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Extrait :
Extrait de l'introduction :
L'histoire millénaire de Compostelle réserve plus d'une surprise et plus d'un paradoxe. Au début du ixe siècle, à l'extrémité occidentale de la péninsule Ibérique, un tombeau est miraculeusement identifié comme celui de l'apôtre Jacques, disciple de Jésus. Entre cette mystérieuse j découverte et le renouveau contemporain, aussi spectaculaire qu'inattendu, du pèlerinage, la tradition compostellane a progressivement intégré un ensemble complexe de facteurs historiques, religieux, légendaires, politiques et sociaux. Ceux-ci ont évolué et se sont agrégés au cours des siècles, non sans vicissitudes et controverses.
Se souvient-on en effet aujourd'hui qu'à l'époque de la Renaissance et de la Contre-Réforme, un pape mit en doute la réalité de la prédication de l'apôtre Jacques en Espagne ? L'Église contemporaine soutient la tradition de Compostelle, mais avec prudence parfois. Si le pape Jean-Paul II, se faisant lui-même pèlerin en 1982, contribua de manière notable à la renaissance des Chemins, son successeur Benoît XVI, dans une homélie de 2006 consacrée à l'apôtre Jacques, s'est contenté d'évoquer sobrement «l'affluence des fidèles à Saint-Jacques-de-Compostelle où une tradition raconte que [le] corps [de l'apôtre] a été transporté».
Le renouveau actuel doit beaucoup à la manière dont l'histoire de Compostelle a été écrite, ou réécrite, au XXe siècle. On a souvent dit, sans véritables preuves, que des «centaines de milliers de pèlerins» fréquentaient chaque année le sanctuaire médiéval. Des études récentes invitent à plus de prudence : aux nobles, clercs ou marchands du Moyen Âge, dont l'affluence est difficile à quantifier, succédèrent sans doute, aux XVIe et XVIIe siècles, des pèlerins assez nombreux, soucieux d'affirmer leur foi catholique face au protestantisme. Il reste qu'au XIXe siècle, le pèlerinage tomba en désuétude jusqu'à pratiquement disparaître.
Au siècle suivant, l'historiographie a été mise à contribution pour soutenir l'ambition de «recréer» les Chemins de Saint-Jacques. On présenta, sous le titre de Guide du pèlerin, comme la description historique des itinéraires à restaurer, un document du XIIe siècle, pratiquement ignoré avant sa réédition de 1938 et attribué au clerc poitevin Aimery Picaud. Or ce texte n'avait pas connu de véritable diffusion au Moyen Age, contrairement à la Chronique de Turpin, rédigée vers la même époque et qui, en associant la légende de Compostelle à celle de Charlemagne et du preux Roland, avait largement contribué à la promotion du sanctuaire, notamment en France.
Aujourd'hui, certains auteurs se montrent critiques envers ce qu'ils qualifient de «mythes». La complexité de la figure de l'apôtre Jacques au Moyen Âge et la diversité du culte rendu au saint et à ses reliques dans différentes églises de la chrétienté ont rendu à leurs yeux nécessaire une relecture critique. Celle-ci s'est d'abord faite en France ; c'est que le phénomène n'est pas perçu de la même manière des deux côtés des Pyrénées. Du côté espagnol, la figure de saint Jacques Matamoros («tueur de Maures»), symbole de l'identité nationale et champion de la Reconquista, intouchable durant toute la période franquiste, reste présente dans la mémoire déchirée et douloureuse de la guerre civile, et elle continue de diviser les esprits.
Présentation de l'éditeur :
L'histoire millénaire de Compostelle réserve plus d'une surprise et plus d'un paradoxe. Au début du ixe siècle, à l'extrémité occidentale de la péninsule Ibérique, un tombeau est miraculeusement identifié comme celui de l'apôtre Jacques, disciple de Jésus. Entre cette mystérieuse j découverte et le renouveau contemporain, aussi spectaculaire qu'inattendu, du pèlerinage, la tradition compostellane a progressivement intégré un ensemble complexe de facteurs historiques, religieux, légendaires, politiques et sociaux. Ceux-ci ont évolué et se sont agrégés au cours des siècles, non sans vicissitudes et controverses.
Se souvient-on en effet aujourd'hui qu'à l'époque de la Renaissance et de la Contre-Réforme, un pape mit en doute la réalité de la prédication de l'apôtre Jacques en Espagne ? L'Église contemporaine soutient la tradition de Compostelle, mais avec prudence parfois. Si le pape Jean-Paul II, se faisant lui-même pèlerin en 1982, contribua de manière notable à la renaissance des Chemins, son successeur Benoît XVI, dans une homélie de 2006 consacrée à l'apôtre Jacques, s'est contenté d'évoquer sobrement «l'affluence des fidèles à Saint-Jacques-de-Compostelle où une tradition raconte que [le] corps [de l'apôtre] a été transporté».
Le renouveau actuel doit beaucoup à la manière dont l'histoire de Compostelle a été écrite, ou réécrite, au XXe siècle. On a souvent dit, sans véritables preuves, que des «centaines de milliers de pèlerins» fréquentaient chaque année le sanctuaire médiéval. Des études récentes invitent à plus de prudence : aux nobles, clercs ou marchands du Moyen Âge, dont l'affluence est difficile à quantifier, succédèrent sans doute, aux XVIe et XVIIe siècles, des pèlerins assez nombreux, soucieux d'affirmer leur foi catholique face au protestantisme. Il reste qu'au XIXe siècle, le pèlerinage tomba en désuétude jusqu'à pratiquement disparaître.
