Présentation de l'éditeur :
Napoléon III a 44 ans lorsqu'il devient empereur des Français en 1852. Premier président de la République, de surcroît élu au suffrage universel, il dispose, depuis un an, de tous les pouvoirs, à la façon de son oncle Napoléon 1er. Son existence a déjà été bien remplie, auprès de sa mère - la reine Hortense, fille de Joséphine - et dans de multiples aventures : insurrections italiennes contre le pape et l'Autriche en 1830-1831, équipées de Strasbourg et de Boulogne en 1836 et 1840, la dernière suivie de six années de prison à dire vrai assez douces, qui lui ont servi de formation. Car cet homme qui parle allemand, anglais et italien ajoute de multiples lectures à ce qu'il a appris en Suisse, en Italie, au Royaume-Uni et aux États-Unis.
Jean Étèvenaux fait redécouvrir les multiples facettes de Louis Napoléon en se dégageant de la vision qui, derrière Hugo et Zola, s'est imposée après la capitulation de Sedan et la proclamation de la IIIe République. Il montre ainsi les aspects novateurs de sa pensée et de son action dans le domaine économique mais aussi social, en politique intérieure comme en diplomatie. La France de 1870 est ainsi devenue un pays moderne, dans lequel le progrès, un terme cher à l'empereur, a touché toutes les couches de la société, même en matière intellectuelle et artistique.
Ce livre très illustré constitue la fresque d'un homme et d'une nation et, aussi, un travail de recherche et de synthèse. Cet outil précis permet d'appréhender l'histoire du Second Empire dans sa globalité et sa diversité ; il s'adresse à tous ceux qui ne se satisfont pas du prêt-à-penser et qui sont curieux de la complexité des êtres et des situations. Sans louer systématiquement Napoléon III et sans en cacher faiblesses et inconséquences, l'ouvrage met en valeur un homme qui reste exceptionnel.
Docteur en Histoire et chargé de cours sur les deux périodes napoléoniennes à l'Université Lyon 3 Jean-Moulin, Jean Étèvenaux est l'auteur d'une quinzaine d'ouvrages, dont plusieurs consacrés aux Premier et Second Empires. Il est membre du comité directeur du Souvenir napoléonien, et travaille également au sein du comité éditorial de la Revue du Souvenir napoléonien.
Extrait :
Extrait de l'introduction :
Le fils négligé du roi de Hollande (1808-1817)
«Dans la nuit du 20 au 21 avril 1808, je donnai jour à un fils. [...] J'appris que le chirurgien avait dit dans le salon de service : "Les reines ont le droit d'accoucher avant terme ; elles ne comptent jamais comme d'autres." Mon fils était si faible que je pensai le perdre en naissant. Il fallut le baigner dans du vin, le mettre dans du coton pour le rappeler à la vie.» Ces propos de la reine Hortense dans son journal présentent au moins le mérite de montrer d'où peuvent venir les doutes qui surgirent tout de suite sur la paternité de son mari concernant leur troisième enfant, Charles Louis Napoléon - Charles Napoléon était né en 1802 et mort en 1807 et Napoléon Louis naquit en 1804. L'oncle de Napoléon Ier, le cardinal Fesch, ne disait-il pas qu'elle s'embrouillait toujours dans les dates ?
Le petit Louis Napoléon - le premier prénom, Charles, n'est pas utilisé - a souffert des relations houleuses qu'entretenaient sa mère adorée, Hortense, et son père, Louis, avec lequel il se comportera toujours de façon déférente. Le roi de Hollande a non seulement gâché la jeunesse de son épouse - il est vrai assez légère -, mais il a aussi fragilisé l'esprit de son fils. Ne criait-il pas ses déboires conjugaux à la face de toute l'Europe ? Il a même écrit au pape : «J'ai épousé une Messaline qui accouche.»
Les deux époux se sont mariés en 1802, Napoléon a imposé l'union à son frère Louis et à sa belle-fille Hortense, devenue donc aussi sa belle-soeur : lui était âgé de vingt-deux ans et elle de dix-sept. Par ce deuxième rapprochement avec les Beauharnais, il entendait consolider son pouvoir dans une perspective dynastique : ses neveux seront ses héritiers jusqu'à la naissance du roi de Rome ; le futur Napoléon III n'oubliera pas avoir été, avec ses frères, successeur présomptif de l'Empereur.
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