Quand la science a dit c'est bizarre ! - Poche - Couverture souple

�tienne Klein; Gilles Dowek; Marc Lachi�ze-Rey; Herv� This; Georges Bram

9782746503335: Quand la science a dit c'est bizarre ! - Poche

Couverture souple

ISBN 10 : 2746503336 ISBN 13 : 9782746503335

Editeur : EVERGREEN, 2008

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Extrait :

Extrait de l'introduction d'Etienne Klein :

�M�diter en philosophe, c'est revenir du familier � l'�trange, et dans l'�trange affronter le r�el.�
Paul Val�ry.

Les apparences sont presque toujours trompeuses. Attardons-nous par exemple � regarder un... regard : n'est-il pas �vident que des rayons sortent des yeux et leur donnent leur �clat ? Pendant tr�s longtemps, disons depuis Euclide jusqu'� l'an mille, c'est en tout cas cette interpr�tation de la vision, port�e par l'�loquence spontan�e du naturel, qui s'est impos�e. On invoquait l'�mission de �rayons visuels� issus de l'oeil. Jusqu'� ce qu'au Xe si�cle apr�s J�sus-Christ, Alhazen, un savant arabe, �mette l'hypoth�se que c'est au contraire l'oeil qui est frapp� par des rayons provenant des objets per�us par lui. L'id�e sembla �trange. Quoi, de ces yeux d'enfants qui nous sourient, rien n'�mergerait ? De fait, le caract�re purement r�ceptif de l'organe de la vue a eu bien du mal � �tre accept�. Il n'est d'ailleurs toujours pas reconnu par le langage commun, si souvent en retard d'une guerre : nous continuons � dire d'une vue qu'elle est �per�ante� ou d'un regard qu'il �fusille�. Pourtant, c'est bien �dans l'autre sens� que les choses se passent : la seule fonction de l'oeil est d'�tre continuellement frapp� par des grains de lumi�re venant des objets alentour et qui sont ensuite transmis jusqu'� la r�tine.
Prenons un autre exemple, celui de la chute des corps. N'est-il pas �vident que les corps tombent d'autant plus rapidement qu'ils sont plus pesants ? C'est en tout cas ce que la plupart des savants ont pens�, � la suite du grand Aristote, pendant deux lancinants mill�naires. Mais cette loi est-elle vraiment la bonne ? Sous le masque lisse de la normalit�, ne dissimule-t-elle pas une terrible incoh�rence ? Imaginez que vous preniez deux boules, une grosse et une petite, plus l�g�re. Selon Aristote, la grosse boule tombera plus vite que la petite. Reliez maintenant les deux boules par une corde. L'ensemble qu'elles forment �tant plus lourd que la seule grosse boule, il tombera plus vite qu'elle. Mais on pourrait tout aussi bien d�duire de la loi d'Aristote que la petite boule freinera la chute de la grosse, de sorte que l'ensemble tombera moins vite que la grosse boule. Deux raisonnements tir�s de la m�me loi aboutissent � deux conclusions contradictoires ! Vous avez dit bizarre ?
On devine par l� que ce que la science reconna�t comme vrai est souvent en rupture avec la vraisemblance. Elle oppose r�guli�rement l'inou� � l'habituel, les concepts d�licats aux arch�types anciens, les hypoth�ses sid�rantes aux d�ductions confortables. Comme si elle prenait un malin plaisir � renverser, dans chacune de nos conceptions, ce qu'elle contient de banal ou de trop �vident. C'est d'ailleurs en d�construisant nos opinions, et pas seulement les plus na�ves, qu'elle s'est construite.
Au fil du temps, maintes id�es aussi �l�mentaires qu'incontestables se sont r�v�l�es n'�tre dans notre esprit que les s�diments de jugements trop rapides port�s sur les exp�riences de la vie courante. Or la science ne nous a pas �t� donn�e d'embl�e. Elle est un authentique arrachement � l'�vidence. Aucune de ses conqu�tes ne fut spontan�e. Elle exige une m�diation, lente et toujours incompl�te. Regarder les choses ne suffit pas pour les comprendre : contempler n'est pas saisir, regarder n'est pas voir, voir n'est pas savoir. L'imm�diatet� du monde est en r�alit� gorg�e de leurres et, finalement, d'opacit�.

Pr�sentation de l'�diteur :

Toute aventure humaine requiert ses conditions. Honor� de Balzac avait besoin, dit-on, de duchesses pour �crire. [...] La science, elle, a besoin de se frotter au bizarre pour continuer sa marche et s'arracher � ses routines. Sans paradoxes, elle deviendrait un cercle. Un cercle vicieux m�me, car rien ne viendrait perturber sa monotone trajectoire. C'est pourquoi, pour le scientifique, toute rencontre avec le bizarre prend des allures d'aubaine : elle l'oblige � penser plus haut, � regarder plus loin, � d�passer ses id�es re�ues, � oser des explications audacieuses, � inventer des concepts in�dits.
La distillation du bizarre serait-elle la tactique choisie par le r�el pour attirer notre attention et nous aiguiller vers certaines v�rit�s cach�es ?
Etienne Klein

Sous la direction d'Etienne Klein, physicien an CEA et docteur en philosophie des sciences, les auteurs de ce livre - Gabriel Chardin, Gilles Dowek, Marc Lachi�ze-Rey, Herv� This et Georges Bram - exposent un certain nombre de situations bizarres que la science a rencontr�es ou produites, tir�es de quatre disciplines : les math�matiques, la physique, la cosmologie et la chimie.

Les informations fournies dans la section � A propos du livre � peuvent faire r�f�rence � une autre �dition de ce titre.