Présentation de l'éditeur :
Le chef-d'oeuvre poétique d'Agrippa d'Aubigné est ici édité d'après la dernière version révisée par l'auteur, celle du manuscrit de Genève, dans le respect de l'orthographe et de la ponctuation. L'apparat critique recense toutes les variantes. De nouvelles analyses éclairent l'histoire du texte et de ses versions successives.
Les notes essaient d'éclaircir toutes les difficultés d'interprétation littérale, élucident quantité d'allusions historiques, signalent un très grand nombre de sources nouvelles. Replacé dans un intertexte extraordinairement large et divers, le poème se révèle dans toute son ampleur encyclopédique et toute sa complexité.
L'introduction propose une lecture de l'oeuvre replacée dans son contexte historique. Élaborée non pendant les guerres de religion, mais sous le règne d'Henri IV, elle est non un pamphlet jailli au feu de l'événement, mais une reconstruction poétique de l'histoire, délibérément discontinue, heurtée et violente; non un simple devoir de mémoire, mais une révélation au présent des menaces qui pèsent sur les protestants, entre l'exemple du passé et la fin des temps.
Quatre index, une chronologie et des illustrations complètent l'ouvrage.
La série Littératures publie des oeuvres de toutes littératures et de tous siècles, connues ou peu connues, qui ont marqué l'histoire littéraire, la culture ou l'évolution des idées. Ces oeuvres sont éditées dans la tradition des Éditions Champion : le texte publié est celui faisant autorité au regard des spécialistes qui ont procédé à son complet réexamen en s'appuyant sur les dernières avancées de la recherche. Littératures propose ainsi une édition sûre, des textes parfois inédits et toujours accompagnés du meilleur environnement critique et explicatif (bibliographie, index, dossiers complémentaires, etc.).
Extrait :
Extrait de l'introduction :
Histoire de la composition de l'oeuvre
Un problème non résolu
Aubigné déclare avoir entrepris la composition des Tragiques en 1577. Il les publie en 1616. Excepté pour le début de La Chambre dorée, nous ne disposons, pour la quarantaine d'années qui s'étend entre les «premières clauses» et la publication, d'aucun manuscrit qui permette de suivre l'évolution du texte au fil des retouches et des ajouts que son auteur y a apportés. Cette connaissance est pourtant d'une importance capitale pour éclaircir un grand nombre d'allusions, et surtout parce qu'elle détermine toute l'interprétation d'un poème de l'histoire qui change radicalement de signification selon qu'il se situe en 1577 ou en 1610.
En l'absence de documents et preuves matérielles, il faut donc faire des hypothèses à partir du texte, tenter de déterminer ce qui peut appartenir à une rédaction initiale et ce qui a pu être ajouté postérieurement. L'étude de référence sur ce point reste l'ouvrage d'Armand Garnier, pour qui une première rédaction comprendrait Misères, Princes, la Chambre dorée, Les Feux, Vengeances, cinq chants qu'un certain nombre d'additions ponctuelles auraient simplement complétés. Pour des raisons de vraisemblance, certaines parties de Fers doivent appartenir à la période de rédaction primitive, mais la plus grande partie du chant, qui tire partie de la documentation réunie pour V Histoire universelle, aurait été rédigée assez tard, après 1598. Enfin Jugement «semble avoir été fait presque tout entier après 1600, et plutôt même dans les dernières années du règne de Henri IV».
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