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"Je suis un artiste dégagé": Pierre Desproges : l'humour, le style, l'humanisme - Couverture souple

 
9782728805167: "Je suis un artiste dégagé": Pierre Desproges : l'humour, le style, l'humanisme
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Extrait :
Extrait de l'introduction de Florence Mercier-Leca et Anne-Marie Paillet

Au-delà de la provocation ou de la fantaisie, que Pierre Desproges partage avec d'autres, son humour manifeste un amour de la langue, et de la phrase, qui lui sont particuliers ; il avoue avoir beaucoup travaillé ses textes, se définissant comme «un écriveur» : «Tout ce que je fais passe par l'écriture. Écrivain c'est à la fois trop restrictif et trop pompeux. Je suis quelqu'un du verbe. Je suis quelqu'un qui vit du verbe» ; «Je travaille comme un artisan. Je suis très méticuleux, soigneux, besogneux même. Je pèse chaque phrase, chaque mot et je passe des heures dans les dictionnaires».
Pierre Desproges est aussi un amoureux de la Littérature. On ne compte pas ses admirations (pour Kafka, Vialatte...) ni ses pseudo-haines littéraires envers le Nouveau Roman, Marguerite Duras ou Roland Barthes, égrenées au fil des textes, exprimées directement, ou à travers des formes obliques comme le pastiche (celui d'Éluard dans le Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des bien nantis; ou de Robbe-Grillet dans un texte destiné à son troisième spectacle et resté inédit).Tout pastiche est un hommage ambigu à l'auteur dont on s'inspire.
L'on peut affirmer que c'est le travail de la langue qui fait de Desproges un humoriste «à part». Ce travail de la langue sublime le comique et explique à la fois que l'auteur ait attiré un public plutôt restreint et intellectuel, et qu'il ait pu se permettre des provocations qui, toutes choses égales par ailleurs, ne passeraient pas chez un autre. Les marques de littérarité l'éloignent du vulgaire, de l'éructation, de tout ce qui est assimilable à une expression échappant au contrôle, sous le coup de la haine ou de la bêtise. À qui sait être attentif, le travail de la langue manifeste le second degré. L'emphase, indice d'ironie, indique que tel propos sur les Juifs est une citation parodiée d'antisémites et non le point de vue de l'auteur. S'ajoute à cela l'ethos clair imposé par Desproges, qui, à de nombreuses reprises, dans des textes «sérieux», affirme ses positions non racistes. Interrogé au sujet de son sketch sur les Juifs, il répond dans La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute : «Je suis né en 1939. Je n'ai pas de souvenir de mes cinq ans ou de mes six ans, mais savoir que je suis né à cette époque-là, qu'il s'est passé ce qui s'est passé vis-à-vis des Juifs, c'est un truc que je n'ai toujours pas compris, au sens fort, comme je ne comprends pas Dieu.» (Tout Desproges, p. 894)1 Ce qui n'empêche pas le travail de la langue d'être parfois mis au service d'une authentique verve pamphlétaire («Criticon» dans Les Chroniques de la haine ordinaire), dans le plus pur style analysé naguère par Marc Angenot.
Cependant, très souvent, c'est la langue elle-même qui semble la finalité du discours, plus que le «gag», qui n'apparaît au fond que comme un prétexte à phrases chantournées et à métaphores loufoques ; citons, parmi tant d'autres exemples, la recette du cheval-melba dans le Manuel de savoir-vivre à l'usage des rustres et des malpolis, où le volontairement (très) mauvais calembour final «Clic, Clac, merci Cosaque» disparaît derrière l'explosion de jeux langagiers. Desproges s'inscrit pleinement dans ce que Pierre Jourde nomme une «esthétique de l'incongru».
Car Pierre Desproges n'a pas seulement un style d'humour, il a un style, tout court. C'est pourquoi nous avons voulu lui consacrer ce livre, en hommage à un humoriste véritablement littéraire. Ce volume, qui s'intéresse de près aux formes linguistiques et stylistiques de l'humour desprogien, tout autant qu'aux domaines qu'il vise (de l'obsession du corps et de la mort à la politique), est le fruit d'une journée d'études que nous avons organisée avec la Sorbonne et l'École normale supérieure, et qui a eu Lieu rue d'Ulm ; le même jour se tenait, au même endroit, plus «sérieusement», la «Nuit Sartre» ; qu'en eût dit Desproges ? «Quelle consécration ! pour Sartre, je veux dire...»
Linguistes et spécialistes de l'ironie se sont donc retrouvés autour de textes dignes de ce nom, où se combinent littérarité, humour et humanisme.

(...)
Revue de presse :
Au panthéon des humoristes, il occupe une place de choix. Plus de vingt-cinq ans après sa mort, Pierre Desproges (1939-1988) continue à être cité en exemple pour sa capacité à avoir su rire de tout grâce à la qualité de son écriture et son art de la satire. Pour honorer le style de «cet humoriste véritablement littéraire», qui racontait «passer des heures dans les dictionnaires», les maîtres de conférences Florence Mercier-Leca (université Paris-Sorbonne) et Anne-Marie Paillet (Ecole normale supérieure), spécialistes de la stylistique, publient le fruit de la journée d'études qui fut consacrée, le 7 juin 2013, aux Aspects de l'humour desprogien...
Desproges se définissait comme un «écriveur». Les universitaires admiratifs de sa prose lui reconnaissent un don de «grammairien», de «puriste». Au-delà de l'analyse linguistique, l'ouvrage aborde la portée politique de ses textes. (Sandrine Blanchard - Le Monde du 29 mai 2014)

Malgré tout, on ne saurait trop préconiser la lecture des actes de ce colloque (Editions Rue d'Ulm, 16 euros). Ils apprendront d'abord aux plus jeunes à quel niveau, avec l'érudit et hilarant Monsieur Cyclopède, se hissait l'humour dont osent se réclamer Sébastien Cauet et Cyril Hanouna. Ils prouvent ensuite combien Desproges était visionnaire, lui qui jugeait la gauche et la droite également corrompues, refusait de choisir entre la peste et le choléra, et ne sauvait de l'opprobre que les lointaines figures de Jaurès et de Gaulle. Ils rappellent enfin que son ironie n'avait aucune limite. (Jérôme Garcin - Le Nouvel Observateur du 19 juin 2014)

Dans l'ouvrage issu de cette rencontre, Florence Mercier-Leca et Anne-Marie Paillet, spécialistes de l'ironie, érigent les écrits de Desproges en objet d'analyse, observent ses manies, ses inspirations et son processus de composition. «Pour faire naître l'ironie, il suffit souvent de simplifier ce dont on parle, de préférence à l'extrême.»...
Comme l'ont perçu les critiques, derrière la misanthropie desprogienne, qui le rapproche d'un La Rochefoucauld ou d'un Cioran, se cache un authentique humanisme. (Marie Fouquet - Le Magazine Littéraire, juillet 2014)

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  • ÉditeurRue d'Ulm
  • Date d'édition2014
  • ISBN 10 2728805164
  • ISBN 13 9782728805167
  • ReliureBroché
  • Numéro d'édition1
  • Nombre de pages166

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Mercier-Leca; Paillet
Edité par ULM (2014)
ISBN 10 : 2728805164 ISBN 13 : 9782728805167
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Florence Mercier-Leca
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Description du livre Paperback. Etat : Brand New. 168 pages. French language. 8.19x5.91x0.63 inches. In Stock. N° de réf. du vendeur zk2728805164

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