La v�rit� sur Jacqueline Picasso - Couverture souple

Dupont, Pepita

9782749107370: La v�rit� sur Jacqueline Picasso

Couverture souple

ISBN 10 : 2749107377 ISBN 13 : 9782749107370

Editeur : Cherche Midi, 2007

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Extrait :

MA PREMI�RE RENCONTRE :
�JE VOUS ATTENDS ET VOUS �TES D�J� EN RETARD !�

Les tableaux d�cident et parfois dessinent le chemin qui m�ne � une rencontre.
Enfant, le premier pastel que je d�couvre dans un livre d'art est sign� Picasso : Famille d'acrobates avec un singe (1905). J'apprendrai bien plus tard que Rainer Maria Rilke avait �t� lui aussi fascin� par une oeuvre de la m�me �poque, Famille de saltimbanques, vue en 1915 � la galerie Thannhauser de Munich. Il avait d�crit sa rencontre � son amie, la richissime collectionneuse et po�tesse Hertha Koenig, avec ces mots : �J'ai re�u un coup au coeur... Il vous faut l'acheter.� Le tableau � peine livr� chez elle, Rilke insiste pour loger tout un �t� dans son appartement munichois et devient �le gardien amoureux� du Picasso. Cette toile, accroch�e dans son salon bourgeois, au milieu d'autres chefs-d'oeuvre, et dont il ne peut d�tacher son regard, lui inspirera le d�but de la cinqui�me El�gie de Duino.
� l'�cole, quelques jours apr�s la mort de mon p�re, le 6 mai 1965, j'ai alors douze ans, M. Horvath, notre professeur de dessin, un Hongrois, nous demande de recopier La Femme qui pleure, ce portrait de Dora Maar peint en 1937, qui exprime la trag�die de l'Espagne ravag�e par la guerre civile. Tous mes petits copains de classe rient devant cette toile aux couleurs criardes, mais moi, quand je regarde cette femme aux yeux exorbit�s, aux cils semblables � des aiguilles d'oursins, les dents serr�es sur un mouchoir d�chiquet�, je communie au plus profond de ma douleur avec le mod�le.
Ma m�re m'a baptis�e Pepita par amiti� pour ma marraine, Marguerite Leprat, qui, de 1936 � 1939, avait recueilli une petite Pepita, orpheline espagnole �g�e de cinq ans, amen�e � Gen�ve par la Croix-Rouge avec d'autres enfants espagnols. Apr�s la guerre d'Espagne, Franco s'est oppos� � ce que les familles d'accueil les adoptent. Et Pepita est repartie en Espagne. Ma marraine, d�sesp�r�e, n'a plus jamais eu aucune nouvelle d'elle.
En 1970, je quitte Gen�ve, ma ville natale, pour suivre les cours d'une �cole de journalisme face � l'�glise de Saint-Germain-des-Pr�s. C'est � Paris que je vois enfin pour de vrai un tableau de Picasso. Son Autoportrait bleu (1901), expos� au mus�e d'Art moderne de la Ville de Paris, ainsi que les gravures de la Suite Vollard.
J'habite une petite chambre sous les toits de l'h�tel des Deux-Continents, rue Jacob, et je passe mon temps libre � fl�ner dans les galeries du quartier. C'est l� que je rencontre, en f�vrier 1972, lors de son vernissage, le peintre surr�aliste Jacques H�rold, � la Galerie de Seine. Nous sympathisons et, tous les jeudis, H�rold m'invite � prendre le th� dans son atelier de la porte d'Italie. Il me montre ses tableaux, ceux de ses amis, me fait lire les livres de Julien Gracq. H�rold est un conteur merveilleux. Il passe des heures � parler de Max Ernst, Victor Brauner, Nicolas de Sta�l, Man Ray, Yves Tanguy, Andr� Breton, et aussi de Pablo Picasso. H�rold n'a jamais oubli� qu'il �tait pr�sent � ses c�t�s � l'enterrement de leur ami Soutine le 11 ao�t 1943, au cimeti�re du Montparnasse. Ils n'�taient que cinq : Jean Cocteau, Max Jacob, Pablo Picasso, Oscar Dominguez, et Paul Stephano, un ami interpr�te. En pleine Occupation, enterrer un juif pouvait conduire � la d�portation. Madeleine Castaing, la �m�c�ne� de Soutine, s'est totalement d�sint�ress�e de la fin de son �ex-prot�g� avec lequel elle �tait brouill�e. Pourtant, elle a gard� ses toiles pour les vendre. Pablo Picasso a r�gl� les obs�ques et achet� le caveau de Soutine. Sans son intervention, le peintre aurait �t� jet� dans la fosse commune. Plus tard, Pablo donnera aussi � H�rold l'argent pour aider une compagne de l'artiste, Gerda Groth, rescap�e des camps de la mort. Selon ses voeux, Jacques H�rold, disparu le 11 janvier 1987, repose � Montparnasse aupr�s de son ami Cha�m Soutine.
La propri�taire de la Galerie de Seine Thessa H�rold (aucun lien de parent� avec le peintre, qui, �tant juif, avait pris ce nom d'emprunt pendant la guerre), voyant que j'aime la peinture, me demande d'aider sa fille Isabelle � la galerie, le samedi, car il ne lui pla�t pas qu'elle y reste seule. La jeune �tudiante que je suis est enchant�e. Non seulement cela me fait un peu d'argent de poche, mais je peux surtout voir quantit� de tableaux et les toucher. Je me souviens en avoir m�me douch� un dans la baignoire de la galerie, avec Isabelle, pour le d�poussi�rer, avec brosse et savon de Marseille ! C'�tait un Masson. Thessa H�rold ne l'a jamais su. Un autre jour, le coeur battant de crainte de le l�cher, j'avais transport� bien serr� sous mon bras un autre Masson, Visages dans la nuit des fleurs, � la galerie Lucie Weill, rue Bonaparte.
Avec Isabelle, nous nous amusions beaucoup et, pour �tre tout � fait sinc�re, � vingt ans, je ne pr�tais pas trop attention � Henri Michaux, Raoul Ubac, C�sar Domela, Camille Bryen, Julien Gracq, Hans Bellmer, F�lix Labisse, Andr� Masson, Zao Wou-ki, Max Ernst, les habitu�s de la galerie, que je croisais au gr� de leurs visites.
L'ann�e de la mort de Pablo Picasso, en 1973, je rentre jeune stagiaire journaliste pour quinze jours � Paris Match, au 51 de la rue Pierre-Charron, � deux pas des Champs-Elys�es. Au bout d'une semaine, je rapporte au journal un scoop sur le trafic d'animaux sauvages en France. Je suis engag�e par Jean Prouvost, le patron de l'�poque.

