Extrait :
Extrait de l'introduction :
Sylvie Royant-Parola et Claude Gronfier
Nous passons le tiers de notre vie à dormir, avec plus ou moins de succès. Un temps aussi long doit correspondre à des fonctions singulièrement importantes ! Ces dernières commencent tout juste à être connues. Malgré son importance, notre sommeil est malmené. Considéré comme une perte de temps dans une société où le rendement et l'action sont valorisés, le sommeil est pourtant le moment de la reconstruction et de la renaissance quotidienne, qui permettent à chacun d'être au mieux de sa forme et en pleine possession de ses moyens. Le mal moderne des pays industrialisés est le manque de sommeil. Il faut savoir qu'on dort en moyenne 1 h 30 de moins qu'au début du XXe siècle. Cette dette de sommeil n'est pas sans conséquences sur la santé : elle a un coût physiologique !
Depuis l'aube de l'humanité, le sommeil est considéré comme un état mystérieux, qui s'apparente à la mort, le dormeur étant immobile, apparemment inactif. Dans la mythologie grecque, la déesse de la Nuit, Nyx, est la mère de nombreuses divinités, dont Morphée, le dieu des Songes, et deux frères jumeaux : Hypnos, le dieu du Sommeil, et Thanatos, le dieu de la Mort. Pour les Grecs, les notions de mort et de sommeil étaient donc très proches.
Au XIXe siècle, cette parenté est encore très présente. En 1834, dans son ouvrage intitulé The Philosophy of Sleep, Robert Macnish, membre de la faculté des médecins et chirurgiens de Glasgow, écrivait : «Le sommeil est un état intermédiaire entre la veille et la mort ; la veille étant considérée comme l'état actif de tous les animaux et des fonctions intellectuelles, et la mort comme celui de leur suspension totale.» On en savait donc encore très peu sur le sommeil, son origine et ses fonctions.
Pour les débuts de l'étude quantitative du fonctionnement biologique du cerveau, il faut attendre la découverte de Richard Caton, un physiologiste écossais qui, en 1875, met en évidence des rythmes électriques dans le cerveau animal. Et c'est seulement en 1928 que, grâce au psychiatre allemand Hans Berger, la démonstration est faite de manière indiscutable : le sommeil n'est pas un état passif. Les enregistrements de l'activité électrique cérébrale montrent très clairement des différences de rythmes électriques entre l'état éveillé et l'état de sommeil. Ce dernier est considéré comme un état actif. L'étude de l'activité électrique cérébrale au cours du sommeil ne fait alors que commencer.
Les années suivantes ont été riches d'enseignement. Dans un de ses célèbres ouvrages sur le sommeil, intitulé Sleep, le chercheur J. Allan Hobson écrit, en 1989 : «On a plus appris sur le sommeil dans les soixante dernières années qu'au cours des 6 000 précédentes.» En 1959, à Lyon, en observant des chats dont l'activité électrique cérébrale est proche de celle de la veille alors que, paradoxalement, l'animal est complètement endormi et relâché, Michel Jouvet découvre un stade particulier du sommeil qu'il appelle «sommeil paradoxal». En même temps ou presque, les Américains Nathaniel Kleitman, Eugène Aserinsky et William Dément décrivent le REM sleep, un sommeil présentant des mouvements oculaires rapides (Rapid Eye Movements) et mettent en évidence son rythme au cours de la nuit. Cette découverte fait l'objet d'une controverse importante qui aboutit à un nouveau concept : l'activité du cerveau au cours de la journée ne se résume pas à un état binaire (veille, sommeil), mais passe en réalité par trois états de «vigilance» : la veille, le sommeil à ondes lentes et le sommeil paradoxal.
Présentation de l'éditeur :
Les chercheurs d'aujourd'hui nous livrent, simplement, clairement, l'état de leur savoir
Le collège de la cité
Que se passe-t-il quand nous dormons ?
Quand nous rêvons ? Que savons-nous du sommeil, de ses cycles, de ses troubles ?
La structure, la durée du sommeil dans la journée ne sont pas les mêmes chez tous les animaux ni chez tous les hommes; sa place est régie par l'horloge biologique : dormir est une histoire de rythmes.
Le sommeil est indispensable à la vie, primordial pour être en forme, garder le moral ou maintenir un bon équilibre métabolique. Des pathologies le caractérisent pourtant : insomnies, apnées du sommeil, agitations, cauchemars, somnambulisme concernent plus de 10 % des dormeurs.
Fort heureusement, la médecine du sommeil progresse et des solutions existent.
Sous la direction de :
Sylvie Royant-Parola, psychiatre et neurobiologiste, est la présidente du Réseau Morphée.
Claude Gronfier, chronobiologiste, est chercheur au département de chronobiologie de l'Inserm à Lyon.
Joëlle Adrien, neurobiologiste, est directrice de recherche à l'Inserm Pitié-Salpêtrière à Paris.
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