Extrait :
Extrait de l'avant-propos
HISTORIQUE DU SIÈGE
Le siège le plus répandu au Moyen Âge est le coffre, meuble à double fonction puisqu'il sert également au rangement. Des sièges pliants avec lesquels on se déplaçait, recouverts de cuir, sont aussi fréquemment utilisés, et le coussin dit «carreaux» fait son entrée, désormais associé à l'idée d'un certain confort.
Les lignes s'affinent à la Renaissance et s'autorisent des décorations plus douces. L'utilisation du cuir se pérennise et s'enrichit : il est maintenant gaufré et fixé par des clous de finition.
C'est véritablement au XVIe siècle, sous Louis XIII, que les formes se modifient : bois tournés, hauts dossiers légèrement inclinés vers l'arrière, large assise dénommée «garniture». Celle-ci, fruit d'un travail d'innovation des tapissiers, est constituée de fibres végétales et animales que sont le crin et la laine. De superbes tapisseries, des tissus épais et du cuir rendent l'assise plus confortable.
Avec Louis XIV, qui voulut un règne triomphant, la structure du siège devient plus imposante : de hauts dossiers, des pieds en X en bois sculpté, une garniture pour l'assise et le dossier, et les premières manchettes embellissent le siège.
Une abondance de motifs enrichissent les tissus : damas, satin, velours italiens et tapisseries doivent témoigner d'un décor royal et célébrer la gloire du roi.
Avec le nouveau siècle, commence la Régence. Elle conserve certaines lignes Louis XIV, mais la cour perdant de son éclat, les meubles se rapprochent du sol, les pieds des sièges s'affinent, se cambrent et sont chantournés, des sculptures sont réalisées sur la ceinture avant. La société cherche le confort : le canapé apparaît.
Avec Louis XV, le style devient moins rigoureux, il s'allège et la bourgeoisie se plaît dans les salons destinés au plaisir de la conversation et du goût. Le fauteuil prend alors une place considérable dans les intérieurs. Les ébénistes façonnent des fauteuils plus petits, des cabriolets à dossiers plus bas, et suppriment la traverse entre les pieds. Les accotoirs rendent le siège plus accueillant, débordant vers l'extérieur de la ceinture, les manchettes sont réduites. Tout dans la structure du siège se cambre : courbes, galbes, disparition des lignes avec angles droits. Les garnitures se perfectionnent avec l'utilisation de fournitures nouvelles et de tissus souples comme le satin et le coton.
Mais il en est des styles comme des modes, un changement s'imposait, une lassitude gagnait devant ce mobilier trop riche : sous Louis XVI, tout devient plus strict, les éléments décoratifs se font plus symétriques et plus géométriques. C'est le retour des angles droits associés à des dossiers ornés de rubans et de roses, de bois sculptés, les pieds et les montants des dossiers sont cannelés, les ceintures sculptées de perles, d'olives, de piastres, de rosaces et de gerbes. Les bois sont souvent peints. Les tapissiers enrichissent leur savoir-faire, notamment dans le piquage. Ils utilisent de nouvelles techniques rendues nécessaires par la variété des dossiers : médaillons, trapézoïdaux, en chapeaux de gendarme, et en hotte. Les tissus égayent ces lignes plus strictes. Ce sont des soies brochées, des tapisseries d'Aubusson et de Beauvais, de riches velours et la très fameuse toile de Jouy.
Biographie de l'auteur :
Diplômé de l'école Boulle à Paris, Raphael-Didier de l'Hommel est tapissier décorateur. Il partage sa passion et son art de la réfection de sièges en animant de nombreux ateliers en Île-de-France. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages publiés aux Editions Ouest-France.
Les informations fournies dans la section « A propos du livre » peuvent faire référence à une autre édition de ce titre.