Extrait :
Voyageurs de l'infini
Depuis l'ère spatiale l'homme trouve la Terre trop petite pour lui. Toutefois, aussi loin que l'on remonte dans le temps, jamais les plantes, les espaces et les êtres innombrables peuplant notre planète ne lui ont véritablement suffi. Depuis Icare et jusqu'aux astronautes de notre monde contemporain, du chaman à l'ascète, il n'existe qu'un seul rêve : aller au-delà de la mer, au-delà du ciel, au-delà de la matière qui constitue le plan de notre existence.
Si, parmi les substances qui composent l'homme (comme le sang, la lymphe, les tissus osseux et musculaires), il n'y avait pas également quelque chose de plus impalpable, une étincelle d'infini, il ne sentirait pas dans sa vie pressée, entre un repas rapide et un autobus, entre une course et une autre, ce sentiment inexplicable de manque. Il n'y aurait pas alors de mouvements religieux ni de courants mystiques. Or ceux-ci jaillissent partout dans le monde ; bien qu'ils diffèrent par leurs rituels et leurs croyances au point d'être souvent en lutte, ils possèdent tous un dénominateur commun : le besoin de ce «quelque chose», un désir de revenir en arrière, de retrouver l'infini d'où nous sommes issus.
Une fois libérés de la présomption qui veut que nous nous considérions comme les seuls habitants de l'univers, en accordant uniquement à la matière le privilège de la vie, croire à la réalité d'autres mondes, de formes de vie différentes, de corps lumineux immatériels devient possible, sinon même évident et naturel. Effectivement, toutes les cultures ont fini par formuler des théories, perfectionner des techniques ou rédiger des traités dans ce domaine. Toutes les mythologies décrivent des lieux magiques et des temps passés où la vie était facile, sans la mesquinerie et la détresse caractérisant l'existence humaine. Toutes les religions évoquent un autre monde, manifestation d'un infini que chaque homme renferme en lui, et qui, quoique vivace, se trouve obscurci par la bouteille de Coca-Cola, l'argent, la voiture, la compétitivité. Un autre monde où nous allons tous accéder après la mort, mais ouvert pour l'initié même au cours de la phase de l'existence terrestre. Qu'il soit prêtre ou sorcier, l'initié est celui qui, à travers le rite, est passé par l'expérience symbolique de la mort, c'est-à-dire qu'il est mort à sa condition de profane, d'être matériel, pour atteindre une dimension différente. La porte de communication entre ce monde et les autres s'ouvre devant lui, lui permettant de passer à son gré d'un côté à l'autre. Alors qu'à la vision physiologique des autres il apparaît immobile dans un sommeil semblable à la transe, son corps subtil voyage et peut essayer d'interroger les morts ou accompagner les mourants.
Le royaume de la mort est nécessairement celui de la connaissance et, pour y parvenir, nous devons subir la mort, ce passage effrayant et attirant, ce retour à l'infini d'où nous venons. La mort marque le détachement de la partie subtile de l'homme, celle que la religion, de manière simpliste, nomme «âme» et dans laquelle l'ésotérisme distingue différentes parties, de plus en plus immatérielles, destinées à se désintégrer dans le temps, ceci seulement après un long séjour dans des plans eux-mêmes de plus en plus raréfiés.
La mort n'est donc pas une fin, mais un point de départ vers d'autres plans et d'autres façons d'être, après avoir abandonné dans la dimension matérielle, l'enveloppe physique qui y avait été générée et accueillie, bien que soumise à des contraintes telles que la faim, la soif, la maladie. Ceux qui ont appris à se dédoubler suivant l'exemple des grands maîtres du passé ont franchi le seuil de l'au-delà et ont créé une voie leur permettant de l'atteindre et de la quitter à leur gré. Eux aussi, lorsque le moment sera venu, mourront, l'art de se dédoubler n'étant pas synonyme d'éternité. Cependant, durant leurs voyages hors de leur corps, ils auront connu de nombreuses autres entités, des formes de vie différentes, d'autres façons d'être. Ils auront découvert le manque de valeur du temps, bénéficié de prédictions ou de conseils grâce auxquels ils auront pu mieux vivre sur la Terre ; ils auront retrouvé cette étincelle d'infini dont inconsciemment ils ressentaient le manque. Enfin, ils auront appris le chemin qu'au terme de l'existence tous doivent connaître : eux rendus sereins par leur savoir, et les autres, pleins d'angoisse et d'effroi, regrettant d'avoir uniquement cru à la tangibilité de notre plan matériel.
En Egypte, l'aspirant au sacerdoce, à la prophétie, à la magie, enfermé dans un lourd sarcophage, était «dédoublé» par les maîtres au moyen de savantes techniques et rappelé à la vie pour recevoir le sacrement de l'ordre après un séjour de plusieurs jours dans l'au-delà. Il en était de même pour le chaman ou le sorcier qui, tué symboliquement dans l'obscurité d'une cabane, au milieu d'une forêt dense, faisait l'expérience du passage dans l'au-delà par des sensations extrêmes de terreur, de faim, de douleur physique (dent arrachée, doigt coupé, blessures diverses, brûlures, circoncision), cela afin d'y voyager à sa guise.
Présentation de l'éditeur :
L'art de sortir de son propre corps physique, de se dégager de son enveloppe charnelle trop étroite, est pour l'homme une expérience vieille comme le monde. Le voyage astral, ou voyage hors du corps, est la clef des anciens rituels initiatiques qui ouvre la voie à toute connaissance et permet une grande force intérieure. Toutes les techniques préparatoires et de sortie hors du corps sont révélées dans ce guide : le lecteur apprendra ainsi à se dédoubler, à connaître les dangers encourus et à maîtriser les techniques de retour.
Initier aux grands thèmes de l'ésotérisme et de l'hermétisme, tel est l'objectif que se proposent les ouvrages de cette série placée sous le signe conjoint de la découverte de soi et de l'univers.
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