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Une maison sans fille est une maison morte : La personne et le genre en sociétés matrilinéaires et/ou uxorilocales - Couverture souple

 
9782735111299: Une maison sans fille est une maison morte : La personne et le genre en sociétés matrilinéaires et/ou uxorilocales
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Extrait :
Extrait de l'introduction de Nicole-Claude Mathieu :

Circulation des hommes, permanence des femmes, matriarcats imaginaires et autres curiosités...

Quant à la réincarnation des femmes, c'est une tout autre affaire.
Marcel Mauss

... car les hommes formés en confrérie dans le baitemannageo [maison des hommes] sont le symbole de la société des âmes, tandis que les huttes du pourtour, propriété des femmes exclues des rites les plus sacrés et, si l'on peut dire, spectatrices par destination, constituent l'audience des vivants et le séjour qui leur est réservé. [...] [...] les femmes sont exclues des rites et trompées sur leur nature véritable, sans doute pour sanctionner le partage qui leur accorde la priorité en matière d'état civil et de résidence, réservant aux seuls hommes les mystères de la religion.
Claude Lévi-Strauss

Dans le célèbre texte de Mauss sur la notion de personne, nous n'en saurons pas davantage quant au destin post-mortem, ni d'ailleurs mondain, de la personne femme chez les peuples Pueblo du Sud-Ouest des États-Unis, et notamment les Zuni matrilinéaires et matrilocaux. Lévi-Strauss, quant à lui, suggère que le monopole religieux des hommes bororo du Brésil pourrait être une forme de réaction à leur système matrilinéaire et matrilocal. Nous verrons qu'existent des configurations bien différentes.
Cet ouvrage est le fruit d'une enquête internationale menée initialement auprès d'ethnologues travaillant sur des sociétés à la fois matrilinéaires et uxorimatrilocales. L'intention était de considérer la notion de personne femme et homme dans ce type de sociétés. Plusieurs raisons à cela. Tout d'abord, ces sociétés sont relativement rares et peu étudiées et ne sont guère intégrées dans les théorisations ethnologiques ; il est donc important de leur assurer une meilleure visibilité, d'autant qu'entre colonisations diverses et «modernisation» leurs structures sont presque toutes en voie de profonde modification, si ce n'est de disparition. Deuxièmement, l'intérêt croissant des ethnologues, principalement de langue anglaise, pour les notions de Personne, de Soi, d'Individu a donné lieu, depuis les années 1980 surtout, à un certain nombre d'ouvrages, dont sont néanmoins quasi absentes les sociétés matrilinéaires-matrilocales. Enfin, la dimension du genre (gender) n'est pas toujours suffisamment prise en compte dans les ethnographies.
Dans un précédent travail (Mathieu 19856), j'avais élaboré une grille d'analyse des déterminants matériels et psychiques de la conscience des femmes et de leur identité de sexe/genre dans des sociétés à fort pouvoir masculin, essentiellement patrilinéaires et patrivirilocales. Il apparaissait que la définition de la personne femme est médiatisée par la référence centrale aux hommes dont elles dépendent, y compris aux jeunes enfants mâles qui permettent la continuité lignagère et/ou familiale. Il semble que dans ce type de sociétés, la maternité, aux niveaux idéologique et concret, sert moins à mettre au monde des enfants des deux sexes qu'à produire biologiquement la socialité des hommes. La production de filles par les femmes est en quelque sorte un mal nécessaire à la reproduction des hommes... par les hommes. (Certaines sociétés ont d'ailleurs théorisé cela dans leurs mythes.)
Je formai alors l'hypothèse qu'il pourrait exister un contraste, en ce qui concerne les femmes, entre un statut de sujet quasi biologique (donc à socialiser) en sociétés patrilinéaires et, en matrilinéaires, un statut de sujet constitué d'emblée comme pleinement social-humain. Il semble qu'à la limite on pourrait parler :
- dans la patrilinéarité, d'une dissociation du culturel et du naturel établie pour le sujet-femme, dissociation résolue par imposition du culturel (identifié comme masculin) sur les femmes identifiées comme biologiques ;
- et, dans la matrilinéarité, à la rigueur d'une concomitance du biologique et du culturel en la personne des femmes, concomitance susceptible éventuellement d'un traitement social distinct des modifications physiques.
Présentation de l'éditeur :
Qu'en est-il de la notion de personne, femme et homme, dans ces sociétés rares qui sont à la fois matrilinéaires (tout individu appartient uniquement au groupe de parenté de sa mère, qui transmet seule la filiation) et uxorilocales (c'est l'homme qui, au mariage, s'exile pour vivre chez son épouse) ? On les prétend souvent «matriarcales»... À tort, car les femmes n'y possèdent pas sur les hommes le pouvoir majeur que ces derniers ont sur elles dans les sociétés patriarcales, majoritaires dans le monde. D'autres sociétés présentées dans ce livre sont également uxorilocales, tout en reconnaissant la filiation du côté des deux parents. Et c'est ce phénomène de l'uxorilocalité qui est étudié ici pour la première fois en tant que lien principal entre quatorze sociétés : Hopi, Navajo, Wayuu (Guajiro), Huaorani, Matsiguenga, Shipibo-Conibo, Tulu, Muduvar, Ngazidja, Minangkabau, Ngada, Puyuma, Kavalan, Nazk.
Des régions sèches de l'Arizona à la forêt amazonienne, des Comores à l'Inde du Sud, de l'Indonésie à la Chine et à Taiwan, ces populations vivent d'économies diverses (agriculture, élevage, chasse et cueillette, horticulture, pêche, et maintenant souvent travail salarié). Certaines de ces cultures sont résiduelles et en voie de profonde altération (ace au choc des «modernités» techniques, politiques et culturelles, d'autres sont encore prospères et démographiquement importantes; certaines sont hiérarchisées, d'autres non; la plupart sont christianisées ou islamisées, sans avoir perdu pour autant leurs spécificités. Toutes nous font découvrir des solidarités structurelles entre les femmes, harmonieuses ou antagonistes, et liées à l'uxorilocalité - solidarités auxquelles l'ethnologie s'est peu intéressée. On verra aussi que d'autres facteurs, internes et externes à ces sociétés, interfèrent pour produire soit une inégalité entre les sexes/genres, soit un équilibre quasi égalitaire dans les rapports hommes/femmes.

Nicole-Claude Mathieu, membre du Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS) du Collège de France, a été maître de conférences à l'École des hautes études eu sciences sociales (EHESS, Paris).

Les auteurs : Sophie blanchy, Marine Carrin, Josiane Cauquelin, Martine Gestin, Pi-chen Liu, Nicole-Claude Mathieu, Françoise Morin, Ok-Kyung Pak, Michel Perrin, France-Marie Renard-Casevitz, Laura Rival, Bernard Saladin d'Anglure, Alice Schlegel, Susanne Schröter, Mau-reen Trudelle Schwarz, Naiqun Weng

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