Extrait :
Avant-propos de Jean-Louis Brahem
Si ce livre avait une surface, la moitié serait occupée par des dessins, l'autre par du texte. Cette équité est significative du langage de la géométrie. La géométrie est une science qui ne peut se passer ni du texte ni de l'image. Ici, texte et image installent des contextes et formulent des défis géométriques. Quatre acteurs prennent tour à tour la parole et le crayon depuis la Babylone antique jusqu'à la Renaissance française : un arpenteur, un jardinier, un maçon et excusez du peu, Léonard de Vinci. Ces pratiquants de la géométrie ne sont pas seuls, des seconds rôles les aident, les contredisent ou ne les comprennent pas. Les paysages, le temps qu'il fait, la matière des décors et des accessoires ne peuvent être négligés, car la géométrie est vivante et, pour faire partager le plaisir d'entreprendre comme la joie de réussir que vivent nos acteurs-traceurs, on ne peut faire l'économie d'un environnement riche et stimulant. Ce milieu fertile engendre des histoires et des problèmes réels, et influe sur leurs résolutions parfois pittoresques, mises en images et racontées. Elles finiront bien, dans la froide lumière des preuves.
Les images restituent le réel, elles lui ressemblent, mais on sait qu'elles ont aussi tendance à s'échapper de leur sens initial : elles évoquent, suggèrent, distraient. Je les laisse faire.
De même, le texte entendu est aussi sous-entendu. La réalité vacille, la fiction l'emporte, là aussi, je laisse faire, mais en aucun cas la raison n'est altérée par ces dérapages buissonniers.
Cet ouvrage est une fiction raisonnable. Rien ne peut prouver qu'il est pure invention mais rien, non plus, ne démontre le contraire. Il est pourtant possible que des affabulations et quelques fantaisies géométriques surprennent les lecteurs avertis et que les plus malveillants me soupçonnent de raconter des histoires. Ils ne croient pas si bien dire.
«Ilfaut aux vérités de la science de belles histoires pour que les hommes s'y attachent» (Denis Guedj).
Présentation de l'éditeur :
Des jardins de Babylone au château d Amboise, de Nabuchodonosor à François Ier, cette fiction met en scène des pratiques vivantes de la géométrie.
L arpenteur babylonien, épris de justice foncière, mesure les précieuses parcelles agricoles de la ville. Avant de raconter ses travaux exemplaires et ses brillantes opérations géométriques, il nous ouvre sa « boîte à outils », son savoir et les pratiques de son métier.
Le jardinier d Ératosthène donne de la grâce à la cour et au jardin de son maître, lieux de nature et de géométrie, sujets d étonnement amusé pour ses prestigieux invités... et de plaisir pour sa famille.
Le maçon picard voyage avec Villard de Honnecourt dans la France gothique: l architecture y est téméraire voire imprudente, elle défie la pesanteur et les ordres anciens...
Enfin, Léonard de Vinci certainement le moins humble de ces personnages nous explique comment tromper l il, quels sont les moyens graphiques pour simuler la profondeur et la lumière, comment restituer le brouillard et l eau, l altitude, la proximité, l infini...
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