Présentation de l'éditeur :
La pensée psychanalytique de Bion est difficile, originale, novatrice ; toutefois, elle plonge ses racines dans les fondements les plus authentiques de l'oeuvre freudienne. A la manière d'une encyclopédie ou d'une bibliographie commentée, cet ouvrage donne accès à la complexité de la pensée de Bion sans la banaliser ni la simplifier : les auteurs qui ont eu l'occasion de travailler avec lui lors des fameux séminaires qu'il a conduits en Italie en 1977, présentent, étudient, analysent les différents concepts, les mettent en lien et les explicitent dans leur dimension clinique et théorique.
Compagnons de voyage passionnés, lecteurs fidèles de l'oeuvre de Bion, ils montrent que l'intérêt de Bion pour la pensée, entendue au sens large comme empreinte d'émotion, une pensée imaginative, spéculative et théorique, constitue un de ses pôles d'inspiration les plus constants qui a généré de nombreuses avancées cliniques et intellectuelles.
Claudio Neri est psychanalyste, membre de l'IPA, membre de la Société psychanalytique italienne (SPI), membre du London Institute of Group-Analysis ; professeur titulaire à l'université La Sapienza de Rome ; professeur associé aux universités Lumière Lyon 2 et Paris 5 : directeur de la revue Funzione Gamma consacrée à la psychothérapie de groupe, et de la collection Prospettive della ricerca psicoanalitica (Perspectives de la recherche psychanalytique) aux éditions Borla.
Antonello Correale est psychiatre, psychanalyste, membre de la Société psyehanalytique italienne (SPI) et de l'IPA. Il est médecin chef au Département de Santé mentale de l'ASL (unité sanitaire locale) Rome B.
Paola Fadda est psychologue clinicienne, psychothérapeute de formation psychanalytique et philosophique.
Extrait :
Les descriptions pertinentes que Mélanie Klein a faites de certains mécanismes mentaux (clivage, introjection, identification projective) sont construites comme certains Dialogues de Platon : elles mettent en scène des personnages (l'enfant, la mère, le sein, le mamelon, la bouche) qui sont à la fois des personnages réels et des figures «mythologiques». Certaines figures représentent - par le biais d'une série de «récits» - une théorie de la relation entre mère et enfant, de l'évolution de l'enfant et de sa capacité à créer des symboles ; cette théorie va être utilisée dans la pratique clinique même quand il ne s'agira plus d'enfant (l'enfant est une figure descriptive) mais d'adulte.
La proposition méthodologique de Bion prévoit de désarrimer la psychanalyse de ce niveau descriptif et de substituer aux «figures mythologiques» des modèles. Bion se donne pour objectif de rendre la théorie psychanalytique d'un côté plus conforme aux exigences d'une méthodologie scientifique rigoureuse et, d'un autre côté, généralisable à des situations cliniques différentes. On trouve un exemple de ce second aspect dans le passage de la relation bouche-sein à la relation entre contenant et contenu, qui permet de décrire également la relation entre un groupe et son «mystique».
Un second but que Bion se propose à travers la construction de modèles est celui d'une plus grande économie : éviter une prolifération de constructions théoriques pour décrire des réalisations qui, sous une apparente diversité, présentent une configuration semblable (cf. W. R. Bion, 1962b). Il utilise à ce propos une métaphore : en psychanalyse aussi, il est nécessaire de passer d'un système d'«écriture idéographique» (dans lequel à chaque concept correspond un idéogramme spécifique - ce qui fait que, à mesure que le champ de connaissances s'étend, le nombre d'idéogrammes ne peut lui aussi que s'accroître) à une «écriture alphabétique» (au moyen de laquelle, avec un nombre restreint de combinaisons de lettres, il est possible d'écrire les mots d'une langue donnée) (cf. W. R. Bion, 1963).
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