Extrait :
Extrait du prologue :
Sarah regardait s'approcher la serveuse déguisée en soubrette de comédie : robe noire, tablier blanc, coiffe amidonnée. C'était une fille jeune, probablement une débutante et qu'intimidaient encore un peu les clientes de ce quartier réputé «chic». Elle posa la théière sur la table et dit doucement : «lapsang-souchong...» quêtant une approbation de la part de Sarah. La jeune femme sourit. Elle aimait le rituel pompeux et niais des salons de thé, leurs chuchotis de confessionnal. Ces faux secrets qu'on échange entre deux bouchées de tarte à la myrtille, les roucoulements des dames aux cheveux teints. Il y avait dans tout cela une banalité qui la rassurait. C'était un monde doux et calme où ne se produisait jamais le moindre coup d'éclat, une enclave de paix sur le trajet du boulevard.
Elle versa un peu de liquide brûlant sur la rondelle de citron. Les miroirs tapissant le fond de la salle lui renvoyaient son image. Elle vérifia que le turban de cuir qu'elle portait n'avait pas glissé et que personne ne pouvait deviner la nudité de son crâne. C'était important. Elle aurait pu, bien sûr, utiliser des perruques, mais elle détestait ce subterfuge qui amoindrissait sa singularité et qui - paradoxalement - lui donnait l'impression d'être chauve. Elle se trouva belle, toute vêtue de cuir noir, les pommettes saillantes, les yeux tirés, avec quelque chose d'une prêtresse égyptienne fatiguée par les prières incessantes. Les prières ou les sacrifices... Elle savait que les autres femmes la regardaient. Elle sentait leurs yeux la frôler comme des ailes de papillon. C'étaient des regards jaloux, vindicatifs. Elle sourit et tourna le breuvage avec la petite cuiller d'argent. Une cérémonie désuète qui l'apaisait mieux que ne l'aurait fait le plus efficace des tranquillisants.
Présentation de l'éditeur :
INTÉGRALE BRUSSOLO
TOUTES LES FACETTES DE LA PEUR ET DE L'ANGOISSE
Marginale, délinquante à la dérive, Sarah a jadis été recueillie par Georges Mareuil-Mondesco, un fils de famille dévoyé et solitaire dont l'unique occupation consiste à scalper et à écorcher vives les femmes sur lesquelles il a jeté son dévolu. En échange du gîte et du couvert, Sarah est devenue tout à la fois son infirmière, sa bonne à tout faire et... sa complice.
Mais Georges n'est-il réellement qu'un banal sériai killer parmi tant d'autres ? Rien n'est moins sûr, et Sarah ne va pas tarder à découvrir que des forces obscures grouillent au coeur de l'immense demeure où ils ont tous deux trouvé refuge. Une demeure qui abrite le musée maudit du père de Georges, le terrible Werner Mareuil-Mondesco, le roi du safari-massacre dont les carnages défrayèrent la chronique. Et si les animaux empaillés, accumulés au cours de ses chasses, avaient soudain décidé de se venger ?
UN ROMAN POUR LECTEURS AVERTIS, À NE PAS METTRE ENTRE TOUTES LES MAINS !
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