Pr�sentation de l'�diteur :

" On ne fait pas d'ombre � un soleil ", aimait � dire Jacqueline Picasso en parlant de son mari, Pablo. Pepita Dupont, qui fut l'amie de Jacqueline apr�s la mort du peintre, a voulu remettre en lumi�re la destin�e de cette femme qui a partag� les vingt derni�res ann�es de la vie du plus grand g�nie du XXe si�cle. Et aussi d�fendre sa m�moire, ainsi que celle de Picasso, car rien ne leur aura �t� �pargn�. Dire la v�rit�, enfin, toute la v�rit� !
L'auteur raconte sa premi�re rencontre avec la femme du peintre et l�ve le voile sur l'intimit� d'une fabuleuse histoire d'amour dans le secret de l'atelier. On assiste au tournage du Myst�re Picasso de Clouzot, au mariage cach� de Jacqueline et Pablo, jamais racont�, � la vie du couple au ch�teau de Vauvenargues et � Notre-Dame-de-Vie. Apr�s la mort de Picasso le 8 avril 1973, Jacqueline doit affronter le cauchemar d'une succession qui va durer sept ans. L'auteur d�crit aussi la g�n�rosit� de la muse de l'artiste – sans Jacqueline il n'y aurait jamais eu de mus�e Picasso � Paris – sans oublier la pol�mique entre Paris et Madrid suscit�e par son don de 61 tableaux � l'Espagne, peu avant son suicide. Jacqueline a mis fin � ses jours le 15 octobre 1986 en se tirant une balle dans la t�te ; l'auteur �voque le non-respect de ses derni�res volont�s dans des pages qui ne laissent pas d'intriguer.
On comprendra facilement que ce document tr�s riche en informations in�dites – et qui se lit comme un roman – est un v�ritable br�lot.

Les informations fournies dans la section � A propos du livre � peuvent faire r�f�rence � une autre �dition de ce titre.