Extrait :
Extrait de la préface de Jean-Richard Freymann :
Nouer la clinique, quel titre évocateur et pourtant quelle provocation dans le climat anti-psychanalytique que nous connaissons aujourd'hui ! En effet, la clinique part dans tous les sens et chaque spécialité de la spécialité tente d'arracher le plus gros morceau. Le noeud est coulant, au sens où il s'agit de prendre l'autre comme un gibet au nom d'une vérité univoque, monomane et sans discernement pour l'autre.
Heureusement que le sous-titre, Le noeud de l'inconscient, relâche un peu le noeud de cravate dont on s'était doté, en affinant l'aliénation, mais en restreignant aussi l'approche. Et il fallait le sous-titre puisque toutes les techniques parallèles ou perpendiculaires affichent une clinique, mais de quel tigre en papier s'agit-il ?
On peut se lancer dans un parcours étymologique classique et rappeler que kline vient du lit, de l'alité. Nous pourrions rajouter aujourd'hui que la clinique psychanalytique est ce qui est issu du divan. Combien de mots, d'images, de fantasmes, de larmes sont issus de ce meuble bien bourgeois qui est devenu dans l'imagerie d Epinal, le symbole de la cure analytique. Et l'on pourra tenter d'extirper la psychanalyse et ses avatars et il sera impossible d'ôter sa portée à ce symbolisme. Il faut reconnaître que, dans les bandes dessinées, le portrait de l'analyste appert bien figé et d'une constipation d'apparence.
La neutralité bienveillante a pris la figure d'un portrait guindé, peu encourageant. Nous avons eu, Pierre Jamet et moi-même, un maître qui a délogé ce portrait robot : Lucien Israël était imprévisible, tour à tour noceur, rigoureux, joueur et corrosif. Pierre en est un des plus beaux fleurons. Malgré son handicap, il sait partager sa joie, ses fêtes et son sérieux. Preuve en est cet ouvrage remis plusieurs fois sur le métier et qui, dans sa diversité, est un excellent reflet de l'auteur : un oral, forcé par votre serviteur à jouer les scribes. Et j'y tenais, comme une leçon pour les jeunes générations et les plus vieilles aussi : le réel n'est pas une excuse pour suspendre son désir. Et je crois entendre encore Lucien Israël me dire en pleine analyse de contrôle : «Qu 'est-ce que la castration symbolique à côté de la castration réelle ?». Le temps est passé et Pierre Jamet est là à «nouer la clinique». Continuer à vivre est la première performance d'une clinique du réel.
Alors voici, venant des tréfonds du corps, la clinique psychanalytique, celle qui utilise le transfert comme moyen et non pas comme but, celle où les mots glissent pour en rendre compte. Quel pari !
Présentation de l'éditeur :
Le noeud de l'inconscient
Nouer la clinique
«Ce livre constitue une promenade personnelle de quelques années à travers le champ de la clinique, de ce qui a été écrit pour des cours, des formations, des articles, donc dans un but d'enseignement, de transmission, mais concernant toujours le sujet de l'inconscient et ses avatars cliniques. Une des difficultés du métier d'analyste est de pouvoir faire le joint, de créer un lien, de nouer la théorie et la pratique. La théorie, surtout celle de Lacan, paraît formelle, presque une logique symbolique, avec ses algorithmes, mais elle est lumineuse pour éclairer la clinique, dès qu'une identification entre le mot et la chose peut se faire, dès qu'il y a lien, voire fusion, entre les deux (théorie et clinique). Cette lumière vient de l'ouverture de notre propre inconscient grâce aux projecteurs violents de Freud, dans un souci de clarté, et à Lacan qui balaie l'espace par ses équivoques et ses flous.» P. J.
Pierre Jamet est psychanalyste, psychiatre à Colmar, président à la FEDEPSY de L'Ecole psychanalytique de Strasbourg.
Les informations fournies dans la section « A propos du livre » peuvent faire référence à une autre édition de ce titre.