Au siècle suivant, l'historiographie a été mise à contribution pour soutenir l'ambition de «recréer» les Chemins de Saint-Jacques. On présenta, sous le titre de Guide du pèlerin, comme la description historique des itinéraires à restaurer, un document du XIIe siècle, pratiquement ignoré avant sa réédition de 1938 et attribué au clerc poitevin Aimery Picaud. Or ce texte n'avait pas connu de véritable diffusion au Moyen Age, contrairement à la Chronique de Turpin, rédigée vers la même époque et qui, en associant la légende de Compostelle à celle de Charlemagne et du preux Roland, avait largement contribué à la promotion du sanctuaire, notamment en France.
Aujourd'hui, certains auteurs se montrent critiques envers ce qu'ils qualifient de «mythes». La complexité de la figure de l'apôtre Jacques au Moyen Âge et la diversité du culte rendu au saint et à ses reliques dans différentes églises de la chrétienté ont rendu à leurs yeux nécessaire une relecture critique. Celle-ci s'est d'abord faite en France ; c'est que le phénomène n'est pas perçu de la même manière des deux côtés des Pyrénées. Du côté espagnol, la figure de saint Jacques Matamoros («tueur de Maures»), symbole de l'identité nationale et champion de la Reconquista, intouchable durant toute la période franquiste, reste présente dans la mémoire déchirée et douloureuse de la guerre civile, et elle continue de diviser les esprits.
Compostelle
La Légende L'Histoire Les Chemins Les Hommes
L'histoire millénaire de Compostelle réserve plus d'une surprise et plus d'un paradoxe.
Au début du IXe siècle, à l'extrémité occidentale de la péninsule Ibérique, un tombeau est miraculeusement identifié comme celui de l'apôtre Jacques, disciple de Jésus. Entre cette mystérieuse découverte et le renouveau actuel du pèlerinage, aussi spectaculaire qu'inattendu, la tradition de Compostelle a intégré un ensemble complexe de facteurs historiques, religieux, légendaires, politiques et sociaux.
Le présent ouvrage souhaite rendre accessible à un large public les apports de l'historiographie la plus récente, qui remettent en cause un certain nombre d'idées reçues. Il se penche sur les origines et l'histoire de la tradition compostellane ; puis il décrit les Chemins de Saint-Jacques, dans leur richesse historique, patrimoniale, artistique, et touristique ; il cherche ensuite à décrypter la diversité des motivations actuelles, en s'appuyant sur les témoignages de croyants, bien sûr, mais aussi de non-croyants ; enfin, il fait une place aux aspects pratiques qui font le quotidien des marcheurs durant des semaines, voire des mois.
La spécificité de Compostelle est d'entremêler un héritage historique et religieux séculaire avec les quêtes actuelles de spiritualité et de sens. Pour mieux rendre le sujet dans sa diversité, ce livre s'appuie sur une illustration riche et variée : photographies originales, de lieux, de monuments, de documents historiques..., schémas d'itinéraires, complétés par une carte de l'ensemble des Chemins.
Bernard Gauthier, conservateur à la Bibliothèque nationale de France et médiéviste de formation, est l'auteur des chapitres historiques de ce livre.
Charles Henneghien, journaliste et photoreporter, compte à son actif de nombreux ouvrages culturels. Il a rédigé les chapitres consacrés aux aspects contemporains, et il est l'auteur des photographies.
La Légende L'Histoire Les Chemins Les Hommes
L'histoire millénaire de Compostelle réserve plus d'une surprise et plus d'un paradoxe.
Au début du IXe siècle, à l'extrémité occidentale de la péninsule Ibérique, un tombeau est miraculeusement identifié comme celui de l'apôtre Jacques, disciple de Jésus. Entre cette mystérieuse découverte et le renouveau actuel du pèlerinage, aussi spectaculaire qu'inattendu, la tradition de Compostelle a intégré un ensemble complexe de facteurs historiques, religieux, légendaires, politiques et sociaux.
Le présent ouvrage souhaite rendre accessible à un large public les apports de l'historiographie la plus récente, qui remettent en cause un certain nombre d'idées reçues. Il se penche sur les origines et l'histoire de la tradition compostellane ; puis il décrit les Chemins de Saint-Jacques, dans leur richesse historique, patrimoniale, artistique, et touristique ; il cherche ensuite à décrypter la diversité des motivations actuelles, en s'appuyant sur les témoignages de croyants, bien sûr, mais aussi de non-croyants ; enfin, il fait une place aux aspects pratiques qui font le quotidien des marcheurs durant des semaines, voire des mois.
La spécificité de Compostelle est d'entremêler un héritage historique et religieux séculaire avec les quêtes actuelles de spiritualité et de sens. Pour mieux rendre le sujet dans sa diversité, ce livre s'appuie sur une illustration riche et variée : photographies originales, de lieux, de monuments, de documents historiques..., schémas d'itinéraires, complétés par une carte de l'ensemble des Chemins.
Bernard Gauthier, conservateur à la Bibliothèque nationale de France et médiéviste de formation, est l'auteur des chapitres historiques de ce livre.
Charles Henneghien, journaliste et photoreporter, compte à son actif de nombreux ouvrages culturels. Il a rédigé les chapitres consacrés aux aspects contemporains, et il est l'auteur des photographies.
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- ÉditeurEdisud
- Date d'édition2008
- ISBN 10 2744907901
- ISBN 13 9782744907906
- ReliureBroché
- Nombre de pages173
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Compostelle - la légende, l'histoire, les chemins, les hommes
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EDISUD
(2008)
ISBN 10 : 2744907901
ISBN 13 : 9782744907906
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Description du livre Etat : Neuf. N° de réf. du vendeur 9782744907906
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