Extrait :
GENÈSE D'UNE GUERRE QUI NE DIT PAS SON NOM
Le soulèvement du 1er novembre 1954 qui marque le début de la guerre d'Algérie n'est pas un événement de «génération spontanée», totalement imprévisible. Il est en partie l'aboutissement de revendications indépendantistes maintes fois formulées dans le passé. Depuis fort longtemps en effet, deux grandes figures algériennes, Messali Hadj et Ferhat Abbas, étaient les initiateurs et les porte-drapeaux d'un message nationaliste clairement exprimé. À preuve, le 8 novembre 1942, après le débarquement des troupes anglo-américaines en Algérie, Ferhat Abbas déclare qu'il veut sortir son pays du carcan colonialiste.
À preuve aussi, la journée du 8 mai 1945 au cours de laquelle, en métropole comme en Algérie, s'organisent des manifestations pour fêter la victoire des Alliés et la capitulation de l'Allemagne. Dans des villes comme Alger, Guelma et d'autres, les nationalistes algériens en profitent pour faire connaître leur volonté de conduire le pays vers son autonomie. A Sétif, la manifestation tourne à l'émeute : au moins 23 Européens sont assassinés et 103 morts seront dénombrés les jours suivants.
La répression est terrible et fera 1 165 morts selon le bilan officiel et plusieurs milliers selon certains historiens. Quel que soit le bilan retenu, le 8 mai 1945 marque une étape cruciale dans l'histoire que vivent ensemble les deux communautés, musulmane et européenne.
Pour nombre d'autochtones, cet épisode sanglant les conforte dans leur volonté d'accéder à l'indépendance et signe, en quelque sorte, les prémices de la guerre d'Algérie.
Après ce 8 mai, l'organisation nationaliste algérienne se structure de mieux en mieux autour des oulémas (théologiens, professeurs, responsables de la loi coranique) et de chefs au prestige grandissant comme Hocine Ait Ahmed, Ahmed Ben Bella, etc.
De son côté, Messali Hadj fonde dès 1946 le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) et Ferhat Abbas est élu député la même année à l'Assemblée nationale française. Tous les deux cependant continuent de militer pour l'émancipation de l'Algérie. Huit ans plus tard, en 1954, Ben Bella et les membres de son organisation s'exilent au Caire et créent le Comité révolutionnaire d'union et d'action (CRUA). C'est ce comité qui déclenche l'insurrection du 1er novembre 1954.
Dans la nuit du dimanche 31 octobre au lundi 1er novembre, le FLN (Front de libération nationale) ordonne à ses commandos de passer à l'action partout où ils se trouvent sur le territoire algérien. En Oranie, dans l'Algérois, en Kabylie, dans le Constantinois et dans les Aurès, ces commandos utilisent des explosifs pour faire sauter, parfois avec succès, des bâtiments publics, des centrales électriques, des entrepôts de tabac, d'armes, de munitions, d'essence, etc. Ils visent aussi des usines, des gares ; ils attaquent des gendarmeries, s'en prennent à quelques casernes dont celle de Blida, font sauter des ponts et sectionnent des poteaux téléphoniques.
Présentation de l'éditeur :
De la Toussaint rouge de 1954 à l'indépendance en 1962, Soldats en Algérie brosse un tableau de ce que furent les missions de l'armée française dans la guerre d'Algérie.
Plus de cent photos illustrent ce récit enrichi par des témoignages de combattants dont ceux de parachutistes et de commandos qui formaient ces troupes d'élite aux ordres de chefs prestigieux comme Massu et Bigeard. Il fait la part belle à la lutte menée contre la rébellion tout en soulignant l'oeuvre de pacification concrétisée par les SAS et la scolarisation.
Les appelés du contingent et les militaires de carrière durent combattre dans un univers et une société qu'ils ne connaissaient pas.
Ancien professeur de lettres au collège, Jean Michenaud a été soldat en Algérie de mars 1958 à mars 1960 dans un régiment opérationnel basé en Grande Kabylie. Il a participé à de nombreuses opérations mais a aussi été chargé de créer une école pour les enfants des villages. C'est son histoire, et celle de ses camarades, qui est racontée ici.
Il est l'auteur de Journal d'un cavalier à pied, 14-18, publié aux Editions Siloë.
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