RO30080041. NUMERO SIX. 2002. In-12. Broché. Bon état, Couv. convenable, Dos satisfaisant, Intérieur frais. 102 pages.. . . . Classification Dewey : 840.091-XX ème siècle
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Ils sont tous sur la plage. On dirait qu'elle est à eux. La famille Delbast. Le père. La mère. Les six enfants - oui, le fils aîné est là, quelle surprise ! Les autres, les baigneurs, les touristes, sont rentrés chez eux. C'est le soir. Maria, la bonne, se tient à l'écart et regarde la mer en rêvant à l'Espagne.
On décide de faire une photo de famille. Le soleil n'est pas encore couché, la lumière est belle. Le père a retroussé son pantalon, il a les deux pieds dans l'eau, il va prendre la photo. Les enfants s'agglutinent autour de la mère : les plus jeunes à ses pieds, les aînés debout, derrière elle, comme s'ils la protégeaient. Le père leur demande de ne plus bouger, de sourire à l'objectif. Il regarde dans son Leica. Quelques secondes, puis il relève la tête, inquiet. Il les regarde tous. Il les compte. Il les recompte. Son cœur s'emballe. La dernière, Fanny, n'est pas sur la photo. N'est pas dans le groupe. N'est pas sur la plage.
J'ai marché lentement dans la mer. Je n'ai pas eu froid. Je n'ai pas eu peur. La mer ne m'a pas surprise, elle m'a accueillie, elle s'est ouverte pour moi.
J'ai avancé en tenant des deux mains le chapeau bleu qui allait si bien avec la robe. J'ai avancé en regardant droit devant moi. Très vite, l'eau a caché la robe. Je n'avais toujours pas peur. La mer n'était pas immense. Elle était à ma mesure, je ne m'y perdais pas, je m'y promenais. Je me suis accrochée plus fort à mon chapeau quand l'eau a pris mon visage, aussi. C'était doux. Un grand silence. Il n'y avait plus rien. Je suis tombée.
Tu as vu mon chapeau bleu à la surface de la mer déserte. Tu as lâché ton appareil photo. Tu as plongé.
Tu m'as ramenée sur le sable.
Je vis.
Ma place, c'est la dernière. La dernière de la famille, la numéro six comme on me présente quelquefois. Je suis venue sur le tard. Maman se croyait délivrée de ses grossesses, sa ménopause s'annonçait. Mais je suis arrivée.
Patrice, l'aîné, avait vingt ans, il s'apprêtait à quitter la famille, Christophe, le cinquième en avait dix, je venais clore un cercle qui s'était déjà ouvert.
Toi, mon père, tu avais cinquante ans.
Mon âge aujourd'hui.
C'est un peu notre anniversaire...
On pensait que je naîtrais mongolienne, un bébé fabriqué avec un ovule fatigué, des chromosomes peu vaillants. Pas question d'avortement. On est catholiques pratiquants. Je n'ai pas d'illusion : la fausse couche a dû être souhaitée.
Je me suis accrochée.
Ma naissance n'a pas effacé les soupçons. Pendant trois jours on m'a fait passer des tests : est-ce que je tiens ma tête, est-ce que je bois avec vigueur, est-ce que je réagis aux stimuli ?
Je suis normale.
La queue de la comète.
Tu as cent ans. Depuis longtemps déjà, chaque année passée te fragilise un peu plus. Chaque minute qui s'écoule t'use lentement. Tu es un vieux caillou poli par le temps. Je te garde. C'est moi qui ai trouvé la maison de retraite, tout près de chez moi. Personne ne pouvait te prendre. Les aînés ont de grands appartements et des vies mouvementées : les enfants, les petits-enfants, les voyages, les œuvres de bienfaisance... J'ai un minuscule appartement que je partage avec ma fille de quinze ans, Agathe, et des horaires de secrétaire.
J'ai mis toute mon énergie à trouver cet endroit. Je te voulais près de moi. Dépendant de moi. Quel soulagement pour les aînés, ils n'y croyaient pas, ils ont dit qu'ils pouvaient payer, que le prix ne devait pas être un obstacle, surtout que rien ne m'arrête dans mes recherches.
Rien ne m'a arrêtée.
Et toi, aujourd'hui, tu ne parles plus. Presque plus.
Mais tu es là.
Aujourd'hui c'est samedi. Je ne travaille pas. Tu déjeunes chez moi. Je t'ai aidé à t'asseoir au salon. Tu es assis et tu attends.
Sais-tu qui tu attends ? Agathe, moi, ta femme, ta mère ? L'absence nous réunit, les vivantes et les mortes, ce qui te manque c'est un visage aimé, mais qui aimes-tu ? Souvent tu me demandes où est maman, tu me forces à répéter l'histoire de sa mort : "Maman est morte il y a eu dix ans à Noël, papa." Tu le sais déjà mais tu ne t'y fais pas, tu demandes confirmation, tu dis : "C'est terrible... terrible..." et tu me regardes, ahuri, étonné.
Est-ce que je vais passer ma vie à annoncer la mort de ma mère ?
