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Travail et paysages: Actes du 127e congrès national des sociétés historiques et scientifiques, Nancy 2007 - Couverture souple

 
9782735505982: Travail et paysages: Actes du 127e congrès national des sociétés historiques et scientifiques, Nancy 2007
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Extrait :
Introduction de Denis Woronoff :

Les paysages sont des produits sociaux. Sauf les espaces extrêmes, hors d'atteinte de l'homme, depuis des millénaires le travail a façonné et continue de façonner les territoires. Cette constatation est au coeur de la discipline géographique. Celle-ci s'est toujours attachée à décrire et à expliquer le terrain, en ayant égard à l'intervention des hommes sur les milieux naturels. Par tradition, au moins en France, le rural a été le principal bénéficiaire de cette lecture ; les visages de l'urbain et de l'industriel ont moins suscité d'attention. Les historiens et les ethnologues, sans ignorer bien sûr la richesse du thème, n'ont pas souvent placé les paysages au centre de leurs préoccupations. L'intérêt en tout cas décroît à mesure que l'on quitte les campagnes et que l'on se rapproche du temps présent. Depuis plusieurs années, une évolution est perceptible. Que ce soit par exemple l'approche archéologique, qui reconstitue l'histoire des paysages fossiles, ou l'inventaire du patrimoine industriel, qui incite à comprendre la morphologie particulière des lieux du travail jusque dans leur destin de friches, les paysages sont devenus un objet d'étude familier, ou au moins un horizon d'attente. Dans la plus longue durée, et sur tous les territoires, la question ne cesse plus d'être posée. En un sens, le congrès de Nancy a pris acte de ce tournant, et l'a encouragé en consacrant une session à «Travail et paysages». Historiens, géographes et ethnologues ont eu ainsi le loisir de confronter leurs points de vue et leurs résultats. Le présent volume veut être une contribution à cette dynamique nouvelle des sciences humaines.
La maîtrise de l'eau est un besoin social majeur, dans toutes les civili­sations. C'est aussi un puissant levier pour la transformation des paysa­ges. Il sera essentiellement question ici d'agriculture. On ne s'étonnera pas qu'elle ait quasiment monopolisé la recherche, tant le monde rural peut se prévaloir de l'antériorité et de la nécessité de ces aménagements, parce que l'activité a tendance à glisser vers une autre commune, l'habitat progresse aux dépens des ateliers. Le contrôle de l'espace échappe alors à De Dietrich et la variété des fonctions, y compris commerciales, qui s'implantent, transforme le visage de cette portion de ville. Pour bien mesurer l'ampleur du changement, la photographie aérienne sert de guide. Celle-ci met l'observateur à la bonne distance. Les deux dernières études de cas évoquent le traitement paysager des friches, quand la réhabilitation des lieux n'est pas une solution possible. Dans la Lorraine sinistrée, l'Etablissement public de la métropole lorraine (EPM) devenu Établissement public foncier de Lorraine (EPF) s'est préoccupé de gommer ainsi les friches qui «affectent l'image du territoire» (V Soutif). La double préoccupation d'environnement et de patrimoine est quelque peu contradictoire, mais la tendance est claire : il faut camoufler, aménager, voire verdir. L'effort est pathétique, en même temps qu'un peu insultant pour le fait industriel. L'emploi a-t-il vraiment besoin, pour revenir, d'un décor à la Potemkine ? Il faudra se demander un jour si l'on n'a pas, ce faisant, ajouté une blessure. L'Allemagne réunifiée a dû compter avec l'exploitation de lignite qui, dans l'ex-République démo­cratique d'Allemagne, a martyrisé des régions entières (M. Deshaies). Le régime précédent avait entamé une reconversion de ces exploitations ravageuses de poumons et de paysages. La nouvelle Allemagne a décidé de clore ce désastre industriel, non en faisant renaître le paysage antérieur mais en créant une nouvelle scène. La région de Halle-Leipzig fait l'objet d'un programme de réhabilitation portant sur des dizaines de milliers d'hectares. Des lacs et des forêts, là où il n'y avait ni les uns ni les autres, sont ou vont être implantés. Une topographie vallonnée s'installe sur ces terres labourées par les excavatrices. Le parti pris est touristique, artistique. La mine n'a pas existé. Les autorités disent répondre à une attente. Attente de qui, attente pour quoi ? Le paysage n'a jamais été aussi soumis à la décision politique.
On voit que ces monographies volontairement limitées, modestes, mettent enjeu une grande richesse de moyens et de questions. Le paysage n'est sans doute pas une idée neuve dans les sciences humaines. Disons qu'ici, par la médiation du travail, il en sort rajeuni.
Présentation de l'éditeur :
Travail et paysages

Le travail construit et transforme des paysages. L'agriculture, dans la très longue durée, a façonné ses espaces de travail. Qu'il s'agisse d'irrigation, de grande culture ou de jardinage, de pacages, de déforestation, nous sommes confrontés à un feuilleté d'histoire dont il faut tenter l'archéologie. L'industrie a tôt marqué sa place, dans le plat pays, par les travaux miniers ou dans le tissu des villes, en créant des bâtiments de toutes tailles voués à la production marchande.
À côté des lieux de travail, un nouvel habitat s'est créé, massif, répétitif. Les friches industrielles et les terres délaissées constituent un moment de transition majeure dans l'histoire de ces paysages. Des politiques ont été élaborées, qui souhaitent combiner le maintien d'une activité et le traitement de ces espaces mutilés. Suffit-il de verdir les terrils ou de protéger des haies rélictuelles pour redonner du sens à ce qui n'en a plus ?
Pour aborder ces questions vives, des historiens, des géographes, des ethnologues, des agronomes ont associé leurs méthodes et leurs outils. La plus longue durée était nécessaire : ce livre circule de l'Egypte des pharaons à la France médiévale et à l'Allemagne contemporaine. Enfin un jeu d'échelles, allant d'un site ou d'un ruisseau à une région entière, rend bien la richesse de la démarche.

Denis Woronoff est professeur émérite d'histoire économique à l'université Paris I - Panthéon-Sorbonne.

Catherine CHADEFAUD, Christophe CLOQUIER, Bernard BODINIER, Jean-Noël SCHMITZ, Nicolas JACOB, François DUCEPPE-LAMARRE, Nadine RIBET, Jean-Pierre DEFFONTAINES, Anne MATHIEU, André FEL, André FLEURY, Bernard BOURGEOIS, Alain COUTELLE, Bernard FEUGA, Laurent OLIVIER, Simon EDELBLUTTE, Fatima TAHRAOUI, Véronique SOUTIF, Michel DESHAIES.

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