Présentation de l'éditeur :
Ils vivent seuls ou en maison de retraite ; ils parlent à leur animal de compagnie ou au téléphone, la plupart n’ont plus grand monde à qui parler. Ils ont en commun leur grand âge, une santé chancelante, et ce terrible et culpabilisant sentiment d’inutilité, comme d’encombrants meubles au rebut. Un recueil de nouvelles cinglantes et tendres, par l’auteur de La Tête en friche (Le Rouergue, 2008). Il y a cette mamie qui se réjouit de la venue de ses enfants et petits-enfants… qui ne resteront finalement pas pour le repas qu’elle aura mis la journée à préparer. Cette brave dame qui travaille en maison de retraite et donne de temps en temps des claques aux plus récalcitrants, aux plus capricieuses, pas de risques qu’ils se plaignent, ils ont trop besoin d’elle. Ce vieux monsieur qui se perd parfois en se promenant, et qu’on retrouve toujours plongé dans la contemplation d’un rosier. Cette centenaire dont l’anniversaire est célébré en grande pompe entre un député pressé et une équipe télé avide…
Ils vivent seuls ou en maison de retraite ; ils parlent à leur animal de compagnie ou au téléphone, la plupart n’ont plus grand monde à qui parler. Ils ont en commun leur grand âge, une santé chancelante, et ce terrible et culpabilisant sentiment d’inutilité, comme d’encombrants meubles au rebut. Marie-Sabine Roger les évoque avec tendresse, avec bienveillance, sans pourtant épargner les plus acrimonieux mais surtout ceux qui sont autour : les égoïstes, les lâches, les profiteurs et les indifférents. Pleines d’humanité et de fraîcheur, ces nouvelles rendent dignité et reconnaissance aux vieilles personnes, rappelant qu’elles sont avant tout des personnes, simplement.
Extrait :
Éliette et Léonard
Elle n'a jamais compris comment faire un bouquet. Elle fait des vracs de fleurs. Des fagots dans des vases. Elle a beau reculer ensuite, revenir, corriger, c'est moche, c'est bancal.
Voilà encore une incapacité. Elle en a d'autres. C'est pour ça que je l'aime.
Je ne me moque pas : je la connais, c'est tout. Depuis le temps, je la connais.
Elle s'énerve sur ces feuillages, ça lui pique les doigts. Elle piaille.
-Allons bon, il est bien petit, ce pot ! Pourquoi est-ce que j'ai pris un pot comme ça, moi ? Si je les mettais dans celui-là, plutôt ? Et voilà, ce coup-ci, c'est trop grand !
Elle s'applique à créer un décor, quelque chose de bien. Oh oui, elle s'applique ! Elle est fébrile depuis deux jours. Depuis qu'ils ont téléphoné.
Comme elle met toujours le haut-parleur, parce qu'elle est un peu sourde, j'en ai bien profité.
«On rentre de vacances, on passera mardi. C'est sur notre chemin... Oui, c'est ce que je te dis : on vient... Avec les petits, oui... Les deux, oui. À cinq heures... Mais non, voyons : du soir.»
Ils n'étaient pas venus depuis... Combien déjà ?
Les salopards.
Un simple coup de fil : la voilà qui s'active, remet son coeur en mouvement.
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