Graines de curés - Couverture souple

Joseph Gicquel; Michel Gicquel

Couverture souple

ISBN 10 : 2737354099 ISBN 13 : 9782737354090

Editeur : OUEST FRANCE, 2011

Synopsis

192pages. 23x15x2cm. Broché. Chaque maison cache un secret, les murs ont des oreilles mais la bouche cousue. Il faut poser longtemps la joue contre leur sein, ccmme un docteur fiévreux, pour les entendre respirer. A Dun-le-Palestel, dans la Creuse, la maison de famille du narrateur en a si gros sur le c?ur et tant à dire qu'on va la confesser, pièce après pièce, l'écouter se raconter, souvenirs dérangés, vérités arrangées, les choses et les gens tels qu'ils furent, les échos et les ombres qu'il en reste. Elle finira bien par lâcher cequ'elle sait. Elle sait l'histoire d'un père qui, lui, avait choisi de se taire.

A propos du livre

Extrait :

GRIS, BLANC, NOIR

«Un type qui est passé par le séminaire est abîmé à vie», ne manque jamais de dire Michel M., un ami qui passa, lui aussi, par le séminaire dans les années 1960. Le propos se veut provocateur, mais son auteur entend tout de même affirmer qu'on ne sort pas indemne de ce parcours, de cette aventure entre les murs des institutions diocésaines de l'Église.
Nous n'irons pas jusque-là. Mais il est certain qu'un pareil cheminement, surtout quand il a duré plusieurs années - cinq ans pour Michel, sept pour Joseph -, laisse une empreinte majeure et définitive.
C'est vrai de toute éducation, rétorqueront certains. Sûrement, mais le séminaire laisse une trace particulière. Sans doute parce que l'éducation qu'il dispense ne se cantonne pas à prodiguer des connaissances. Elle a pour ambition d'accompagner l'enfant vers la concrétisation d'un choix de vie à la fois privé et «professionnel» : être prêtre, au terme d'un projet conçu au sortir de la petite enfance, formalisé à dix ou onze ans, avec l'entrée dans l'institution. Corollaire d'une recherche et d'un engagement aussi élevés, le parcours au petit séminaire exige la remise en cause de soi-même, fait appel, à chaque instant, à la morale, au sens de la responsabilité, aux règles. Aucune école n'allait aussi loin.
Le séminaire laisse dans l'esprit de beaucoup l'image d'une école stricte, rude. Cela a été vrai dans plusieurs cas, mais des établissements religieux non diocésains tenus par des congrégations confessionnelles, de l'avis même de ceux qui y ont été pensionnaires, étaient autrement sévères, voire impitoyables.
Dès lors que nous avons entrepris d'écrire cette tranche de vie adolescente, comment s'y prendre ? Raconter le séminaire pose en effet problème. Puisqu'on y forme de futurs serviteurs de Dieu, puisque la vie est guidée, structurée par cet objectif, on ne peut se contenter de relater le quotidien du pensionnat sans le relier, l'articuler à la présence de l'Église, la place de la religion, au rôle des préceptes fondateurs, des dogmes et, au bout du compte, au regard de Dieu, de Jésus, de la Vierge Marie !
C'est la pertinence et la vertu de la correspondance entre deux frères à quelques années de distance de leur scolarisation.
Michel, de onze à seize ans, vit au petit séminaire. Joseph, ancien séminariste lui-même, endosse, de dix-neuf à vingt-quatre ans, les habits du grand frère qui aborde le monde du travail. Au fil de lettres, Michel relate le quotidien au sein de l'institution, la découverte de la vie collective, le respect des règles et de l'autorité, l'apprentissage de la foi et de la vocation, les premiers émois affectifs et sensuels. Joseph scrute cette existence au jour le jour à travers le prisme des préceptes, des desseins, des volontés des institutions diocésaines et de l'Église pour former les futurs pasteurs de son troupeau. Il explique pourquoi le séminaire impose ces modes de vie, ces interdits, ces règles, ces sanctions. Il conseille, essaie de rassurer, d'éclairer son jeune frère. Cette mise en regard est d'autant plus nécessaire que les deux auteurs ont effectué leur petit séminaire à une époque charnière, cruciale, où l'Église de près de deux siècles faisait sa révolution pour céder la place à celle de Vatican II (1962-1965). Le livre met en lumière ces changements historiques.

Présentation de l'éditeur :

1960-1970, la décennie de toutes les révolutions. L'Église a fait la sienne entre 1962 et 1965 avec le concile Vatican II. En 1964, Joseph et Michel entrent au petit séminaire. Ils y passeront respectivement sept et cinq ans. Cette tranche de vie va les marquer à jamais.
Ils racontent ces années.
Un séminaire, à cette époque, était un établissement scolaire, au même titre que les collèges et lycées publics et privés. Mais les élèves qu'il accueillait avaient un projet bien particulier : celui de devenir prêtre. Les cours achevés, le temps était consacré à la prière, à la réflexion, à la germination des «graines de curés» sous la vigilance des pères, représentants de l'évêché et donc de l'Église elle-même.
Comment relater la vie du séminaire au quotidien et les ambitions, les volontés de l'Église ? Les deux auteurs ont imaginé une correspondance. Michel, de 11 à 17 ans, est au coeur du petit séminaire. Il raconte ses joies, ses surprises, ses doutes, le respect des règles et de l'autorité, l'apprentissage de la foi et de la vocation, le plaisir d'apprendre, les émois charnels, l'éveil des sentiments, la transgression, parfois. Joseph, 19 ans, endosse les habits du grand frère qui rejoint la vie civile après huit années de séminaire. Il décrypte les règles de l'institution, explique les préceptes et les prescriptions de l'Église pour conduire les petits pensionnaires vers le sacerdoce. Il conseille, éclaire, rassure, dénonce aussi.
L'échange offre plusieurs lectures. Sans véhémence mais sans complaisance, il permet aux anciens séminaristes de raviver cette mémoire souvent enfouie, parfois refoulée, rejetée. Il offre à tous les contemporains de cette époque de revisiter la religion qu'ils ont connue, de se remettre en mémoire les mutations radicales de l'Église qui fondent toujours le catholicisme d'aujourd'hui.

Joseph et Michel Gicquel sont frères jumeaux. Joseph est journaliste. Michel travaille dans le secteur social. Marqués par la culture et la morale chrétiennes de parents profondément croyants, la proximité de prêtres et de religieuses, ils ont voulu relater leur adolescence passée au séminaire. Leur récit se veut un témoignage de ces années clés qui ont vu la fin de près de deux siècles de pratique religieuse, l'avènement d'une Église enfin inscrite dans son monde mais aussi confrontée aux idées nouvelles, aux bouleversements sociaux, notamment ceux de Mai 68.
Comme ils l'ont fait dans leur précédent ouvrage, Rougir d'être paysan, ils ont considéré que la parole ici libérée peut aussi libérer celle de tous ceux qui, comme eux, ont vécu cette époque.

À propos de cette édition

• Éditeur: OUEST FRANCE
• Date d'édition: 2011
• ISBN 10: 2737354099
• ISBN 13: 9782737354090
• Reliure: Paperback
• Nombre de pages: 192