau que sa petite soeur, plus avenante de lignes, plus spacieuse, plus alerte. En revanche, il n'y a plus de réel bas de gamme, de voiture basique. De low cost, dirait-on maintenant, capable de s'adapter à tout et à tous. La remplaçante de la 4 CV ne doit rien lui devoir sinon d'être accessible : un prix de 350 000 francs est fixé d'emblée, ce qui donne le nom du projet, 350. C'est évidemment à peu près le prix de la Citroën que l'on se refuse à désigner comme concurrente, et pourtant... Elle est le point de départ de la réflexion : faire la même chose mais en supprimant ses "défauts" : un vrai moteur, des performances acceptables, un physique indifférent qui ne soit pas laid (telle est en tout cas la perception que certains ont de la Citroën). Mais tout comme la "deux pattes", elle doit être aussi citadine que rurale. Et par ailleurs, ne pas avoir la sensibilité au vent latéral comme la 4 CV ou la Dauphine. Au boulot.
Présentation de l'éditeur :
La collection Autofocus offre une vision grand public d'un modèle ou d'une marque automobile en particulier. Sans être une étude historique exhaustive, elle permet au néophyte d'aller à l'essentiel et de découvrir de manière synthétique la carrière d'une voiture légendaire, tout en appréciant l'esthétique de photos originales et inédites. La Renault 4 est l'une des voitures françaises parmi les plus mythiques : populaire parmi les populaires, elle reste la voiture française la plus produite à ce jour ! Présentée en 1961, elle affiche gaillardement ses cinquante ans de grande vadrouille, que ce soit dans un champ, à la ville, ou à l'autre bout du monde, dans le désert ou les cols montagneux, parée pour toutes les aventures, quotidiennes ou exceptionnelles. Amie fidèle, complice sans faille, elle est ici dévoilée sous ses multiples facettes.
L'auteur
Thibaut AMANT collabore à bon nombre de magazines automobiles et a publié avec succès plus d'une vingtaine d'ouvrages chez E-T-A-I : 2 CV l'amie de toujours, Méhari l'égérie de Mai 68 dans la collection AUTOFOCUS, DS 50 ans de passion qui a remporté le prix du plus beau livre au Festival automobile international en 2006, Prestigieuses sportives, Le guide Mustang, La Renault 12 de mon père... Son dernier livre, paru le 13 septembre, s'intitule Porsche 356, le premier mythe.
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