Revue de presse :
"L'avantage avec les citations, c'est qu'on peut dire les choses les plus outrageuses par procuration" énonce facétieusement Kate Amhearst, l'héroïne de ce roman à tiroir. Car il est vrai que de citations, il en est fait grand cas dans cette intrigue au fond peu intrigante en tant que telle : un blessé léger et un cadavre mort naturellement (certes qui ne se trouve pas là ou il devait être !) sont les éléments qui nécessitent "l'enquête". L'essentiel se trouve donc ailleurs, dans l'atmosphère conflictuelle et mal aisée de ce début des années 70 où la jeunesse américaine, confrontée à la guerre du Vietnam, aux prises avec une culture parentale conservatrice, tente, cahin caha, son émancipation. La plume légère, brillante et souvent drôle, Amanda Cross plonge son héroïne sur le site même de son adolescence, la très honorable école Theban, mythique, avant-gardiste sur bien des points, mais complètement déboussolée par les "révolutions" en cours. Pourtant, ce n'est pas faute de déployer des missions innovantes à l'objectif éminemment diplomatique. Kate Amhearst, alors jeune mariée, (durant sa vacation, Kate réadopte son nom de jeune fille : Miss Fansler) accepte de remplacer le professeur qui devait dispenser un séminaire sur l' Antigone de Sophocle et ses implications contemporaines. Cependant, il ne s'agit plus de faire des cours doctement, assuré de l'écoute respectueuse des élèves. "Et, si avant-gardiste soit elle, l'architecture scolaire accuse vite son âge : comme à un visage de femme après un lifting, il lui manque le caractère qui l'aiderait à compenser les outrages du temps" constate Kate. Les tâtonnements pédagogiques placent donc notre héroïne dans un rôle d'arbitre et de modérateur. Face à sept jeunes filles vives et érudites, Kate s'immerge peu à peu dans les désarrois de l'adolescence, sans nostalgie aucune, mais plutôt avec une certaine curiosité tour à tour acérée, amusée ou agacée. "C'est l'éternel problème, avec les ados, comme Terence Rattigan le dit si bien. Ils sont trop grands pour qu'on leur colle une fessé et pas assez pour qu'on leur colle un marron - si toutefois il se trouvait encore quelqu'un, de nos jours, pour envisager de faire l'un ou l'autre, ce qui n'est pas le cas..." explique ironiquement Mr Reed Amhearst à son épouse.
Métaphores goûteuses et dialogues enlevés donnent à ce roman une réflexion tout à la fois grave (même si quelques remarques sont contestables) et ludique. Un excellent moment de lecture et un petit voyage dans ses émotions de perpétuel adolescent.--Sylvaine Jeminet-- -- Urbuz.com
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