Revue de presse :
Et si nous vivions dans un monde qui nous interdit peu à peu le contact, l’échange, le frôlement des peaux et le mélange des idées ? Et si sous prétexte de progrès, technologique, industriel, sécuritaire, notre civilisation était en train de nous imposer une emprise religieuse, où, tels des automates, nous serions condamnés à travailler, en silence, à procréer, en couple, avec l’accord d’un prêtre ou d’un pasteur, pour s’endormir dans un pavillon de banlieue protégés par des vigiles avec des chiens ? Tout cela ne paraîtra caricatural qu’à ceux qui n’ont pas vu Matrix ou un reportage sur les «villages privés» en construction sur la côte d’Azur.
Nice et ses SDF déplacés à la montagne, ce n’est pourtant pas le territoire de Bruce Benderson. Il est new-yorkais avant d’être américain et ses héros ont plus à voir avec les «cailleras» locales qu’avec les vieilles dames aux chignons bleutés. Pourtant, avec un essai de 109 pages et 42 courts chapitres, il nous montre comment la construction des villes, voulue par des maires réactionnaires en accord avec des promoteurs immobiliers qui ne le sont pas moins, a peu à peu modifié notre façon de draguer, bouger, sortir en ville. La drague sur le net est désincarnée de chaire, aucun ado n’a le droit de traverser le pays en stop ou de s’offrir un petit apprentissage de plaisir avec quelqu’un de plus âgé, New York a rasé ses squats d’artistes pour bâtir des cinémas contrôlés par Disney. Et comme le montre Benderson, seul, chez soi, face à Dieu, il nous reste la prière et les larmes. --Luc Biecq -- Urbuz.com
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