Vauvenargues est un météore qui a traversé le ciel de la philosophie de façon quasi anonyme et dont la trace a été particulièrement trahie puis perdue. Ce livre reconstruit le sens d'une oeuvre de laquelle Nietzsche écrit qu'elle est celle d'un penseur aux idées véritables. Vauvenargues est, en effet, un philosophe dont les idées radicales ont été forcloses. Et la seule oeuvre publiée de son vivant, Introduction à la connaissance de l'esprit humain, ne pouvait être véritablement comprise que selon ses prémisses «spinozistes» qui avaient été dissimulées, par l'auteur lui-même, comme elles ont été, ensuite, refoulées et ignorées dans l'histoire de la réception. Vauvenargues développe, en son temps, contre son temps et pour un temps à-venir, une profonde réflexion philosophique sur l'affirmation de la puissance singulière - en butte à la raison mortifère des théologiens et des faux philosophes - et l'unité dynamique et inventive des passions et de la raison. Son oeuvre se présente comme le diagnostic d'une époque et aussi le creuset d'une pensée de l'avenir qui se démarque des grandes options philosophiques et politiques de la modernité. Ainsi, Vauvenargues traverse-t-il le machiavélisme français pour retrouver un fil plus authentiquement machiavélien, celui du prince «populaire et accessible» dont l'âme est capable de «se multiplier pour suffire à tout». Un fil politiquement révolutionnaire quand Vauvenargues développe l'idée d'une richesse constituante de la diversité des désirs, des vertus et des talents, qui ont déserté la Cour pour se réfugier dans la «compagnie séditieuse» des exclus.
La série Essais des Champion Classiques réunit des études fondamentales qui ont fait ou font date dans le domaine considéré. Elles sont issues du fonds des Éditions Honoré Champion, revues, corrigées, augmentées si nécessaire, ou publiées pour la première fois dans une collection de référence.
Extrait de l'introduction
LE MILITAIRE-PHILOSOPHE
I. La vie et les oeuvres
1. 1 «La philosophie que je suis»...
On ne comprend pas Vauvenargues si on ne le lit pas du point de vue de la sympathie qu'il appelle et de la révolte qui le porte. Parlons de lui «affirmativement» et, si possible, avec cette «chaleur» compatible avec la «justesse», comme il souhaitait que la vraie philosophie se fasse, indépendamment des écoles et de la mode. Singulièrement.
La singularité c'est une manière - toujours complexe, voire contradictoire et paradoxale - d'être affecté de la puissance, corrélative de sa grandeur qui est celle d'une «âme». L'âme vauvenarguienne c'est ce que les hommes «sont», ce qu'ils «peuvent» ou ce qu'ils font. Ainsi, chez certains, l'âme n'est que «vanité» ou «une privation de sentiment et de réflexion». D'autres n'ont d'âme que paresseuse et digestive, «entièrement ramassée dans [de] durs organes» ! L'âme, c'est donc le nom d'une pratique, une manière d'être, un style de vie.
L'âme de Vauvenargues est «philosophie». C'est-à-dire fière et résistante, «qualités qui supposent le plus de grandeur d'âme» et le plus grand «courage contre la fortune». Chez Vauvenargues, penser, vivre et sentir se disent d'une seule et même affirmation singulière qui est sa liberté même, celle du coeur et de l'esprit : «la philosophie que je suis, écrit-il à son ami Mirabeau, ne souffre rien que d'elle-même ; elle consiste proprement dans l'amour de l'indépendance...». Dans ces conditions, la philosophie, identique à l'être singulier qu'elle exprime et à l'amour de l'autonomie qu'elle affirme, est action, production d'être et de vies, «génération perpétuelle», inséparable du lien commun qui est le bien commun en tant que plaisir constitutif et unique bien réel. D'une part, «nous ne jouissons que des hommes, le reste n'est rien»" ; d'autre part, «qu'est-ce que cette production continuelle sinon le [seul] soutien [et l'unique] réparation de notre être, et le remède de la mort ?»...
La pratique vauvenarguienne de la philosophie s'inscrit comme «vrai courage» dans l'effort universel de la génération de la vie commune, comme jouissance et travail vivant de conciliation des singularités, contre les forces de domination, de séparation, de dépendances, d'exclusions et de mort ; forces contraires qui sont aussi celles des «faux philosophes» ou des «théologiens» de toutes espèces.
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Paperback. Etat : NEUF. Vauvenargues est un météore qui a traversé le ciel de la philosophie de façon quasi anonyme et dont la trace a été particulièrement trahie puis perdue. Ce livre reconstruit le sens d'une oeuvre de laquelle Nietzsche écrit qu'elle est celle d'un penseur aux idées véritables. Vauvenargues est, en effet, un philosophe dont les idées radicales ont été forcloses. Et la seule oeuvre publiée de son vivant, Introduction à la connaissance de l'esprit humain, ne pouvait être véritablement comprise que selon ses prémisses "spinozistes" qui avaient été dissimulées, par l'auteur lui-même, comme elles ont été, ensuite, refoulées et ignorées dans l'histoire de la réception. Vauvenargues développe, en son temps, contre son temps et pour un temps à-venir, une profonde réflexion philosophique sur l'affirmation de la puissance singulière - en butte à la raison mortifère des théologiens et des faux philosophes - et l'unité dynamique et inventive des passions et de la raison. Son oeuvre se présente comme le diagnostic d'une époque et aussi le creuset d'une pensée de l'avenir qui se démarque des grandes options philosophiques et politiques de la modernité. Ainsi, Vauvenargues traverse-t-il le machiavélisme français pour retrouver un fil plus authentiquement machiavélien, celui du prince "populaire et accessible" dont l'âme est capable de "se multiplier pour suffire à tout". Un fil politiquement révolutionnaire quand Vauvenargues développe l'idée d'une richesse constituante de la diversité des désirs, des vertus et des talents, qui ont déserté la Cour pour se réfugier dans la "compagnie séditieuse" des exclus. - Nombre de page(s) : 336 - Poids : 300g - Genre : Philosophie Textes / Critiques / Essais / Commentaires CLASSIQUES ESSAIS. N° de réf. du vendeur N9782745329660
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