Aujourd'hui c'est Agathe qui viendra s'asseoir à tes côtés. Elle te prendra la main et vous ne direz rien.
Oui, elle sera là. Un peu. Pour le déjeuner au moins. Après... Après je me ferai du souci. Elle sera avec sa bande de copains. Je les connais à peine. Je veux les connaître et je ne veux pas. Je veux maîtriser la situation et je veux laisser Agathe libre. Je veux la mettre en garde et j'ai peur de voir le mal partout. Est-ce que le mal est partout ? Tout ce qui se lit dans le journal : le viol, les tournantes, la drogue, le racket, tout ça arrive, personne n'est prédestiné à ça, le mal est toujours une surprise, une intrusion dans la vie qu'on avait rêvée. Où ma fille passe-t-elle ses après-midi ? Je pose des limites. Elle les transgresse. Dans mes bons jours je me dis qu'on apprend dans la transgression. Dans les moments noirs je me dis qu'elle me ment. Est-ce moi qui la pousse à mentir, est-ce que je lui coupe les ailes ou est-ce que je la protège ?
Plus tard, elle me le dira. Viendra l'heure des reproches.
Je ne te reproche rien.
Je me souviens.
La famille Delbast est catholique. Cinq frères et sœurs précèdent Fanny. A sa naissance son frère aîné a vingt ans.
Dans cette fratrie, sa place est illusoire, son enfance est occultée, son identité le plus souvent réduite à un numéro pour éviter la confusion des prénoms. Petite fille solitaire, Fanny adore son père, mais il ne la voit pas. Trop de choses les séparent, trop de vie, de retenue aussi.
M. Delbast est médecin. Il est de ceux qui ont fait la guerre, la première, et pour Fanny qui, adulte, récupère ses lettres envoyées du front, c’est encore l’occasion de réinventer ce demi-dieu. A cinquante ans, Fanny parviendra-t-elle à prendre sa revanche, pourra-t-elle exiger le regard de son père ?
Après Bord de mer, Véronique Olmi aborde de nouveau le thème de l’amour filial avec une sensibilité remarquable. Mais, à travers la figure du père, c’est aussi de la bourgeoisie catholique qu’il est question ici, et de l’insidieuse violence par laquelle ce monde bien-pensant est capable de verrouiller la vie d’une enfant.
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Couverture souple. Etat : Très bon. Résumé : La famille Delbast est catholique. Cinq frères et soeurs précèdent Fanny. A sa naissance son frère aîné a vingt ans. Dans cette fratrie, sa place est illusoire, son enfance est occultée, son identité le plus souvent réduite à un numéro pour éviter la confusion des prénoms. Petite fille solitaire, Fanny adore son père, mais il ne la voit pas. Trop de choses les séparent, trop de vie, de retenue aussi. M. Delbast est médecin. Il est de ceux qui ont fait la guerre, la première, et pour Fanny qui, adulte, récupère ses lettres envoyées du front, c'est encore l'occasion de réinventer ce demi-dieu. A cinquante ans, Fanny parviendra-t-elle à prendre sa revanche, pourra-t-elle exiger le regard de son père ? Après Bord de mer, Véronique Olmi aborde de nouveau le thème de l'amour filial avec une sensibilité remarquable. Mais, à travers la figure du père, c'est aussi de la bourgeoisie catholique qu'il est question ici, et de l'insidieuse violence par laquelle ce monde bien-pensant est capable de verrouiller la vie d'une enfant. FRAIS DE PORT GRATUIT POUR LE MONDE ENTIER.LIVRE (S) ENVELOPPÉ (S) DANS DU PLASTIQUE A BULLES, ENVOI RAPIDE ET SOIGNÉ. N° de réf. du vendeur ak4454
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Paperback. Etat : OKAZ. La famille Delbast est catholique.Cinq frères et soeurs précèdent Fanny. A sa naissance son frère aîné a vingt ans. Dans cette fratrie, sa place est illusoire, son enfance est occultée, son identité le plus souvent réduite à un numéro pour éviter la confusion des prénoms. Petite fille solitaire, Fanny adore son père, mais il ne la voit pas. Trop de choses les séparent, trop de vie, de retenue aussi. M. Delbast est médecin. Il est de ceux qui ont fait la guerre, la première, et pour Fanny qui, adulte, récupère ses lettres envoyées du front, c'est encore l'occasion de réinventer ce demi-dieu.A cinquante ans, Fanny parviendra-t-elle à prendre sa revanche, pourra-t-elle exiger le regard de son père ? Après Bord de mer, Véronique Olmi aborde de nouveau le thème de l'amour filial avec une sensibilité remarquable. Mais, à travers la figure du père, c'est aussi de la bourgeoisie catholique qu'il est question ici, et de l'insidieuse violence par laquelle ce monde bien-pensant est capable de verrouiller la vie d'une enfant. - Nombre de page(s) : 102 p. - Poids : 0g - Langue : fre - Genre : Littérature française Romans Nouvelles Correspondance Domaine français. N° de réf. du vendeur O78649-666
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