Dans la Rome ancienne, la honte constituait un outil efficace de contrôle des comportements. Phénomène social, moyen idéologique, objet intellectuel, elle constitue une voie d'accès privilégiée aux mentalités et aux modes de pensée romains. Mais tout en se présentant aux modernes à travers le prisme trompeur d'une désignation uniforme, la honte recouvrait des réalités, des pratiques et des fonctions diverses : tantôt formalisée par les études savantes ou exploitée dans des œuvres littéraires, tantôt subie ou infligée dans la vie quotidienne ou sur la scène politique. D'un domaine à l'autre, d'une époque à l'autre, ce volume interroge l'unité de la notion sur le temps long de l'histoire romaine. Entre extériorité et intériorité, pensée réflexive ou expérience formalisée, l'idée d'une honte proprement romaine est ici mise à l'épreuve.
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Extrait de l'introduction de Renaud Alexandre, Charles Guérin, Mathieu Jacotot
Réuni pendant plusieurs années à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, le séminaire «Pensée et modes de pensée à Rome» visait à étudier l'activité intellectuelle et mentale des Romains sous ses différentes formes, quel qu'ait été son niveau d'élaboration ou d'abstraction, en observant la pensée à l'oeuvre dans des domaines divers, qui ne relevaient pas nécessairement de la seule production théorique. S'il traitait de l'élaboration des doctrines et des concepts, il a également abordé la manière dont s'exerçait et se révélait la pensée sur des terrains moins proprement réflexifs tels que l'imagination, les croyances, les valeurs ou les pratiques propres au mos romain.
L'approche de la pensée romaine par le biais exclusif des concepts et des textes strictement théoriques aurait été réductrice, car elle n'aurait donné accès qu'à un seul mode de pensée, dont le contenu et la forme ne représentent qu'un pan de la culture romaine. Il importait donc de prendre en compte la diversité des témoignages, qui peuvent laisser place à différents degrés de conceptualisation. Ainsi, un texte philosophique peut prendre sens en référence à une production littéraire contemporaine traitant du même objet et à la manière dont cet objet est lui-même vécu dans la pratique quotidienne des Romains.
Plus encore, il convenait de réintroduire cette diversité au niveau du texte lui-même : un texte ne constitue pas un objet monolithique, mais peut revêtit plusieurs statuts concurrents ou complémentaires. Document historique susceptible de nous renseigner sur une pratique ou un ensemble de realia, le texte littéraire, inscrit dans son époque, poursuit aussi des fins esthétiques ou idéologiques. Il peut enfin révéler l'axiologie au moyen de laquelle l'auteur juge et construit un objet au moment même où il le représente à ses lecteurs.
En liaison avec ces trois paliers textuels, nous avons tenté d'observer les manifestations de la pensée romaine à trois niveaux différents. En conjuguant les approches de l'histoire des idées et de l'histoire culturelle, trois domaines d'étude ont été associés et confrontés.
° Idées et concepts : la pensée réflexive et intellectuelle
Il s'agit là du niveau le plus fréquemment abordé quand il est question de la pensée romaine. C'est le domaine de la pensée consciente et abstraite. Pensée des philosophes, des maîtres de rhétorique ou des savants (médecins, naturalistes...), elle élabore, théorise et conceptualise. Cette approche permettait de comprendre comment les concepts sont construits, mis en système puis utilisés.
° Imaginaires et idéologies : la pensée non savante
Cette deuxième strate est celle de la pensée qui, tout en révélant une activité intellectuelle intense et structurée, ne se présente pas comme réflexive. Pensée des artistes, des moralistes ou des polémistes, cette pensée non savante ne vise pas la constitution d'un corps de connaissances. Plus largement encore, elle peut s'incarner sous la forme d'une pensée plus commune et plus quotidienne, qui ne répond pas à des normes de production aussi clairement définies que celles des genres littéraires canoniques, par exemple. C'est ainsi que l'on pouvait tenter d'observer les productions artistiques, les croyances, les normes, les valeurs morales ou sociales.
° Sensibilités et mentalités : la pensée pratique
Ce dernier niveau concerne la pensée telle qu'on peut l'observer à travers la conduite des individus, les moeurs et les usages romains ; il s'agissait, dans ce cas, d'utiliser les comportements comme des révélateurs de la pensée. Les usages, les rites et les coutumes devenaient ainsi les signes d'une culture partagée.
L'enjeu était alors de parvenir à étudier un même objet à ces trois niveaux d'élaboration afin d'aborder la pensée romaine en associant ces trois facettes. Telle que nous l'avions définie, cette approche permettait d'affronter le problème de l'unité de la pensée romaine dans son ensemble : la question de son évolution chronologique, bien qu'elle soit souvent perçue comme inscrite dans la longue durée - et semble donc peu propice à des changements rapides - devait en effet être posée. Fallait-il établir, par exemple, une distinction entre une pensée romaine païenne et une pensée romaine chrétienne ? La possibilité de variations géographiques devait également être prise en compte.
Par ailleurs, la notion même de «pensée romaine» devait être mise en question. Étudier les manifestations d'un même objet sous ses différentes formes conduisait à distinguer les représentations individuelles (propres à un auteur) et les représentations collectives (propres aux Romains). Pouvait-on alors postuler l'existence d'une «pensée» singulièrement romaine ?
Pour tenter de répondre à ces questions et pour explorer les trois domaines précédemment mis en évidence, des approches diverses ont été combinées : les sources textuelles ont été privilégiées, mais elles ont été sollicitées de manière plurielle, du point de vue linguistique, philologique, littéraire, philosophique ou anthropologique.
Textes édités par Renaud Alexandre, Charles Guérin et Mathieu Jacotot
Dans la Rome ancienne, la honte constituait un outil efficace de contrôle des comportements. Phénomène social, moyen idéologique, objet intellectuel, elle offre une voie d'accès privilégiée aux mentalités et aux modes de pensée romains.
Mais tout en se présentant aux modernes à travers le prisme trompeur d'une désignation uniforme, la honte recouvrait des réalités, des pratiques et des fonctions diverses : tantôt formalisée par les études savantes ou exploitée dans des oeuvres littéraires, tantôt subie ou infligée dans la vie quotidienne ou sur la scène politique.
D'un domaine à l'autre, d'une époque à l'autre, ce volume interroge l'unité de la notion sur le temps long de l'histoire romaine. Entre extériorité et intériorité, pensée réflexive ou expérience formalisée, l'idée d'une honte proprement romaine est ici mise à l'épreuve.
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Dans la Rome ancienne, la honte constituait un outil efficace de contrôle des comportements. Phénomène social, moyen idéologique, objet intellectuel, elle constitue une voie d'accès privilégiée aux mentalités et aux modes de pensée romains. Mais tout en se présentant aux modernes à travers le prisme trompeur d'une désignation uniforme, la honte recouvrait des réalités, des pratiques et des fonctions diverses : tantôt formalisée par les études savantes ou exploitée dans des ?uvres littéraires, tantôt subie ou infligée dans la vie quotidienne ou sur la scène politique. D'un domaine à l'autre, d'une époque à l'autre, ce volume interroge l'unité de la notion sur le temps long de l'histoire romaine. Entre extériorité et intériorité, pensée réflexive ou expérience formalisée, l'idée d'une honte proprement romaine est ici mise à l'épreuve. N° de réf. du vendeur 15802
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